Profitons de la fin de première saison de the Strain pour revenir sur l’un des meilleurs apports au film de vampires new-yorkais par Guillermo Del Toro avec sa vision du diurnambule dans Blade 2.
En 1998, Stephen Norrington avait surpris tout le monde en adaptant pour le cinéma le comic-book quasi-inconnu du grand public, Blade. Un an après la catastrophe Batman & Robin, il marquait ainsi, avant le succès de X-Men, la possibilité pour des comics d’être adaptés de manière sérieuse avec un film au scénario bien travaillé et à la mise en scène impeccable pour nous faire entrer dans l’univers de ce vampire particulier traquant les siens avec le charisme de Wesley Snipes. En plus de critiques plutôt positives, le film est également un bon petit succès public qui incite évidemment les producteurs à se pencher sur une suite.
Stephen Norrington étant parti sur d’autres projets (dont le maudit La Ligue des Gentlemen Extraordinaires), les producteurs s’intéressent à un autre réalisateur qui aurait assez de savoir-faire technique et en même temps un univers singulier dans lequel pourrait s’inscrire le héros. Il est tout trouvé en la personne de Guillermo Del Toro. En effet, le mexicain a déjà prouvé son efficacité dans les tunnels new-yorkais de Mimic et a aussi montré sa sensibilité dans l’Echine du Diable. Encore mieux, presque 10 ans avant, il a déjà réalisé un petit film de vampires : Cronos. Il est donc assurément l’homme qu’il leur fallait et celui-ci accepte avec plaisir.
Côté scénario, David S Goyer est toujours aux commandes (avant de prendre la caméra pour le pathétique 3e volet de la saga) et oriente la saga vers une dimension radicalement différente du premier volet. Car si l’ambiance urbaine, sale et sanglante des tunnels de la société secrète est toujours là, l’histoire sera bien plus linéaire à suivre. Cette fois, une nouvelle espèce de vampire fait son apparition, des mutants plus puissants et dangereux qui s’en prennent à nos vampires classiques. Ceux-ci vont alors demander un coup de main à Blade pour mettre un terme à cette menace. Mais leur collaboration ne se fera pas sans heurts, étant donné qu’ils ne peuvent pas se faire confiance et que des trahisons et des sentiments peuvent se mêler à tout cela.
L’histoire est donc simple et va à l’essentiel mais permet à Guillermo Del Toro de briller du côté de sa mise en scène ultra fluide avec des scènes d’action d’une efficacité redoutable. Chaque combat est ici parfaitement fluide, dynamique à souhait pour ne laisser aucun temps mort. Le film est ainsi bien rythmé entre les moments d’action, de suspense mais aussi les pauses de l’équipe remplies de tension entre les différents membres du groupe. L’ennui n’a jamais sa place et les surprises restent toujours là, en particulier lors de quelques séquences aux effets gores marquantes. Avec son plus gros budget en mains (à l’époque), Guillermo Del Toro se fait vraiment plaisir et ça se ressent dans sa manière d’aborder le film, si bien qu’on a l’impression que le film a coûté plus cher. Car c’est l’une des autres qualités du réalisateur : une parfaite maîtrise de son budget qui se retrouve bien plus impressionnant à l’écran.
En plus de cela, Blade 2 fait partie intégrante de l’univers de Guillermo Del Toro, que ce soit par la présence des vampires et de Ron Perlman, mais aussi avec cette menace indicible venant des profondeurs ou de la relation que peut avoir Blade avec son mentor Whistler. Le réalisateur impose donc sa patte, donnant derrière la simplicité de l’histoire, une certaine authenticité qui le rapproche du public.
Sorti en 2002, le film sera un succès, à la fois critique (confirmant alors le potentiel de Guillermo del Toro) mais aussi public puisqu’il s’agit du volet qui a rapporté le plus au box-office. Evidemment, le réalisateur était pressenti pour en réaliser le 3e volet mais a préféré s’orienter vers une autre adaptation de comics qui lui tenait encore plus à cœur depuis plusieurs années : Hellboy.