Avec la sortie de son nouveau film, Le Rôle de ma Vie, c’est l’occasion de revenir sur le premier film de Zach Braff sorti il y a déjà 10 ans et devenu le portrait culte d’une génération sous anti-dépresseurs : Garden State.
Au début des années 2000, Zach Braff commence à se faire connaitre grâce au succès de la série Scrubs due, en grande parie, à sa personnalité drôle et en même temps mélancolique. L’acteur va alors en profiter pour réaliser son premier long-métrage de manière indépendante. Un premier film dans lequel il va beaucoup se livrer en jouant également le personnage principal, acteur raté et serveur de retour dans sa bourgade natale du New Jersey pour les funérailles de sa mère. Il va alors devoir renouer avec son père avec qui il a toujours entretenu une relation difficile, retrouver d’anciens camarades qui n’ont pas vraiment grandit ou fait des choix de carrière bien intéressant, et surtout rencontrer une jeune fille qui semble avoir les mêmes soucis émotionnels que lui.
Beaucoup d’éléments auto-biographiques se retrouvent dans le film qui font écho aux soucis d’une génération de jeunes de la vingtaine qui peinent à trouver un sens à leur vie, se remettant souvent en question quand à leur carrière ou leurs relations. Ici, il montre un jeune homme qui a finalement les mêmes soucis que tout le monde. En soi, cette histoire n’a pas grand chose original puisqu’il s’agit d’une traditionnelle histoire de retour aux sources pour un nouveau départ (Rencontres à Elizabethtown de Cameron Crowe jouera sur ce même registre l’année suivante). Cependant, Zach Braff y glisse tellement de sincérité, qu’il ne peut être que touchant et résonner dans l’esprit des spectateurs.
Pour un premier film, le réalisateur arrive également à trouver un casting impeccable qui fera vivre chacun des personnages secondaires légèrement excentriques loin des clichés. Ainsi Natalie Portman (qui cherchait alors à s’échapper un instant de Star Wars), Ian Holm et Peter Sarsgaard sont tour à tour remplis d’un spleen mélancolique et de regards touchants sur leur vie peu palpitante du New Jersey, des rêveurs qui se refusent à vivre leurs rêves en restant coincé dans leur ville natale, n’arrivant pas à sortir du cocon. Oui, il s’agit d’une petite séance chez le psy pour le réalisateur qui devient finalement le portrait d’une génération qui n’a finalement rien d’exceptionnel et doit apprendre à vivre ainsi.
On remarquera également que Zach Braff opte tout de suite pour un style très mélancolique avec une réalisation précise qui fourmille de détails et qui travaille la composition des plans pour obtenir des effets tristement comiques ou qui permettent de mieux cadrer les personnages et les instant qu’ils vivent, comme si ils étaient uniques. Son film bénéficie donc d’un grand soin dans ses images, autant qu’avec la bande-originale qu’il utilise. Ici, les titres de Coldplay, Simon & Garfunkel, the Shins, … servent à suspendre certains moments et nous laisser dans cette atmosphère névrosée et tendre pendant tout le film en faisant aisément passer une love story plus conventionnelle.
Le résultat est très apprécié et même grandement salué pour un premier film parfaitement maîtrisé. Le succès public sera également présent puisqu’en ayant coûté seulement 2,5 millions de dollars, il en rapportera plus de 35 millions, bénéficiant d’un excellent bouche à oreille et d’une belle reconnaissance dans les festivals de films américains indépendants, offrant alors rapidement et de manière bienveillante à Garden State le statut de film culte et à son réalisateur-acteur Zach Braff une véritable base d’inconditionnels qui le soutiendront encore aujourd’hui pour son nouveau film.