"Mi-homme mi-légende, Hercule prend la tête d’un groupe de mercenaires pour mettre un terme à la sanglante guerre civile qui sévit au royaume de Thrace et replacer le roi légitime sur le trône. Âme tourmentée depuis la naissance, Hercule a la force d’un dieu mais ressent aussi les peines et les souffrances d’un mortel.
Sa puissance légendaire sera mise à l’épreuve par des forces obscures."
Mi-Homme, Mi-Dieu, fruit d’une liaison entre Zeus et Alcmène, Hercule est un des personnages les plus intéressants de la mythologie grecque (il fait également partie intégrante de la mythologie romaine) à utiliser au cinéma. Du péplum complet débutant de l’enfance du personnage et allant jusqu’à ce qu’il connaisse la gloire, en passant par le divertissement lambda qui se sert de ses "simples" exploits pour divertir le spectateur, Hercule a le potentiel d’être utilisé de diverses manières, mais faut-il encore que la personne en charge du projet aie un minimum l’ambition. Hercules (ou Hercule pour la traduction française), est le film typique qui a tout du film tiroir imposé par une société de production. Loin d’être une libre adaptation de la mythologie d’Hercule comme pouvait le faire croire la très efficace bande-annonce dévoilée sur internet il y a plusieurs mois de cela, Hercule est l’adaptation du roman graphique Hercule : Les Guerres Thraces parut en 2010 en France, écrit et dessiné réciproquement par le défunt Steve Moore et Admira Wijaya. Durant pas moins de cinq tomes (regroupés en un seul roman graphique lors de sa traduction française), Hercule et ses compagnons de guerre (Atalante, Tydée, Iolaos et Amphiaraos) vont à la rencontre du roi de Thrace qui les a appelés pour leur confier une mission. Il n’est donc pas question de voir Hercule accomplir ses douze travaux et il est encore moins question de voir en chair et en os diverses créatures mythologiques comme le Lion de Némée ou l’Hydre de Lerne. Quoique, il faut croire que Brett Ratner n’obéit qu’à lui même et n’en fait qu’à sa tête.
En effet, afin de prouver aux spectateurs qu’il ne leur avait en aucun cas menti sur la marchandise, le film débute par une courte introduction qui nous dévoile l’épilogue des aventures d’Hercules. Son enfance, ses douze travaux, tous ses exploits principaux se voient passés au mixeur en à peine trois minutes. C’est un record et on peut féliciter Brett Ratner et son équipe de scénaristes, puisqu’ils réussissent à détruire les espoirs des spectateurs venus pour contempler Hercule affronter des créatures avec une simple introduction de quelques minutes. Trêve de plaisanteries, cette bande-annonce mensongère est devenue à ce jour tout simplement honteuse et nous ne sommes pas loin de pouvoir utiliser ce même adjectif pour qualifier le film dans sa version finale. Pendu haut et court par de nombreux fans de la saga X-Men lors de la parution du troisième opus : X-Men L’Affrontement Final, Brett Ratner n’avait pas intérêt à ce louper avec cette nouvelle production, s’il comptait espérer pouvoir se refaire un nom dans le domaine du film d’action ou du cinéma en règle général. Malheureusement pour lui, Hercule enfonce ce pauvre Brett Ratner six pieds sous terre à grands coups de masse.
Exploitant l’histoire du roman graphique écrit par Steve Moore, Hercule dévoile aux spectateurs les guerres de Thraces, guerres brutales et sombres durant lesquelles les combattants grecs doivent faire face à plusieurs camps d’ennemis à la fois. Sorte de sept mercenaires, mais avec des Grecs, Hercule ne reprend que les grandes lignes de l’histoire du roman graphique, mais n’arrive même pas à les exploiter pas à leurs justes valeurs. Alors que Steve Moore avait fait de Hercule : Les Guerres Thraces un roman graphique centralisé sur une action brutale et ses combattants, les scénaristes de ce film vont à l’encontre de cette idée en centralisant le long-métrage sur le personnage d’Hercule, tout en tentant d’apporter un soupçon d’humanité et une personnalité à chacun des personnages. Complètement loupé, ce scénario manichéen au possible, ne va pas plus loin que le bout de la masse du demi-dieu et ne laisse que trop peu de places aux personnages secondaires souvent réduits à de simples stéréotypes. Néanmoins, quelques-uns de ses personnages apportent avec difficulté leur dose d’humour ou de brutalité, notamment au travers des séquences d’actions qui elles, s’avèrent aussi brutales que divertissantes. Dynamiques et efficaces, même si souvent étirées à l’aide de grosses ficèles, les scènes d’actions sont réjouissantes, mais manquent cruellement de bestialité. À l’image d’un Expendables 3 qui a tout fait pour plaire à un très large public, Hercule est un film où le sang ne coule pas alors que les personnages secondaires usent de lames et d’arc. Et c’est sans parler d’Hercule qui lui, dispose d’une force surhumaine et utilise une masse composée de quatre des dents du Lion de Némée…
Réalisateur qui ne possède aucun parti prit et qui se contente de filmer l’action et ses personnages machinalement, Brett Ratner nous prouve encore une fois qu’il se repose encore et toujours sur ceux qui l’entoure, à savoir son casting, Dwayne Johnson en première ligne. Il est de chaque plan et pour tenter de nous convaincre que nous, le réalisateur entame chaque nouvelle séquence avec un plan large aérien qui ne sert à rien, mais qui nous prouve que le budget est passé dans les effets visuels. Faussement charismatique, Dwayne Johnson tiens plus du grand frère modèle que d’un guerrier grec sanguinaire et prêt à tuer n’importe qui se mettra sur son chemin. Convaincant en Hercule de par sa masse musculaire imposante et difforme, il peine à satisfaire, tant son attitude va à l’opposé de ce qu’essaye de mettre en place le scénario ou de ce que proposait le roman graphique. Par le biais de quelques répliques assez drôles, il apporte un ton plus léger au film alors que son personnage est censé effrayer les ennemis, comme le spectateur. C’est un bien pour un mal on va dire au vu de la qualité générale du long-métrage. L’on est bien loin du personnage de Conan Le Barbare, film auquel ce Hercule emprunte beaucoup, mais toujours très maladroitement. Ce qui est affligeant dans ce long-métrage et plus en particulier dans la réalisation ou la mise en scène signée Brett Ratner, c’est qu’il souhaite toujours en faire davantage dans le spectaculaire, mais n’ose pas aller au-delà. Il n’y a ni audace, ni originalité dans sa réalisation comme dans sa mise en scène. Il se focalise sur les acteurs qui font ce qu’on leur demande de faire. C’est dommage et incompréhensible pour un film de ce budget, qui avait du potentiel, notamment en ce qui concerne son casting qui est loin d’être ridicule, Dwayne Johnson étant notamment une bonne idée comme interprète d’Hercule. Espérons maintenant que le succès ne soit pas suffisant à la mise en production de l’adaptation cinématographique du roman graphique Hercule : Les Dagues de Kush, suite du roman graphique Hercule : Les Guerres Thraces.