Chaque matin, Christine (Nicole Kidman) se réveille en état de choc. Elle ne reconnaît pas les lieux, ni l’homme qui partage son lit. Et elle ne se reconnaît pas non plus dans le miroir. Suite à une brutale agression, survenue quatorze ans auparavant, elle souffre d’une forme particulière d’amnésie. Au bout d’une journée, sa mémoire s’efface complètement. Quand elle se réveille elle a oublié ce qu’elle a fait la veille, ainsi que les vingt dernières années.
Chaque matin, son mari, Ben (Colin Firth), doit prendre le temps de lui expliquer la situation, ravalant sa frustration et sa lassitude.
Mais tout espoir n’est pas perdu. Depuis quelques semaines, sans prévenir Ben, Christine a pris contact avec un psychiatre, le docteur Nash (Mark Strong), qui travaille sur les traumatismes de la mémoire et est en mesure de l’aider. Il lui a donné l’idée de tenir un journal vidéo, dans lequel elle pourra enregistrer les informations importantes et se les remémorer rapidement. Chaque matin, il l’appelle pour lui dire où est rangée la caméra, et passe la prendre pour ses séances de psychothérapie et d’hypnose. La méthode porte ses fruits. Christine est assaillie de petites bribes de souvenirs. Des détails de son agression, des visages familiers, des moments de vie…
Mais plus la thérapie avance, plus Christine est assaillie par le doute. Elle réalise que son mari lui cache des choses. Pourquoi ne lui parle-t-il jamais de son agression? Pourquoi lui cache-t-il l’existence de leur fils? Et celle de sa meilleure amie, Claire? Est-il vraiment digne de confiance?
Et le Docteur Nash? Peut-elle se fier à lui, qui chaque jour, pénètre dans son subconscient?
Cette trame, qui rappelle un peu le Memento de Christopher Nolan, est évidemment un terreau fertile pour cultiver un thriller angoissant. Il faut reconnaître que le récit est plutôt bien mené, exploitant au mieux la situation inconfortable de l’héroïne, incapable de se souvenir de ce qu’elle a fait la veille, et ménageant quelques habiles retournements de situation. Et Nicole Kidman est plutôt convaincante dans la peau de cette femme perdue, en quête de son passé et de son identité.
Hélas, ce n’est pas suffisant pour nous faire accepter sans ciller le côté improbable de cette intrigue et nous tenir en haleine pendant 90 minutes. Le roman à succès dont le film est tiré (1) fonctionnait parce qu’il prenait le temps de faire monter la tension, jouant sur le côté répétitif des journées de Christine Lucas, mais aussi et surtout parce qu’il reposait sur le talent d’écriture de son auteure, S.J. Watson.
Ici, au niveau du langage cinématographique, c’est assez pauvre. Rowan Joffé se contente d’illustrer platement le récit. Ce genre de film était pourtant propice à une mise en scène hitchcockienne, avec mouvements de caméra élaborés, composition des cadres précise et effets de lumière subtils. Mais manifestement, le jeune cinéaste n’a pas osé s’aventurer sur ce terrain-là. Ou il ne maîtrise pas suffisamment les codes du thriller. On le sent un peu plus à l’aise dans le registre du mélodrame, à en juger le dénouement du film, qui n’évite pas, toutefois, quelques excès de mièvrerie.
Heureusement, les acteurs assurent le métier. Nicole Kidman, on l’a dit, porte quasiment le film à elle seule, bien aidée par ses deux partenaires masculins, Mark Strong et Colin Firth, qui apportent suffisamment de charme et d’ambigüité à leurs personnages pour troubler le spectateur.
Grâce à ce beau trio, Avant d’aller dormir reste un film tout à fait regardable. Mais, sans mauvais jeu de mots, il n’est pas taillé pour marquer durablement les esprits, ni pour laisser une trace inoubliable dans l’histoire du 7ème Art.
(1) : “Avant d’aller dormir” de S.J.Watson – éd. Sonatine
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Avant d’aller dormir
Before I go to sleep
Réalisateur : Rowan Joffé
Avec : Nicole Kidman, Colin Firth, Mark Strong, Anne-Marie Duff, Adam Lévy, Dean-Charles Chapman
Origine : Royaume-Uni, France, Suède
Genre : thriller pas inoubliable
Durée : 1h32
date de sortie France : 24/09/2014
Note : ●●●○○○
Contrepoint critique : Culture Box
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