[Critique | Avant Première ] Sin City : J’ai Tué Pour Elle réalisé par Robert Rodriguez

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"Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance, et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices.
Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d’un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy Callahan est dévastée par le suicide de John Hartigan qui, par son geste, a cherché à la protéger. Enragée et brisée par le chagrin, elle n’aspire plus qu’à assouvir sa soif de vengeance. Elle pourra compter sur Marv…
Tous vont se retrouver au célèbre Kadie’s Club Pecos de Sin City…"

Personne ne se doutait en 2005, lors de la sortie de Sin City premier du nom, qu’une trilogie était d’ores et déjà dans les cartons de Robert Rodriguez et Frank Miller, avec notamment un second opus centré sur l’histoire A Dame To Kill For, agrémenté d’histoires inédites écrites par Frank Miller lui-même. Véritable flop du box-office américain avec seulement 6 millions de recettes sur son premier weekend, le film attend toujours de sortir chez nous le 17 septembre prochain. Est-ce un retour réussi pour Frank Miller et Robert Rodriguez ? Accrochez-vous ! Car la visite de ce vieux bled pourri ne sera pas de tout repos.

Tout le monde se souvient à quel point le premier opus marquait par un scénario aux arc narratifs qui se croisaient afin de laisser le spectateur apprécier chaque histoire de chaque personnage. Là où Robert Rodriguez trouvait une facilité déconcertante à passer d’un personnage à l’autre, ce second opus les multiplie afin d’offrir plusieurs « contes » sanglants sur la ville. Quatre personnages principaux se dégageront dans l’histoire : Marv (Mickey Rourke), un homme alcoolique et violent, qui ne se bat que pour la « Justice » (déjà présent dans le premier opus). Dwight McCarthy (Josh Brolin), qui tente de récupérer Ava Lord (Eva Green), son amour de toujours. Johnny, jeune joueur au jeu d’argent qui tente d’affronter la plus grande crapule de la ville, le sénateur Roark. Et pour finir, Nancy Callahan (Jessica Alba) qui vit très mal le suicide de l’agent John Hartigan. Ces quatre histoires s’entremêlent en un seul et même lieu qui fera office de transition entre les personnages, le Kadie’s Club Peco. Ce club fera l’office d’élément perturbateur au récit du film, permettant de connaître chacun des personnages, leurs habitudes, et leurs états d’âme. Car Rodriguez ne fait plus une présentation de la ville malfamée de Sin City, au contraire, il prouve qu’elle est le reflet d’une société déchue dont la violence est seule purgatrice de ce que ressentent les personnages. Entre les vannes, les passages sérieux, le sexe et la violence, Sin City 2 a tout pour plaire ou presque. Quelques facilités apparaissent au détriment de dialogues alambiqué à la manière d’un thriller hors de toute norme dans lequel se moule parfaitement l’humour très noir des personnages. Au final, on passe un très bon moment à suivre les quelques enquêtes, le tout saupoudrer de la violence des combats qui feront rage dans la ville. C’est sans compter la galerie des personnages qui est aussi bien fournie avec une écriture intéressante de ces personnages, passant pour des anti-héros tout au long du film.

Bien évidemment, parler du scénario, c’est bien, mais évoquer la mise en scène le serait tout aussi, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est sans surprise que l’on retrouve l’univers épuré du premier opus. Entièrement en noir et blanc (quelques fois avec des couleurs, mais nous y reviendrons), Sin City 2 : À Dame To Kill For ne surprends plus par son esthétique. Toutefois, Robert Rodriguez s’amuse et amuse le spectateur à être violent. À noter que le premier opus gardait une teinte rouge pour le sang qui sortait des personnages, ici, ce dernier se mêle aux couleurs du fond (principalement représenté par du blanc), comme étant ancré dans la ville. Idée intéressante qui aurait pu être mieux exploitée au cours du film. Et pourtant, la présence de couleur est toujours aussi forte, cette dernière caractérisera l’âme de quelques personnages ou leur permettra d’être imposants puisqu’ils seront mis en évidence. Bien sûr, on s’y attendait et pour cause Robert Rodriguez et Frank Miller ont dû changer leur réalisation. Si celle du premier était plus classique afin d’en faire un film dans les normes. Ici, les deux réalisateurs s’amusent clairement à faire de leur film, un comics. On passe d’une case à l’autre par des procédés usant principalement des ombres des objets ou des êtres vivants du film. Le montage quant à lui s’avère agréable à suivre, le tout restant très lisible, malheureusement on doute de la qualité de certains plans et on se demande pourquoi ils ont été intégrés au montage. Si la recette reste la même, Rodriguez et Miller tente de surpasser son premier opus. Évidemment, l’émerveillement est beaucoup moins présent, et il n’arrive pas à trouver les éléments qui serviraient à pouvoir faire passer son film pour un chef d’œuvre visuel. D’autant que l’on rajoutera que la 3D est assez efficace et utilisé de très bonne manière. Elle arrive à se fondre dans l’univers graphique de Frank Miller, proposant une expérience en relief des plus agréables.

Toutefois, le film est réussi sur d’autres plans, notamment la direction des acteurs qui nous surprennent un par un. On en connaissait déjà quelques-uns comme Mickey Rourke, Jessica Alba ou encore Bruce Willis, qui confirme qu’ils sont faits pour leur rôle. Joseph Gordon-Lewitt, Josh Brolin ou encore Eva Green nous marquent aussi grâce à des répliques qui deviennent presque instantanément cultes, mais aussi par la qualité de leur jeu respectif, qui capte notre attention à chaque instant du film. L’ambiance musicale aurait mérité une plus grande présence, mais il faut avouer que lorsqu’elle est mise en avant, on aura le droit à quelques moments d’anthologie.

Sin City 2 : À Dame to Kill For aurait pu être l’ultime coup de poker de Robert Rodriguez et de Frank Miller. Malheureusement, ce dernier est un opus légèrement inférieur au premier film, de par une esthétique sans surprise, mais qui possède tout de même quelques bonnes idées, et peut être une ambiance sonore trop discrète. Toutefois, le scénario, les dialogues et le récit sont écrits de manière honorable, proposant quatre « contes » sanglants pour agrandir les légendes de la ville déchue. Le jeu d’acteur surprend et les petits nouveaux présents dans le casting arrivent à rendre leur personnage respectif crédible. Mention spéciale à Josh Brolin et Eva Green qui forment sans doute les personnalités fortes du film. Concluons sur le fait que Sin City 2 : À Dame To Kill For ne mérite peut être pas son échec au box-office US, mais aurait mérité un meilleur accueil au vu des qualités que possède le film.

Rédacteur : @indiana_60

3.5/5

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