Chalut les humains,
Non mais qu’est-ce que c’est que ce bazar! Je reviens tranquille de vacances et qu’est-ce que je vois ?!? Un raton-laveur en a profité pour s’incruster dans les salles obscures et tenir la vedette dans l’un des blockbusters de l’été? Non mais pourquoi??? Quel esprit malade a pu confier un rôle majeur à un animal aussi nuisible, qu’on pourrait penser être le fruit des amours illégitimes entre un renard et une marmotte?
Ah pardon, au temps pour moi. Je n’avais pas vu que ce raton-laveur là était un peu spécial. Déjà parce qu’il est extra-terrestre, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Ensuite parce qu’il est constamment désagréable avec ses compagnons d’aventure, ce qui est plutôt rafraîchissant pour un film de ce type. Et enfin parce qu’il possède un fusil-laser surpuissant, capable de désintégrer en 2 microsecondes le critique cinématographique félin que je suis. Un argument convaincant. Glups… Hum… Waouh, un raton-laveur héros d’un blockbuster, c’est génial!
Bon, j’exagère. Rocket Raccoon n’est pas le héros des Gardiens de la Galaxie, le nouveau film des Studios Marvel. Le personnage central, c’est plutôt Peter Quill, alias Star-Lord (Chris Pratt). Enfant, juste après le décès de sa mère, le jeune Peter a été enlevé par un vaisseau extra-terrestre. Yondu (Michael Rooker), un brigand de l’espace l’a ensuite entraîné à devenir un très habile voleur. 25 ans plus tard, Star-Lord s’est mis à son propre compte. On le voit dérober un mystérieux globe, qu’il compte refourguer auprès de son recéleur habituel. Mais il se rend compte très vite que son butin est l’objet de toutes les convoitises. Ronan (Lee Pace), un tyran belliqueux veut se servir de l’objet pour faire détruire l’une des plus grandes planètes de la galaxie. Et son épouse Gamora (Zoe Saldana, teintée en vert-cornichon) essaie aussi de mettre la main sur le fameux globe, pour l’en empêcher.
Lorsque Star-Lord essaie d’échanger l’objet, Gamora lui tombe dessus. Deux chasseurs de primes se mêlent à la bagarre : Rocket, notre raton-laveur, et Groot, un humanoïde croisé avec un arbre. Mais tout ce petit monde finit par être appréhendé par les forces de l’ordre, qui les expédient dans une prison orbitale. Sur place, ils croisent Drax, une montagne de muscles tatouée, qui a juré d’avoir la tête de Ronan et de… Gamora.
Autant dire qu’entre les cinq individus, l’entente est loin d’être cordiale. Mais ils n’ont pas d’autre choix que de faire équipe pour s’évader, vendre le globe et surtout, empêcher Ronan d’arriver à ses fins…
Voilà pour le pitch, qui ressemble plus à un film d’aventures et de SF façon Star Wars, en plus déjanté, qu’à un film de super-héros Marvel. Et à vrai dire, c’est plutôt une bonne chose. Non pas que les films de super-héros soient mauvais, loin de là. Captain America : Le soldat de l’hiver est, par exemple, de très bonne facture. Mais vu le nombre de franchises qui sont exploitées par Marvel ou DC Comics, il y a du déchet, et personne n’a envie de voir les mêmes thèmes et schémas narratifs déclinés à l’infini.
Les Gardiens de la Galaxie a déjà bonne grâce de nous épargner les affres du traditionnel épisode introductif racontant la genèse des héros. Ici, cela se restreint à une courte scène pré-générique expliquant comment le jeune Peter s’est retrouvé perdu dans l’espace. Et, passée une ouverture plutôt rigolote où le même garçon, 25 ans plus tard, débarque sur une planète en dansant sur “Come And Get Your Love” des Redbone, l’un des titres présent sur sa cassette audio, seul souvenir de son enfance sur Terre, on rentre dans le vif du sujet.
