Critique : Expendables 3 (2014)

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

En eau de bourrin.

La foire à la saucisse bisannuelle de Sylvester Stalonne ouvre enfin ses portes, l’occasion pour les visiteurs de croiser quelques grands ouvriers de la boucherie cinématographique américaine. Pour cette troisième édition, nous retrouvons les familiers de cette rencontre (Jason Statham, Arnold Schwarzenegger, Dolph Lundgren, Jet Li, Randy Couture), mais également de nouvelles têtes parmi lesquelles Harrison Ford, Antonio Banderas, Wesley Snipes et Mel Gibson. Une fois n’est pas coutume, ce grand salon nous offre une large exposition de bourrins de tout âge et de tout sexe afin de rallier le plus grand nombre autour de cet évènement. Cependant, se devait-il de proposer autant d’exposant ? À ce sujet, les chiffres américains parlent d’eux-mêmes : le public ne s’est pas déplacé en masse pour aller découvrir la crème de la crème de l’étripage yankee. Car derrière le faste et les paillettes de cette réunion de têtes de bois de notre âge tendre, nous constatons que cette dernière cuvée a gagné en ostension ce qu’elle a perdu en qualité de représentation. Un récit entrelardé de caméos et d’éléments de synthèses foireux, le tout tournant à vide pendant près de deux heures, voilà ce que nous propose, en sus, Expendables 3. Les allusions à l’éviction de Bruce Willis ("il n’est plus dans le scénario " ah ah ah, la grosse blague !) et aux déboires financiers de ce cabotin de Wesley Snipes ("évasion fiscale" ah ah ah, la bonne grosse blague !) flattent pourtant notre palais de fin gourmet. Les grands amateurs de charcuterie seront également servis avec des kilomètres de dépeçage à la grenaille – encore fussent ils capable de fermer les yeux sur l’aseptisation des méthodes d’abattage. Il ne suffisait alors plus que de flanquer un fouet entre les paluches boucanées d’Indiana Jones, et l’affaire était (presque) pliée. Mais nos papilles font de la résistance. Remisant ses vieux portes flingues aux vestiaires, le maitre de cérémonie part en quête de la fontaine de jouvence, recrutant la nouvelle fine fleur de la gâchette pour jouer les kamikazes en territoire slave. Après avoir assuré le service minimum niveau animation, et en plus de temps qu’il nous faudra pour le dire, cette bidoche bien fraiche se fait pendre à un croc par le vilain boucher de service. L’horloge tourne, l’ennui s’installe, et passé un feu d’artifice final monté au hachoir, le salon ferme définitivement ses portes. Visiblement, Sylvester Stallone et son preneur d’un jour, Patrick Hughes, ne pigent plus rien au concept de départ, transformant ce qui aurait dû être un authentique ranch en un fermage spécialisé dans l’élevage intensif de bêtes de seconde catégorie destinées à produire de la chair à saucisse industrielle. C’est ça, l’Amérique ! (1.5/5)

The Expendables 3 (États-Unis, 2014). Durée : 2h07. Réalisation : Patrick Hughes. Scénario : Sylvester Stallone, Creighton Rothenberger, Katrin Benedikt. Image : Peter Menzies Jr. . Montage : Sean Albertson, Paul Harb. Musique : Brian Tyler. Distribution : Sylvester Stallone (Barney Ross), Jason Statham (Christmas), Arnold Schwarzenegger (Trench), Mel Gibson (Conrad Stonebanks), Dolph Lundgren (Gunner), Wesley Snipes (Doc), Randy Couture (Toll), Antonio Banderas (Galgo), Harrison Ford (Drummer), Kellan Lutz (Smilee).