Annabelle, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Annabelle, la poupée maléfique de the Conjuring, débarque toute seule au cinéma, comme une grande, histoire d’effrayer les spectateurs … mais ceux-ci risquent plutôt de regarder leur montre.

Après le succès de the Conjuring, les producteur ont immédiatement mis une suite en chantier, mais comme il faut du temps pour continuer d’explorer les dossiers des Warren et qu’il fallait à tout prix profiter du film encore dans les esprits, il fallait bien sortir rapidement un film. Et comme le prologue avec la poupée maudite, Annabelle, s’était révélé plutôt efficace, pourquoi ne pas faire tout un film sur cet objet effrayant pour faire patienter tout le monde ? Oui mais voilà, en faisant un film aussi rapidement pour des raisons uniquement marketing, on oublie d’écrire un scénario vraiment original et avec des personnages forts. Et on oublie aussi d’embaucher un bon réalisateur et des acteurs crédibles, alors il ne faudra pas s’étonner du résultat.

L’histoire d’Annabelle commence un soir où des cinglés appartenant à une obscure secte satanique s’attaque au couple Form dont la femme, Mia, est enceinte. Heureusement pour eux, la police débarque et règle son compte aux deux tarés (non pas le couple, les membres de la secte voyons, même si l’inverse aurait été plus palpitant), mais ils ont tout de même eu le temps de jeter un sort sur l’une des poupées que collectionne Mia, la fameuse Annabelle. A partir de là, ça va aller de mal en pis pour la petite famille aux prises avec un être démoniaque.

Convoquant autant Rosemary’s Baby qu’Insidious, le réalisateur John R Leonetti (directeur photo sur Insidious et Conjuring justement, et accessoirement responsable de la suite de l’Effet Papillon sortie directement en DTV) enchaîne les clichés sans jamais donner aucune personnalité au film ni à la poupée d’ailleurs qui n’est finalement pas vraiment le centre de l’histoire (on sera très loin d’une poupée tueuse à la Chucky, vous êtes prévenus). Nous avons droit à tout l’éventail du film de démon avec la femme enceinte qui veut protéger son bébé à tout prix, la bibliothécaire occulte black prête à rejoindre sa progéniture décédée quelques années plus tôt, le prêtre sympa un peu pédophile sur les bords (la première chose qu’il fait en voyant le bébé de Mia, c’est le prendre en photo), le mari compréhensif (mais alors vraiment très gentil, limite concon) , des dessins qui annoncent quelque chose de mauvais, un landau maudit, des problèmes d’électricité, des voisins bruyants, des courants d’air et évidemment un démon et une poupée avec laquelle il s’amuse.

Rien d’original donc, mais en plus le réalisateur ne va jamais réussir à nous offrir le moindre frisson. En effet, en répétant sans cesses les mêmes artifices sensés nous effrayer pendant tout le film (à coup d’apparition-disparitions du démon dans un coin du cadre), il lasse plus qu’autre chose, quand il ne se vautre pas dans le ridicule et l’ultra prévisible. Même l’effet le plus facile, à savoir les jump-scare (effets qui ne sont là que pour nous faire sursauter), sont ratés tant ils sont annoncés à l’avance et désamorcés. Ici, il n’y a aucune ambiance assez travaillée pour que les effets prennent vraiment et tout semble bien artificiel jusqu’au jeu complètement transparent des acteurs.


Face au manque de personnalité, de rythme et d’efficacité, on se demande clairement pourquoi Annabelle n’est pas sortie directement en vidéo pour ceux qui voulaient en savoir plus. De notre côté, on préférera attendre le retour de Vera Farmiga et Patrick Wilson dans la vraie suite de the Conjuring.