Les séquences s’enchaînent alors à un train d’enfer, sans complexes, comme dans une bonne série B. Au menu : courses-poursuites, bagarres, fusillades, combats spatiaux et… échanges de répliques cinglantes.
Les répliques constituent d’ailleurs l’un des points forts du film. Enfin… L’une d’elle surtout : “I am Groot”. C’est à dire les seuls mots qu’est capable de prononcer notre homme-tronc, avec chaque fois des intonations différentes, subtiles variations vocales que seul Rocket est capable de déchiffrer (un point de plus pour ce damné raton-laveur!). Au moins, pour une fois, le texte était à la portée de Vin Diesel, qui s’occupe du doublage de l’arbre extra-terrestre, et le running-gag tient la route de bout en bout.
Autre point fort, la BO qui, comme évoqué plus haut, est constituée exclusivement de tubes des années 1970/1980. Les héros se bagarrent sur “Hooked on a feeling” des Blue Swede ou “Cherry bomb” des Runaways, naviguent sur “Ooh child” ou “Moonage daydream” de David Bowie, se déhanchent sur “Ain’t no moutain high enough” de Marvin Gaye ou “I want you back” des Jackson Five.
Cela donne au film un intéressant cachet vintage. Je suis trop jeune pour avoir connu cette époque, mais on se croirait revenu au début des années 1980, à l’époque où les Star wars, les Flash Gordon, les Galactica et autres Star Trek fascinaient les spectateurs dans les salles obscures. D’ailleurs, ne manquez pas la séquence post-générique de fin, où apparaît un personnage-culte, héros d’une oeuvre Lucasfilms connue pour être l’un des bides les plus retentissants des années 1980.
Enfin, la grande réussite du film est que l’on adhère tout de suite à cet univers fantastique peuplé de créatures étranges et on s’attache tout aussi rapidement aux personnages, bien qu’ils soient tous plus crétins et égocentriques les uns que les autres (ou peut-être à cause de cela…)
Le film a des côtés kitsch, mais qui ne sont absolument pas gênants, contrairement au calamiteux Green Lantern, du concurrent DC Comics – un des déchets dont je parlais plus haut. Ils ajoutent même au charme de ce space-opera déjanté, porté par des comédiens impliqués, Chris Pratt en tête, et correctement mis en scène par James Gunn, déjà réalisateur du surprenant Super, variante trash et sombre de Kick-Ass.
Le seul reproche que l’on pourrait faire au film est de sembler trop court. On aurait aimé faire encore un tour de vaisseau avec cette bande de joyeux lurons, bougeant sur le bon son des seventies. Mais ce n’est que partie remise, puisqu’une suite est dores et déjà à l’étude, ainsi qu’une rencontre avec les Avengers puisque Thanos, le titan de l’espace ennemi des Gardiens de la Galaxie, apparaissait dans la séquence post-générique des Avengers. A priori, le cross-over se ferait dans le troisième épisode des Avengers. Affaire à suivre…
Que dire encore? Hé, pourquoi je m’embête, moi? Je n’ai qu’à écrire “I am Groot, I am Groot, I am Groot…”. Ah vous ne comprenez pas? Vous n’avez qu’à demander au raton-laveur de traduire! Moi, il faut que je vous laisse, je vais essayer de me construire un désintégrateur laser pour faire exploser la porte du frigo et dérober les crevettes qu’il contient. Appelez-moi Ro-Cat Racoon désormais!
Plein de ronrons,
Scaramouche
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Les Gardiens de la Galaxie
Gardians of the Galaxy
Réalisateur : James Gunn
Avec : Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Vin Diesel, Bradley Cooper, Lee Pace, Benicio Del Toro
Genre : space-opera déjanté
Origine : Etats-Unis
Durée : 2h01
Date de sortie France : 13/08/2014
Note : ●●●●●○
Contrepoint critique : L’Express
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