Lucy, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Luc Besson est de retour à la SF et va tenter d’étendre notre esprit. Ultra prétentieux, bavard, lourd et particulièrement bête, rien ne pourra sauver Lucy.

Après son weekend raté en Normandie avec Robert DeNiro et Michelle Pfeiffer, Luc Besson revient déjà avec ce qui s’annonce comme le plus gros budget d’Europacorp (il faudra d’ailleurs nous expliquer où il est passé), un film de SF avec la star Scarlett Johansson que le réalisateur imagine particulièrement intelligent et posant des tas de questions sur l’humanité et le sens de la vie (apparemment, produire the Tree of Life de Terrence Malick et des docus comme Home lui a donné quelques nouvelles velléités en même temps qu’un bon lot de stock shots à intégrer dans son film). Mais n’allons pas trop vite car le film débute pendant 30 minutes avec une traditionnelle histoire de mafia à la Besson que l’on pourrait croire tout droit sortie du Transporteur. Scarlett avec une mallette qui doit faire face à une bande de mafieux taïwanais. Elle devient alors une mule pour ramener de la drogue au pays mais le sachet implanté dans son estomac se déchire et la drogue se répand dans son corps, faisant d’elle une surhumaine qui pourrait accéder à 100% de ses capacités cérébrales.

Pendant ce temps, depuis 30 minutes, Morgan Freeman tient une conférence sur cette fumeuse théorie selon laquelle l’être humain n’utilise que 10% de son cerveau en long, en large et en travers pour qu’on comprenne bien ce qui arrive à notre héroïne qui va accéder à un nouveau niveau de connaissances et de conscience. En soi, utiliser cette hypothèse pour un film de SF est plutôt sympathique et permet d’explorer pas mal de choses, le problème est que Besson le fait avec beaucoup de maladresse et de prétention avec des tics de réalisation souvent irritants qui gâchent toujours les quelques bonnes idées qu’il pouvait avoir.

Ainsi, on n’échappe pas au côté mafieux dont on se fiche rapidement dans la seconde partie du film et qu’il se traîne comme un boulet, on aura une poursuite auto dans les rue de Paris réalisée comme du vulgaire Taxi et il ne cesse d’expliquer sans arrêt ce qu’il se passe pour notre héroïne, prenant toujours son public pour des idiots. Pourtant il y a de bonnes choses comme cette envie de remonter aux origines de notre espèce et de voir au delà, de transformer Lucy en semi-déesse (avant qu’elle ne finisse en vulgaire clé USB) avec tout ce que cela implique d’oubli de sentiments humains pour une cause supérieure : la transmission du savoir. Il y a même de bonnes idées visuelles à certains instants. Et ces bonnes idées confèrent à Besson une trop grande confiance qui donne à son film une prétention qui atteint parfois le sommet du ridicule.

Car à force de vouloir montrer toute son intelligence, le film n’a finalement plus grand chose d’original à raconter et oublie toutes les maladresses qu’il se traîne à côté et qui le font plutôt ressembler à un gloubiboulga dans lequel le réalisateur a voulu caser un maximum de concepts sans aller au bout des choses. On retiendra alors surtout de certaines séquences, la mauvaise exploitation des capacités de Lucy, des effets visuels trop voyants et des réactions qui n’ont rien de naturel de la part des personnages, … bref, beaucoup de choses qui rendent le film particulièrement ridicule alors qu’il montre sans cesse qu’il veut se prendre au sérieux. Même Scarlett Johansson pense alors jouer dans un grand film, futur classique de la SF alors qu’il sera vite rangé dans les bacs à promo de supermarché à côté des autres productions Besson comme Taken.

Prenant sans arrêt son public pour des attardés en voulant démontrer une intelligence qu’il n’a certainement pas malgré quelques bonnes idées, Lucy se vautre donc lamentablement dans le ridicule d’une histoire qui n’échappe jamais aux tics de son réalisateur. Il est bien loin le temps où Besson maîtrisait ses histoires et ses personnages avec un respect du public.