Critique B.O. : Dawn Of The Planet Of The Apes

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

Michael Giacchino en terre singe.

On se souvient encore des ruades électroniques composées par Danny Elfman pour le reboot de La Planète Des Singes réalisé par son ami Tim Burton. On oubliera plus aisément la partition vermoulue de Patrick Doyle pour ses origines. En revanche, tout le monde a en tête les recherches orchestrales mises au point par Jerry Goldsmith pour le premier épisode. Un travail sonore avant-gardiste pour l’époque qui nous renvoyait, en même temps que les macaques de Franklin J. Schaffner, à l’âge de pierre. Ainsi, avant de s’attaquer l’an prochain à la suite d’un autre monument du septième art (Jurassic Park), le seigneur Giacchino pénètre à son tour dans le vaste domaine qui compose la société des primates afin d’en illustrer l’affrontement séminal contre les humains. Se déroulant quasi intégralement dans des milieux colonisés par les végétaux, la direction artistique de ce nouvel opus appel logiquement un score orienté vers des sonorités tribales. En ce sens, nous retrouvons, derrière les cuivres et les cordes, de riche section de percussions et de chœur "à la Ligetti" qui incarnent vaillamment la civilisation simienne. La présence de l’idiophone, qui se fait de plus en plus rares dans la production musicale actuelle, participe à l’exotisme du décorum musical dressé par le compositeur, et sonne également comme une référence à Goldsmith. Par ailleurs, cette création propose une expérience plus exigeante que ce à quoi nous avait habitué Michael Giacchino par le passé. Loin des flamboyantes orchestrations de John Carter et Star Trek, et des rides pop de Speed Racer et Mission Impossible Ghost Protocol, l’écriture adoptée sur ce Dawn Of The Planet Of The Apes se veut, à l’image de Let Me In, plus subtile, moins spectaculaire, proche de l’underscoring. Bien nous y retrouvons quelques explosions orchestrales typiques de son auteur (quoi que moins mélodique qu’à l’accoutumé, à l’image de Gorilla Warfare), ces pistes ne constituent en aucun cas l’identité première de cette partition, où se succède de longues plages mélancoliques et de mood music dans l’esprit de Super 8. Cependant, si on attendait de cette rencontre un son plus immédiatement familier, on en appréciera l’humanité qui s’en dégage ainsi que la mise en action minutieuse de certaines pistes (on citera volontiers le magnifique Along The Simian Lines, ainsi que Monkey See Monkey Coup et The Apes Of Wrath). Particulièrement fertile en émotion, le plaisir d’écoute deviendra donc réel mais sera loin d’être instantané, pas forcément très bien défendu par la durée excessive proposé par l’album. Il vous faudra donc laissé le temps au temps pour que certaines pistes s’impriment durablement dans vos oreilles pour en apprécier les milles et un détails qui y sont disséminés. Indispensable pour les fans du film et pour ceux qui veulent découvrir toute l’étendu des capacités orchestrales de Michael Giacchino. De quoi donc attendre de pied ferme son safari dans le parc de ‘sieur Hammond. (4.5/5)

Sortie Album : 28/07/2014. Sortie Film (France) : 30/07/2014. Édition : Sony Classical. Format : CD. Compositeur : Michael Giacchino. Durée : 77:38.