Publié par Kev44600 le 27 septembre 2014 dans Critiques | Poster un commentaire
"Vous le connaissez sous de nombreux pseudonymes: «Monsieur dynamite», «Le parrain de la soul», «Le travailleur le plus acharné du show business». Préparez-vous à découvrir l’homme derrière la légende. Né dans une grande pauvreté en Caroline du Sud, au beau milieu de la grande dépression, en 1933, James Brown a survécu à une jeunesse émaillée d’abandon, d’abus sexuel, d’écoles de redressement et de prison. Personne ne lui a jamais appris les règles du jeu. Il était destiné à les briser. De son expérience de boxeur amateur ou de chanteur de rue, il a su canaliser chaque coup dur en un rythme qui se fit l’écho de sa rage de vivre. Il est devenu un des interprètes les plus influents qui marquèrent la scène soul ou funk, et l’artiste le plus samplé de l’histoire continue d’inspirer la plupart des artistes reconnus aujourd’hui."
Chadwick Boseman, épate, transcende le film et permet au film de tenir sur la durée.
Trois ans après la sortie de son film La Couleur des Sentiments, qui lui permis d’acquérir immédiatement une forte reconnaissance que ce soit aux États-Unis comme dans le monde entier grâce à ses multiples nominations et récompenses (merci aux performances d’Octavia Spencer et de Jessica Chastain), Tate Taylor revient avec un projet ambitieux, qui finalement prolonge ce qu’il avait entamé avec son précédent film. Loin du changement des conventions sociales par le biais d’un groupe de femmes, Tate Taylor s’attaque cette fois à l’un des plus grands bouleversements dans le monde de la musique : l’arrivée du funk avec James Brown. Véritable personnage à part entière, James Brown va devoir s’attaquer aux conventions déjà établies du monde de la musique, dans le but d’espérer gagner en notoriété et mettre en avant son talent, sa musique, de la même manière que le groupe de femme dans La Couleur des Sentiments a dû s’attaquer aux individus ne croyant pas à leur volonté de changement dans la société.
Mégalo, maniaque et prêt à tout pour être au premier plan et adoré de tous, James Brown n’est pas un homme qui transpire la sympathie. Au travers de son film, Tate Taylor s’attaque au créateur du funk et à celui qui en a inspiré plus d’un dans le monde de la musique, mais il s’attaque surtout à un homme dont on ne sait que très peu de choses sur son début de vie. L’homme est curieux et à partir du moment où la personnalité en question possède certains troubles et paraît méchante, on a envie d’en savoir plus, de savoir ce qui l’a rendu tel qu’il est. Débutant son récit en 1988, le scénariste du film décide de directement mettre en avant la mégalomanie de James Brown au travers d’une scène où vont se mélanger de la détresse et son envie de faire le show. De cette manière, le réalisateur peu profiter de cette scène pour débuter son film sur un rythme qui monte crescendo, notamment grâce à l’utilisation d’une musique de James Brown, détail amplifiant encore cette mégalomanie puisque la musique est à la fois inter et extra diégétique (elle provient à la fois de la scène et a également été amplifiée en post-production). D’un point de vue technique (réalisation comme montage), cette scène donne le ton et introduit parfaitement tous les thèmes qui vont être abordé dans le film. Malheureusement, elle en promet trop, surtout d’un point de vue rythmique, puisqu’à aucun moment une scène ne possèdera à nouveau cette parfaite symbiose entre rythme et intérêt scénaristique.
Loin de la sensibilité dont il faisait preuve dans La Couleur des Sentiments, Tate Taylor n’arrive pas à incorporer sa patte artistique dans ce biopic consacré à James Brown. C’est un film sur James Brown et c’est celui-ci fait donc vivre le film. Get on Up est porté par la fougue et la folie de son acteur principal, mais pas par la sensibilité ou la folie de son réalisateur. Tate Taylor fait vivre le film en mettant en scène un acteur prodigieux et en faisant en sorte que celui mange l’écran sur chaque plan. Il est de chaque plan, que ce soit en arrière ou au premier plan et c’est un bien pour un mal puisque Chadwick Boseman arrive sans problème à porter le film sur ces épaules grâce à un charisme et une énergie débordante, mais ça limite énormément le film qui ne dépassera pas la frontière du biopic hommage. Simple hommage à James Brown, tout en faisant attention à ne pas être trop méchant sur ce qu’il a pu faire afin de rester dans l’hommage, Tate Taylor revient sur les plus grands moments de sa vie, mais également sur son enfance, son adolescence… Cette volonté d’en montrer plus afin de permettre au spectateur de déchiffrer l’énigme James Brown est une bonne idée, mais la manière dont c’est fait l’est moins. De la même manière qu’une célébrité répond à une interview, le montage du film joue sur un système de question/réponse. De ce fait, et par la magie du montage, le film fait sans cesse des aller et retour dans le temps afin de pouvoir couvrir un maximum d’année et répondre à un maximum de questions en un temps limité. C’est intéressant, mais beaucoup trop long et de plus ce découpage n’inculque aucun rythme au film, au contraire il coupe le film dans son élan à chaque changement de scène. À partir du moment où la scène d’introduction nous démontre toute la folie qui se cache sous la personnalité énergique de James Brown, le restant du film, excepté quelques scènes dont celles aux tournures dramatiques, n’a plus aucun intérêt.
Finalement, c’est ce manque d’implication du réalisateur et cette volonté de ne pas vouloir aller plus loin que le simple hommage, qui va contraindre le film à ne pouvoir être intéressant sur toute sa durée. Chadwick Boseman est impressionnant et fait littéralement vivre le film. Pour son premier grand rôle (si on excepte 42 et Draft Day qui ne sont pas paru et ne paraîtront pas en Europe), le leader du groupe OutKast transcende le film et lui permet d’être enivrant malgré tout puisqu’on se demande bien jusqu’où il va aller, à quel point il va nous bluffer. Sans lui et bien entendu sans la bande sonore musicale composée uniquement de chansons de James Brown, ce film n’aurait aucun intérêt et serait plus ennuyant que plaisant.