De : Delphine de Vigan
Quatrième de couverture des Éditions JC Lattès: Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence.
MA CHRONIQUE
Delphine de Vigan, je l’ai découverte un peu au hasard au détour d’une brocante ou d’un magasin d’occasion je crois, avec Les Heures Souterraines. Le coup de foudre n’a pas été immédiat mais j’ai été sous son charme dés le début. Est venu ensuite No et moi que j’ai dévoré tant il était réussi.
Avec Rien ne s’oppose à la nuit, ce fut différent. Différent car j’ai commencé à le lire, à lire quelques pages sans pouvoir continuer plus. Sur le moment, j’ai juste pensé que ce n’était justement pas le bon moment pour le lire. Je n’étais forcément pas dans l’esprit pour et donc, il ne fallait pas forcer la chose. Je me suis dit alors que je le lirai un peu plus tard quand je serai toute disposée pour.
Lucile éprouvait un besoin étrange de permanence, redoutait les départs, les sorties, les éloignements ».
(Extraits du roman, Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan)
Et puis un jour, plus rien à lire à la maison; au supermarché, je me dirige automatiquement vers le rayon livre. Me voila alors en train d’hésiter entre Ma liste de mes envies (adapté récemment au cinéma) et le livre de Delphine de Vigan. Finalement, c’est cette femme blonde, un brin mystérieuse et très sensuelle que je choisis. L’air de défi de cette femme et sa vulnérabilité suscitent en effet mon attention sans parler du titre évidemment.
Cette deuxième tentative fut un véritable succès car j’ai lu le livre en quelques jours seulement. Comme toujours, je suis fascinée, très émue par l’écriture de Delphine de Vigan. Par sa capacité à écrire sur la vie, sur la vie qui donne mais qui reprend aussi. Il y a aussi une telle « simplicité » dans ces mots, dans ces tournures de phrases mais une telle profondeur, une telle sincérité qui font qu’on se sent proche de ses personnages, de leurs douleurs et de leurs doutes. Ici, on se sent aussi très proche d’elle car ce livre est très personnel puisqu’il parle de sa mère, de sa famille. Je me suis souvent demandée pourquoi elle avait un visage si triste, si voilé et avec le recul, je comprends mieux pourquoi. Son héritage familial est très lourd mais malgré tout, il a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui en tant que femme mais aussi en tant qu’auteure.
Le corps de Lucile était noué, récalcitrant, impossible à délier ».
(Extraits du roman, Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan)
Dans ce roman, elle se met vraiment à nu, à ses risques et périls tant cela lui cause à elle et à sa famille. Mais, peut-être que la vérité est plus importante que la tranquillité, la facilité. Si, écrire sur les siens se révèle douloureux, il s’avère aussi que cela est libérateur. Lâcher prise, accepter, pardonner peut-être et s’affranchir certainement. Rien ne s’oppose à nuit est un livre très fort et dans un sens, très dur également. Mais, je crois qu’il ne faut jamais s’attendre à autre chose avec Delphine de Vigan. C’est vrai que la nuit est un thème qui revient souvent mais je trouve qu’il y a toujours de l’espoir, quelque chose de lumineux dans ce qu’elle nous raconte.
En effet au début du roman, elle nous raconte l’enfance de sa mère et même si ce n’est pas parfait, on y voit de l’amour. Des enfants s’entassant dans une voiture pour aller en vacances, les naissances, la mama aux 7 brosses à dents…etc. C’est donc une famille comme une autre qui nous est présentée malgré les hauts et les bas, malgré l’hypocrisie et les non-dits. Et puis, de plus en plus, on glisse vers des événements plus graves, moins légèrs. L’innocence est perdue bien trop tôt et les drames se font de plus en plus nombreux. Cette famille si unie – du moins sur les photos- se désagrège petit à petit. Le collectif laisse place à l’individualité et chacun veut trouver sa place ailleurs que dans la maison familiale. Mais, la vie les rattrape, le passé et les mensonges aussi.
Aujourd’hui, je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence ».
(Extraits du roman, Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan)
Et, c’est peut-être à ce moment là que le titre prend tout son sens. Oui, peut-être que rien ne s’oppose à la nuit. Peut-être que rien ne peut la vaincre, peut-être qu’il y a des blessures qui ne peuvent se guérir. Ou bien….ou bien toute est une question d’équilibre. Entre La nuit et le jour.
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SES AUTRES ROMANS:
* Les heures Souterraines
* No§moi