"La violence et la noirceur, le sergent Ralph Sarchie connaît bien. Flic dans le Bronx, il est chaque jour témoin du pire de la nature humaine. Ce qu’il endure a même fini par affecter sa relation avec sa femme, Jen, et leur petite fille, Christina. Pourtant, rien ne l’avait préparé à l’affaire que lui et son partenaire Butler vont découvrir. Dépassé, Sarchie va devoir s’allier à un prêtre renégat dont la foi a souvent vacillé, qui tente de le convaincre que les horribles événements qui se multiplient sont liés à des possessions démoniaques… Ensemble, le policier et le prêtre accumulent les preuves que le Mal est à l’œuvre, et Sarchie est forcé de remettre en cause tout ce en quoi il a toujours cru pour combattre les puissances occultes qui menacent la ville et sa famille… "
"Quand le thriller rencontre l’horreur et les syndromes de la guerre en Irak."
Déjà réalisateur des médiocres L’exorcisme d’Emily Rose et Le Jour où la Terre s’arrêta, Scott Derrickson avait surpris, sans pour autant convaincre complètement il y a de ça deux ans, avec la sortie de son nouveau long-métrage : Sinister. Film d’horreur peu effrayant et fortement convenu, mais non dénué de bonnes idées comme les quelques flashbacks tournés en Super 8, Sinister rehaussait la filmographie en berne du metteur en scène. Aujourd’hui, Scott Derrickson revient et compte bien frapper d’un grand coup de poing sur la table avec Délivre Nous du Mal. Thriller horrifique adapté du roman "Beware the Night" écrit par Ralph Sarchie et Lisa Collier Cool, Délivre Nous du Mal raconte l’une des enquêtes durant laquelle, le sergent Ralph Sarchie a dû faire face à l’impossible, à des possessions démoniaques. Délivre Nous du Mal n’est ni un polar, ni un film d’horreur, c’est le fruit d’un beau mélange de plusieurs genres qui réussissent à cohabiter grâce à un scénario qui le permet et qui ne souhaite pas qu’un registre prenne le pas sur l’autre.
Paru en octobre 2001, il aura fallût pas moins de dix années afin que le producteur Jerry Bruckheimer réussisse à acquérir les droits du roman Beware the Night. Ce roman n’a dans le fond rien de particulier, mais ce qui le rend intéressant c’est le fait de pouvoir utiliser l’appellation "adapté de faits réels" pour sa version cinématographique. S’il y a bien une chose qui réussit à faire sortir de l’ombre quelques films et histoires de nos jours, c’est cette appellation. Néanmoins, il faut être très prudent puisque malgré l’utilisation de cette appellation, un long-métrage restera avant tout de la pure fiction. Même si l’histoire est basée sur des faits réels, celle-ci a été agrémentée d’effets et de détails "hollywoodien" lors de l’écriture du scénario. Il faut que ça corresponde à un long-métrage, il faut donner vie aux personnages et pourquoi pas, rendre, leurs aventures plus explosives qu’elles ne l’ont véritablement été. S’il y a bien une chose de véridique et dont on ne peut juger la véracité, il s’agit de l’histoire du protagoniste. Durant sa carrière à la police de New York, la très célèbre NYPD, le sergent Ralph Sarchie a dû faire face à des humains qui auraient été possédés par le diable ou une entité inconnue. Qu’on croie ou non aux histoires de possessions et à la présence du diable ou de toute autre entité sur Terre, le sergent Ralph Sarchie fût changé à jamais une fois les enquêtes achevées. Il n’a jamais plus été le même et ce sont ces enquêtes et les exorcismes qui s’en sont suivis, qu’il raconte dans l’ouvrage qu’il a co-écrit avec Lisa Collier Cool. Là où le film est intéressant, c’est qu’il ne traite pas directement de la religion ou d’une possession (la dernière partie du film est par contre, orienté religion avec un exorcisme cliché et qui ne fera pas date). Ce qu’il met en avant c’est le mal en règle général, mais quel est ce mal qui peut bien les ronger ? Là où on pourrait avant tout voir un film d’épouvante qui traite du bien contre le mal, Délivre Nous du Mal est un film où le mal à plusieurs significations et pousse à la réflexion sur l’orientation choisie par le réalisateur. Le diable, la psychologie humaine, la souffrance face à la guerre (l’ombre de la guerre en Irak plane sur le film et ces personnages)… toutes ces formes de mal sont présentes d’une façon ou d’une autre grâce à la juxtaposition du genre horrifique et policier.
