L’événement Marvel Infinity vient de se terminer en kiosques chez Panini Comics. L’occasion de revenir sur les débuts de Jonathan Hickman sur les titres Avengers et son ambition cosmique pour le titre qui nous a offert le meilleur crossover de l’éditeur depuis Civil War.
Avec le jeu de chaise musicales instauré par Marvel Now, l’architecte des Avengers depuis plus de dix ans, Brian Bendis, est parti rejoindre la famille mutante. Il était temps puisqu’il commençait déjà depuis un moment à tourner en rond. C’est donc maintenant au tour de Jonathan Hickman de de s’occuper de l’équipe phare des super-héros Marvel après avoir fait bouger les Fantastic Four. L’auteur reprend donc les deux séries, à savoir Avengers et New Avengers.
Dans la première, il fait tout de suite évoluer le concept de l’équipe en l’élargissant et en recrutant de grosses pointures, particulièrement puissantes (à l’instar d’un nouveau Hyperion ou de Smasher). Il faut dire qu’il invente tout de suite une nouvelle menace remontant à la création du monde, il faudrait donc des héros particulièrement puissants pour y faire face. Ici, il laisse complètement tomber le côté soap de la série et il y aura assez peu d’échanges intimistes entre les personnages. C’est sans doute le gros défaut qu’on pourra lui trouver, ne pas s’intéresser assez à chacun d’entre eux, privilégiant toujours son concept et l’ampleur de son intrigue.
Car l’auteur ne manque clairement pas d’ambition et donne une portée cosmique aux Avengers que l’on n’attendait pas mais qui leur permet de retrouver leur surnom de plus grands héros de la Terre. Appuyé par l’ambiance sombre imposée aux dessins par Jerome Opena, Hickman nous emporte dans un récit épique sur la création de la vie et des super-héros gardiens de la Terre qui gagne à être lu d’une traite.
Sa seconde série met en scène les Illuminatis de l’univers Marvel (Tony Stark, Reed Richards, Black Panther, Beast, Namor, Flèche Noir, Dr Strange et Captain America) qui doivent faire face à l’incursion de mondes parallèles de l’univers Marvel et le menaçant donc d’extinction. Comme dans sa série sœur, il est donc question de menace cosmique dont l’échelle nous dépasse complètement et que les Avengers vont devoir mettre du temps à comprendre. Cette série fonctionne un peu moins bien mais la rivalité entre Namor et Black Panther après Avengers vs X-Men et les étranges machinations de Flèche Noire sont tout de même intéressantes à suivre.
Les deux séries culminent maintenant dans l’événement Marvel intitulé Infinity dans lequel une partie des Avengers accompagnés de leurs nouveaux alliés Ex-Nihilo ou encore StarBrand (concept recyclé du New Universe de la fin des années 80 qu’avait tenté de recycler Warren Ellis) partent dans l’espace mener bataille contre les Bâtisseurs (de nouveaux ennemis, créateurs de mondes qui ont décider d’effacer leurs créations) aux côtés de tous les grands peuples de l’univers connu (des Shi’ar aux Kree en passant par les Skrull et Spartax). Les Avengers restants sur Terre doivent quand à eux faire face à Thanos et ses généraux qui profitent de l’absence de protection sur Terre pour la conquérir.
L’intrigue est donc particulièrement dense et multiplie les enjeux, donnant un véritable souffle à l’événement et aux deux séries qui y sont intimement rattachées. Le scénariste affiche son ambition et fait des Avengers une véritable puissance sur laquelle compter et ramène alors la Tere au centre de l’univers Marvel en donnant une portée cosmique aux Avengers que l’on n’avait pas vu depuis longtemps, le tout avec un sens de la stratégie de guerre et du sacrifice bien vu. Pour autant, Hickman n’adopte pas le schéma traditionnel des événements qui étaient supervisés par Bendis avec ses morts obligatoires mais cela ne l’empêche pas de montrer l’étendue et la difficulté de la bataille, le désespoir et les efforts de ses héros à bout de souffle. Et si l’intrigue concernant Thanos parait un peu plus convenue, elle permet de faire bouger les choses pour l’univers Marvel et les Inhumains.
Une telle ambition et de telles thématiques évoquées ne sont d’ailleurs pas surprenantes lorsque l’on connait les travaux indés de l’auteur comme Pax Romana ou Projets Manhattan. Ici Hickman continue dans cette lancée, s’interrogeant sur les origines destructrices de l’homme, son avenir et la bataille à mener pour y arriver, s’intéressant beaucoup sur la notion de puissance et de croyance également. Et apparemment, nous ne venons d’en explorer seulement une facette puisque l’auteur nous promet déjà de nouvelles menaces encore plus sombres et puissantes qui devraient mettre nos héros en encore plus grande difficulté qu’ils ne l’étaient déjà. On ne va pas décrocher en si bon chemin !