[Critique] Nos Pires Voisins réalisé par Nicholas Stoller

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"À première vue, les jeunes parents que sont Mac et Kelly Radner vivent le parfait rêve américain,avec leur adorable petite Stella et une maison fraîchement (et difficilement) acquise dans un charmant quartier résidentiel. Ce qui n’empêche pas les jeunes trentenaires de se considérer toujours aussi hype et cool. Pourtant, cette nouvelle étape, dans la vie de ces fêtards pas tout à fait repentis, va s’avérer délicate à gérer et les obliger à négocier leur entrée dans un âge adulte pleinement assumé. Quand ils découvrent que leurs nouveaux voisins ne sont autres que les membres fervents et débridés d’une confrérie étudiante, menés par le charismatique Teddy, ils essaient d’abord de s’assurer leur sympathie et leur respect, en tirant le meilleur de cette situation quelque peu inconfortable. Mais la fiesta et les frasques incessantes des étudiants poussent le couple à se montrer plus virulent pour protéger leur territoire et leur tranquillité, et ce qui n’était que des enfantillages dégénère rapidement en un conflit épique de générations."

Né 9 ans après un certain Judd Apatow, Nicholas Stoller est un réalisateur qui a plus d’un point commun avec le maitre de la comédie américaine. En moins de 4 réalisations, Judd Apatow s’est fait un nom au sein du cinéma humoristique américain et même plus que ça, il est devenu le maitre de la comédie pour beaucoup grâce à ses nombreuses productions. De Will Ferrell à Steve Carrell en passant par Seth Rogen, beaucoup doivent une partie de leurs belles carrières cinématographiques à cet homme. Plus âgé, plus raisonné et peut-être plus réfléchi dans la façon dont il souhaite aborder certains thèmes dans ces films, Judd Apatow trouve un malin plaisir à vouloir transposer des personnages réalistes à l’écran, tout en leur faisant vivre des situations humoristiques plus ou moins exagérées. 40 ans toujours puceau, En cloque, mode d’emploi, 40 ans mode d’emplois, tous ces films font rire parce qu’ils arrivent à faire réfléchir le spectateur au travers de personnages qui peuvent lui ressemblé, mais la première volonté de ces films est de faire rire, tout en apportant à cela de l’émotion. C’est un humour subtil, qui ne cherche pas le graveleux et ne cherche pas à descendre en dessous de la ceinture pour forcer le rire.

Chez Nicholas Stoller, on retrouve la volonté de faire transparaître une certaine réalité au travers des protagonistes, mais on lui trouve surtout une fougue peu présente chez un Judd Apatow paternel. Nicholas Stoller est jeune, fougueux et donne à ses personnages un aspect adolescent qui ne souhaite pas vieillir. C’était notamment le cas dans American Trip et 5 ans de Réflexion, mais avec Nos Pires Voisins, le réalisateur britannique a décidé de vider son trop plein d’énergie au travers de son couple principal dans le but de se rapprocher des morales propres au cinéma de Judd Apatow, sans pour autant les égaler. Centré sur un couple (auquel on pourrait voir quelques rapprochements avec le couple principal de 5 ans de Réflexion) qui souhaite avant tout vivre une vie de famille charmante et reposée, Nos Pires Voisins va mettre en avant la folie qui peut exister au sein de ces jeunes parents qui souhaitent montrer qu’ils ne sont pas trop vieux pour ces conneries. Vivre à côté d’une fraternité c’est difficile, mais faire la fête avec les jeunes de cette même fraternité, c’est autre chose. Malgré une idée de départ intéressante qui est d’inverser les rôles afin de rendre les jeunes plus fades face aux anciens qui font la fête comme jamais avant de retourner le miroir pour opposer les générations, Nos Pires Voisins sombre dans un second temps dans un trop-plein de facilitées, qui est de faire un simple "party movie" à l’américaine comme on en voit trop ces derniers temps.

Réalisées comme des clips MTV, les quelques soirées qui vont se dérouler durant le long-métrage n’auront que peu d’intérêts, mis à part quelques légers plans rapprochés sur Rose Byrne et Seth Rogen qui s’en donnent à cœur joie, ainsi qu’une danse laborieuse, mais savoureuse signée Seth Rogen. Écrite comme une partie de tennis de table où les voisins se renvoient la balle jusqu’au moment où ils vont atteindre le point de chute, cette seconde partie du film s’avère moins inspirée et moins convaincante dans son écriture, comme dans sa mise en scène qui jusque-là, jouait habilement avec les acteurs. Film bac à sable pour Rose Byrne, Seth Rogen, Zac Efron et Dave Franco, ces derniers s’amusent à jouer avec leurs images respectives et veulent montrer autre chose d’eux. Zac Efron le premier, n’a qu’un but : casser son image d’idole Disney et il ne fait à merveille. Il s’amuse, joue avec son image et en profite pour amuser le spectateur. Il en est de même pour Dave Franco qui gagne ici en charisme, tout en restant malgré tout dans l’ombre de son frère auquel il ressemble énormément. La mise en scène, tout comme la réalisation de Nicholas Stoller suivent les acteurs et exacerbent leurs mimiques faciales ou autres jeux de scène. Les acteurs font le film et le montage, accompagné de la bande sonore, vient dynamiser le tout.

Après une première partie dynamique, drôle et qui joue habilement avec le thème des responsabilités paternelles, ainsi que celui de la crise de la quarantaine, comme aurait pu le faire un Judd Apatow plus fougueux, la seconde partie déçois, car s’envenime dans un registre comique plus teenager au dépens des thèmes abordés en amont. Les scènes s’enchaînent, les blagues perdent en subtilités et le tout manque de plus en plus en cohérence face aux thèmes principaux et les scènes humoristiques finissent trop souvent en dessous de la ceinture. Néanmoins, dans le registre comédie transgressive incarnée par des acteurs en grande forme qui savent porter une comédie grâce à leurs jeux de scène, Nos Pires Voisins conserve un statut de divertissement efficace. Nicholas Stoller a du potentiel, il reste le Padawan de Judd Apatow, mais il n’est pas encore prêt de devenir Maître Jedi.

3/5

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