Obsédé par la volonté de poursuivre son enquête jusqu’au bout, et cela, malgré des éléments qui auraient pu lui faire comprendre qu’il ne lui fallait pas aller plus loin, le téméraire Ralph Sarchie et son collègue vont devoir appréhender une enquête qui fait cœur au film avec sérieux, mais également dérision. Même lorsqu’ils feront face au danger ou à la probabilité de danger, ils ne perdront pas leur sens de l’humour. Ce n’est qu’un détail, mais c’est un détail très important afin de donner une âme aux personnages. Il faut que ces flics du Bronx soient naturels et qu’ils dégagent l’image du flic décomplexé qu’on pourrait tous avoir en tête grâce à des photos ou autres longs métrages. De cette manière, les protagonistes paraissent naturels, drôles en toutes circonstances et se rapprochent des spectateurs qui ont besoin de complicité avec eux lors des moments de danger. Car oui, au-delà de l’enquête policière qui sert d’arc narratif principal afin d’aborder les personnalités fortes du film et les thématiques importantes comme les différentes formes de mal pouvant être abordés métaphoriquement par le scénario, Délivre Nous du Mal possède des scènes fortes et quelques jump-scares qui nous rappel qu’il utilise les codes du film d’épouvante moderne. Assez efficace dans son ambiance générale malgré quelques disparités dans l’utilisation de musique pour faire monter ou faire descendre la tension du spectateur, le film convainc surtout grâce à son rythme, tout sauf linéaire. Évoluant comme une partition à laquelle on implanterait quelques nuances entre deux notes bien distinctes, mais qui on pour but de choquer ou surprendre, le rythme permet au film d’évoluer tout en conservant le spectateur sous pression.
À l’instar du précédent long-métrage du réalisateur, ce nouveau film comporte quelques plans qui utilisent le format Super 8 afin de bien implanter le spectateur dans une époque plus ancienne, afin de coller toujours plus avec une réalité qu’il aimerait faire revivre au travers du film. C’est une bonne idée, mais une bonne idée en cache très souvent une mauvaise et ici, elle réside dans cette réalisation facile et moderne qui réside dans la scène d’introduction du film qui se déroule dans un désert avec comme protagonistes, trois militaires américains. En effet, cette scène très importante dans le déroulement de l’enquête et à la compréhension de l’une des métaphores sur le mal du film, contient plusieurs plans tournés dans un simili found-footage. C’est dommage, car ça lance le film sur de mauvaises bases, sur les bases de la facilité, alors que le restant du long-métrage réussi parfaitement à rendre une réalisation classique effrayante, par le biais d’une belle gestion de l’environnement, d’une photographie qui s’imprègne bien des décors et de choix de cadres astucieux (plans américains frontaux pour faire croire à une apparition dans le dos du protagoniste…). Plusieurs facilités règnent dans ce film (comme son exorcisme, son final abrupt, l’utilisation incompréhensible d’une musique des Doors, des lumières qui s’éteignent à chaque présence d’un possédé…), qui ne réussira pas à vous faire frissonner tel James Wan l’année passée avec son The Conjuring, mais Scott Derrickson convainc de belle manière en réalisant un film qui allie judicieusement une enquête policière avec les codes du film d’horreur tout en ajoutant quelques scènes de combat qui apporte davantage de dynamisme et des personnalités fortes qui n’oublient pas leur sens de l’humour même face au danger. Une belle surprise qui devrait vous scotcher durant presque deux heures à votre fauteuil, à défaut de vous rester en mémoire plusieurs années.