La critique cinéma et Twitter : Le début d’une grande histoire d’amour

Depuis quelques mois, on observe un nouveau phénomène : des critiques venant de Twitter. Pour faire court (comme Twitter), les distributeurs de films commencent de plus en plus à utiliser pour la communication de leurs films des tweets de personnes lambda. Il est temps de faire le point sur ce nouveau mouvement.
Impossible de vous dire quand tout ceci a commencé, c’est assez dur de le savoir. De plus, le phénomène a peut-être toujours existé, mais commence depuis quelques mois à prendre vraiment de l’ampleur. Mais il est important de noter qu’avec cette méthode, la critique presse perd de plus en plus d’importance auprès des gens et c’est dommage.
En effet, s’il y a bien une différence entre les blogueurs, les gens lamdba et les journalistes, c’est que ces derniers sont des professionnels. Nous, nous écrivons principalement par plaisir, nous n’avons pas l’étoffe d’un journaliste professionnel du cinéma et ça ne nous dérange pas, nous n’essayons pas de rivaliser avec eux.
Mais en utilisant des critiques de gens lambda et de blogueurs, les distributeurs font deux choses : Premièrement ils amoindrissent le rôle des journalistes et deuxièmement, ils se mettent dans la poche une certaine partie du public (et des blogueurs).
Prenons dernièrement l’exemple de Black Storm, une des plus grosses bouses de cette année 2014. Comment vendre un film alors que la plupart des journalistes vont le trouver incroyablement nul ? C’est simple, rapprocher le cinéma aux gens en utilisant des mots que d’autres personnes comme eux utilisent et ayant moins recours à un registre technique.

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« Black Storm est une putain de dinguerie » n’est évidemment pas quelque chose qu’un journaliste dirait dans une chronique sur un de ces films, mais une personne lambda, oui.
Encore plus drôle dans ce cas-là, @AnanotherWorld, l’auteur de ce tweet en visitant son profil montre bien que le cinéma n’est peut-être pas son fort : « qd jvous dis que je suis émotionnellement sensible mdrr j’ai pleurée du début jusqu’à la fin de #NosEtoilesContraires ».
Loin de moi l’idée de faire ma mauvaise langue ou de juger trop facilement, mais avouons qu’on est loin de la critique de cinéma.

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Souvent cantonné à Twitter, ces critiques permettent de créer une relation entre le film et le public parce que ça lui parle, il comprend ces mots, il peut y réagir et se les approprier. Et si on y regarde de plus près, ce phénomène est souvent présent pour les grands distributeurs tels que 20th Century FOX, Warner, Sony Pictures, etc.
C’est une technique de plus en plus utilisée pour les grandes sorties de ces distributeurs. (Comme vous pouvez le voir dans cette galerie, avec contre-exemple pour les sorties de The Jokers).

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Chose encore plus étonnante, et le premier d’une longue lignée (peut-être), c’est bien évidemment la présence de tweets pour une campagne print d’un film. Nos Etoiles Contraires est le dernier exemple de film qui a fait parler de lui en n’utilisant que des tweets pour accrocher et non pas des critiques. Mais là encore, on sent que ce n’est pas complètement réfléchi. A regarder de plus près, les tweets choisis ne reflètent pas complètement le film comme il se doit.

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« Ce film est une dinguerie ». Considérant que ce film parle de deux adolescents en phase terminal d’un cancer, le terme n’est peut-être pas super bien choisi. Et c’est bien dommage et selon moi, avoir ce genre de choses reflète souvent  la mauvaise qualité d’un film. Vous allez me croire fou (ou d’autres me trouveront complètement sensé), mais l’avis d’un professionnel est pour moi beaucoup plus important parce que je me dis qu’il sait de quoi il parle.
Mais là encore, contre-exemple. Comme je disais, ce sont souvent les grands studios qui utilisent ce procédé. J’ai un petit peu menti. Le phénomène commence à apparaître au près des distributeurs plus petits comme Diaphana par exemple.

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Alors oui, vous allez me dire « Eh, mais vous êtes cités, vous nous faites tout un article sur ça, alors que vous aussi, vous êtes des vendus ». Oui, mais non. Laissez-moi vous expliquer. Sur Twitter, quand on est un bloggeur, le principal objectif (pour certains), c’est de se faire remarquer par les distributeurs. Parce que qui dit distributeurs qui nous aiment bien dit projections, jeux-concours, cadeaux, etc. Et surtout, le fameux retweet. Un retweet est un tweet qui est reposté sur la page d’un autre et il peut parfois s’agir de la page du distributeur. A quoi cela sert ? A atteindre une cible plus large et avoir une certaine notoriété. Comment y arriver ? En citant le distributeur à chaque fois que vous parlez de son film ou alors en écrivant quelque chose que le distributeur aime bien et partage.

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Dans le cas présent, nous ne citons plus les distributeurs lorsque nous donnons notre avis sur un film, point. Plus généralement et surtout, ça pose le problème du droit d’auteur. Etant donné qu’un tweet peut être considéré comme une citation courte, celle-ci est autorisée selon la loi. Mais n’est-ce pas la moindre des choses de demander si nous avons envie d’être cité ? Diaphana a pensé que ce n’était pas nécessaire et l’a fait sans autorisation. Nous n’allons pas évidemment demander de retirer ce tweet parce que le « mal » est fait (et que pour le coup, c’est un très bon film), mais cela peut devenir une étude de cas intéressante.
Comme vous l’avez compris, ce principe de publier des tweets en tant que critique est un nouveau phénomène que les distributeurs risquent de beaucoup utiliser au fur et à mesure du temps. Mais la grande question est : vont-ils bien l’utiliser ? J’ai principalement peur que la presse écrite professionnelle perde de son éclat et de son influence au profit des gens lambda et des blogueurs comme nous.

Une histoire à suivre…

Source : Twitter, Cloneweb, comptes distributeurs français.

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