Une histoire d’amour impossible confrontée à la lutte des classes ; le conflit entre un homme et une femme pour le pouvoir et la domination morale ; une oeuvre sur la nécessité d’être entendu ; une affaire de sentiments… Mademoiselle Julie, tragédie écrite par August Strindberg en 1888, aborde des sujets qui continuent d’inspirer metteurs en scène et cinéastes.
Liv Ullmann, muse et épouse d’Ingmar Bergman, reconnaît quant à elle avoir trouvé dans cette pièce de théâtre des « motifs qui [lui] importaient personnellement : être vue ou demeurer invisible, donner une image de soi qui ne correspond pas à ce que l’on est vraiment, être pour soi-même et non pour ce que les autres voient en vous, les rapports des sexes, les crises qui en découlent… ».
L’actrice, désormais cinéaste, livre une version austère et froide de ce huis clos tragique conjugué à trois, qui repose en majeure partie sur l’interprétation enlevée des acteurs. Jessica Chastain campe une héroïne fragile et hystérique, et se révèle formidable dans ses excès de caractère. Face à elle, Colin Farrell, tour à tour détestable et touchant dans le rôle de l’amoureux-bourreau qui refuse sa condition de simple valet mais semble pourtant résigné. Quant à Samantha Morthon, la docile et honnête cuisinière mue par une morale infaillible, elle tire son épingle du jeu grâce à une interprétation tout en finesse qui gagne en intensité à mesure que le film avance.
Mais en dépit de la distribution inspirée, de la qualité des dialogues, à la fois rugueux et passionnés, et de la photographie délicate, lumineuse et soignée, la mise en scène reste conventionnelle et l’aspect « théâtre filmé » s’avère à la longue assez rébarbatif.
Un film qui demeure hélas difficile et confidentiel.
Sortie le 10 septembre 2014.
Mademoiselle Julie Bande-annonce VO