Au carrefour des styles.
Chacun peut penser ce qu’il veut de Need For Speed (voir même ne rien en penser du tout pour ceux qui, comme moi, n’ont pas encore vu "la bêêête"), force est de constater que Scott Waughn a réussit à titiller l’oreille des amoureux de belles cylindrées grâce à Nathan Furst. Le nom de ce mécano des studios d’enregistrement ne vous dit sans doute rien, et pour cause : aucun des films dont il a assuré la composition ne sont sortis en France. Sa présence au sein de cette production n’est pourtant pas une absurdité, ce dernier ayant supervisé les réglages du tout premier run du réalisateur sur Act Of Valor. Vierge de tout a priori sur les capacités de ce compositeur à mettre en musique ce nouveau long métrage, on craignait cependant que son anonymat ne l’oblige à bassement imiter les préférences hollywoodiennes en terme de scoring, et ainsi livrer une performance sans relief. Erreur. Ce score, c’est un peu comme si le semi-remorque convoyé par Brian Tyler avait heurté de plein fouet la compact familiale de James Horner. Évidemment, dans ce terrible face à face, les trente tonnes de mécanique conduites par le stakhanoviste du cinéma d’action écrase lamentablement son malheureux adversaire. Une influence qui se traduit par un bon kilogramme de muscles cuivrés, de guitares suaves et d’ostinati parfaitement dans l’air du temps. Cependant, le poids lourd ne ressort pas totalement indemne de cette collision, héritant d’une écriture pour cordes et cuivres qui évoque, de manière plus ou moins évidente, certaines des partitions de James Horner (à titre d’exemple, le leitmotiv en trompette vers 1:47 sur In The Lead rappelle clairement celui écrit pour Troy). En résulte un plaisir d’écoute auquel cette classe cinématographique – celui du film d’action motorisé – nous habitue que trop rarement. Mais là n’est pas la plus belle des qualités de ce score. En effet, Nathan Furst dégage de manière efficace chacun de ses pupitres et parvient à les superposer sans pour autant les noyer dans un brouhaha assourdissant. Évidemment, pas de mélodie ou de thème, mais un motif pour lequel le compositeur témoigne un infini respect. Tantôt joué à la guitare (magnifique Marshall Motors), tantôt interprété par les cuivres, il s’insère dans chacune des pistes qui composent cette album, lui permettant ainsi d’acquérir une identité loin d’être totalement artificielle. Ainsi, on s’étonne de découvrir des compositeurs de la trempe de Nathan Furst emprunte pour une rocade éloignée des influences rock et électro actuelles, apportant par la même une surprenante noblesse à une production qui n’appelait pas, de prime abord, un tel traitement musical. Une douce surprise. (3.5/5)
Sortie Album : 15/04/2014. Sortie Film (France) : 16/04/2014. Édition : Varèse Sarabande. Format : CD. Compositeur : Nathan Furst. Durée : 70:34.