Critique B.O. : Monument Valley

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

Les châteaux dans le ciel.

Dors et déjà élu comme étant le plus beau jeu de l’année 2014 par le très respecté mensuel Wired, Monument Valley, jeu de réflexion dont la mécanique repose entièrement sur la notion de perspective dans l’esprit de Penrose, prend place dans un monde onirique dans lequel se mélange l’architecture féodale d’Orient et d’Occident et l’esthétique dépouillé qui caractérise la majorité de la production indépendante. Une conception artistique atypique, singulière, et avouons-le, extrêmement vendeur (en témoigne le récent succès de Fez et Journey) qui plonge le joueur dans une succession de labyrinthes dont il doit extraire la petite Ida à la silhouette de princesse. Un univers épuré qui n’a d’égal que le voilage musical séraphique que tisse conjointement Obfusc (obscur pseudonyme sous lequel se dissimule l’artiste Joseph X. Burke), Grigori et Stafford Bawler, sound designer britannique qui a mis son talent au service de nombreuses références de courses automobiles telles que Colin McRae, Forza Motorsport et Sonic All-Stars Racing. S’inspirant très largement des productions du sculpteur électro Brian Eno, ces trois compositeurs s’illustrent ici comme les parfaits conducteurs du charme magnétique qui émane de la série de tableaux que le studio Ustwo nous propose de traverser en leur compagnie. Mais alors que les travaux pré-existants d’Obfusc ainsi que la courte paire de créations originales de Grigori parachèvent d’une bien jolie manière l’identité musicale du soft, la dizaine de plages édifiées par Stafford Bawler s’attachent, quant à elles, à écumer l’ensemble des dédales conçus par Ken Wong. Essentielle au sein du jeu, cette bande originale s’apprécient en revanche pleinement en écoute séparée uniquement si l’on éprouve une attirance toute particulière pour l’ambient music, new-age du scoring dont l’itération excessive de ses formes affiche une tendance à agacer une franche partie de la communauté béophile. Réverbération, synthé, nappes vaporeuses. Incontestablement enivrante, idéal pour déconnecter d’une harassante journée de travail, elle manque cependant de cette touche de variété nécessaire pour en faire autre chose qu’une agréable porte d’entrée vers le royaume de Morphée. Une monotonie qui n’efface pour autant pas l’apaisante expérience que procure ce court voyage auditif. (3/5)

Sortie Album : 01/07/2014. Sortie Jeu (France) : 03/03/2014. Édition : Ustwogames. Format : Digital. Compositeur : Stafford Bawler, Grigori, Obfusc. Durée : 40:49.