"Hazel Grace et Gus sont deux adolescents hors-normes, partageant un humour ravageur et le mépris des conventions. Leur relation est elle-même inhabituelle, étant donné qu’ils se sont rencontrés et sont tombés amoureux lors d’un groupe de soutien pour les malades du cancer. "
En 2012, paraissait en Angleterre aux éditions Dutton Books, un petit roman qui répondait au doux nom de The Fault in Our Stars. Trouvant son inspiration au cœur de l’une des répliques de la pièce de théâtre Jules César de Shakespeare, ce titre remet en question les choix opérés par la bonne étoile qui écrit le destin de deux jeunes adolescents qui répondent aux noms de Hazel Grace et Augustus Waters. Plus proche d’une autre pièce écrite par Shakespeare et bien connue de tous, The Fault in Our Stars fit un bon extraordinaire au cœur des ventes de livre en 2012. Véritable raz de marée, ce petit ouvrage devint très vite un best-seller et il fallait bien que des producteurs de cinéma passent par là, reniflant l’odeur de l’argent à pleines narines. À Hollywood, comme de plus en plus dans le monde entier, on aime faire des adaptations de tout et de rien au cinéma et The Fault in Our Stars fait partie des ouvrages qui auraient mérité de rester au rayon littérature. À peine deux années après sa sortie littéraire, The Fault in Our Stars débarque déjà sur nos écrans français avec comme titre de traduction Nos Étoiles Contraires. Déjà on perd totalement le sous-entendu mis en place par le titre original, puisque malgré la conservation du terme étoile, on se retrouve à se demander quelles étoiles sont contraires, tout en sachant que le but du film est avant tout de faire comprendre que les jeunes personnes atteintes de maladies sont semblables en tout point à chacun des êtres humains vivants sur Terre.
Au-delà de cette traduction hasardeuse du titre original pour la France, est-ce que Nos Étoiles Contraires, conserve l’essence du livre qui avait tant plu aux jeunes lecteurs anglais, comme internationaux ? Racontant l’histoire de deux jeunes personnes atteintes du cancer qui vont tombées folles amoureuses l’une de l’autre, Nos Étoiles Contraires est une romance qui ne cherche pas la facilité en traitant d’une histoire d’amour, tout en n’oubliant pas en chemin de parler de la maladie. Car oui, s’il y a bien une chose qu’il est délicat d’aborder au cinéma, c’est bien la maladie. Il faut au scénariste de trouver le juste milieu afin de ne pas chercher le larmoyant, ni la condescendance envers les personnes atteintes de maladie. Adaptation d’un best-seller, il fallait que Nos Étoiles Contraires puisse avant plaire à un large public, tout en visant allègrement la jeunesse et les amateurs d’histoires d’amour. Avec une narration linéaire et une histoire axée essentiellement sur l’histoire qui se met rapidement en place entre Hazel Grace et Augustus Waters, on ne peut pas dire que l’histoire d’amour n’est pas omniprésente. Suivant le schéma classique des romances, qui débutent toujours de fort belles manières, mais qui dans tous les cas, vont devoir faire face au milieu ou à la fin, à un ou plusieurs obstacles, Nos Étoiles Contraires ne surprend pas, ni ne déstabilise.
L’histoire est belle et le spectateur s’attache très rapidement aux protagonistes qui sont charismatiques et affublés de personnalités complémentaires. Ne vivant pas la maladie de la même manière, les deux amants vont se comprendre et vont apprendre à se redécouvrir grâce à leur histoire. Leur histoire est belle, leurs histoires respectives le sont aussi, mais malheureusement la touche d’ombre qui vient éclaircir cette luminosité se nomme : cancer. Non loin des films qui traitent de la maladie avec un naturel débordant de générosité, Nos Étoiles Contraires se prend les pieds dans le tapis en se servant de la maladie pour émouvoir le spectateur. À cause de divers gadgets comme des flashbacks, voix off et autre diaporama à base de plans bucoliques, le film perd en naturel et force le spectateur à être ému. Certaines scènes auraient mérité à être volontairement coupés afin de faire sous-entendre la tristesse des personnages, sans la coller directement face au spectateur, ce qui aurait rendu l’émotion plus belle et l’attachement du spectateur envers les personnages plus fort. En mettant le spectateur face à des disputes ou autres scènes-chocs, le film tend vers la facilité et le larmoyant.
Maladroit dans son écriture et son utilisation de la maladie, Nos Étoiles Contraires n’en reste pas moins une romance touchante et attachante grâce à son quatuor d’acteurs absolument remarquables. The Spectacular Now, Divergente, coupée au montage de The Amazing Spider-Man 2 et bientôt dans White Bird, 2014 semblerait bien être l’année de Shailene Woodley. Après avoir été révélée aux côtés de Georges Clooney dans le magnifique The Descendants, elle s’offre dans ce nouveau drame, un personnage à la hauteur de son talent. Timoré et légèrement dans la retenue, mais n’ayant pas peur de faire face aux autres si besoin est, Shailene Woodley ne révolutionne pas le genre, mais offre aux spectateurs un personnage sensible et attachant, qui se métamorphose grâce à l’amour qu’elle porte pour le jeune Augustus Waters. Bien que l’on parle beaucoup de Shailene Woodley, il ne faut pas oublier les très belles prestations de Laura Dern, qui évite de sombrer dans le cliché de la mère caractérielle et surprotectrice grâce à une élégance et une générosité naturelle, et de Willem Dafoe, qui incarne un personnage très important à la dernière partie du film, mais dont l’histoire se voit malheureusement bâché par l’omniprésence de l’histoire d’amour centrale à la trame narrative. Une romance qui avait du potentiel et qui possède des qualités indéniables tel son casting prestigieux et sa mise en scène aux petits oignons pour le couple principal, mais qui n’évite pas les défauts du genre avec comme exemple, une utilisation laborieuse et maladroite de la maladie, ainsi qu’un montage qui ne laisse pas suffisamment le temps aux plans de parler (montage trop dynamique, non-utilisation du hors champs ou du contre champs lors des dialogues, beaucoup de faux raccords…).