Horns, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Après une longue attente, voici enfin le retour d’Alexandre Aja sur grand écran avec l’inclassable Horns et son toujours étonnant Daniel Radcliffe. Fantastique, horreur, satire, romance, le film, l’adaptation est fidèle et ne ressemble à aucun autre film.

Depuis Piranhas 3D en 2010, Alexandre Aja n’avait pas forcément disparu de la circulation (il avait produit Maniac sorti en 2012) mais son dernier film s’est fait attendre depuis sa présentation au festival de Toronto en 2013. Horns est donc l’adaptation du roman de Joe Hill (fils de Stephen King et auteur de l’excellente mini-série Locke & Key à découvrir absolument !) dans lequel un jeune homme se réveille avec des cornes sur la tête. Des cornes qui révèlent la véritable personnalité des personnes qu’il peut croiser et qui pourront lui permettre de savoir qui a tué sa petite amie qui a été tuée récemment.

Dès le départ, il sera difficile de se fixer à un genre précis pour qualifier le film. Ce pourrait être un désagrément pour certains mais c’est bien tout ce qui fait toute la force du film qui navigue aisément entre la gentille bluette adolescente rêveuse et dramatique, le thriller avec cette recherche d’un coupable, un humour satirique plongeant dans les sombres pensées de tous les habitants de la bourgade, le film de balade de mômes style Stand by Me dans les flashbacks et le pur fantastique avec ces cornes qui ne peuvent faire que penser à un démon. Ne restant jamais sur un seul genre, il les embrasse, parfois tous en même temps, parfois à la limite du ridicule, s’arrêtant juste à temps pour ne pas tomber dedans.

Il en résulte alors un film original et à l’ambiance bien travaillée, entre l’atmosphère sombre de la forêt canadienne et les échos lumineux fantastiques de l’amour. On pourra effectivement lui reprocher quelques longueurs mais cela permet de faire des portraits plus poussés des personnages secondaires. On pourra reprocher la résolution de l’enquête trop prévisible, mais cette recherche du coupable n’est pas l’essentiel du récit qui se concentre surtout sur la réaction de notre anti-héros à cornes qui a toujours du mal à digérer la mort de sa bien aimée. Ainsi, chaque défaut trouve tout de même une raison d’être, jusqu’à ce final assez osé puisqu’il ose mettre du fantastique en plein jour là où beaucoup d’autres auraient situé l’action de nuit, ce qui pourra d’ailleurs paraître décevant ou étrange.

Ainsi, Alexandre Aja joue comme il veut avec les codes pour les manipuler comme Ig manipule la population locale. Jouant un dangereux numéro d’équilibriste, il s’en sort très bien tout en étant fidèle au livre dont il est issu. Sa mise en scène est parfaitement travaillée, de sa transition d’ouverture à un un délire de drogué cauchemardesque sublime, il ose, expérimente et apporte enfin des sentiments plus profonds que dans ses films d’horreur précédents.

Il faut aussi saluer la prestation de toute la distribution car, si Daniel Radcliffe est évidement remarquable dans ce rôle à l’opposé d’Harry Potter (il prouve encore, après la Dame en Noir, qu’il aime le fantastique sombre et qu’il y est bien à l’aise), Juno Temple, Heather Graham et tous les autres personnages secondaires s’amusent bien dans leurs rôles à plusieurs facettes.

Du rire au mystère, Horns est donc un film unique, aux diverses ambiances bien maîtrisées par un Alexandre Aja qui n’a pas peur de déconcerter ses spectateurs. C’est bien toute cette originalité qu’on aimera et qu’on encouragera, d’autant plus quand le film est un parfait écrin pour illustrer les capacités de son acteur principal.