Publié par Kev44600 le 23 octobre 2014 dans Critiques | Poster un commentaire
« Depuis la nuit des temps, au fin fond du Mexique, les esprits passent d’un monde à l’autre le jour de la Fête des Morts. Dans le village de San Angel, Manolo, un jeune rêveur tiraillé entre les attentes de sa famille et celles de son cœur, est mis au défi par les dieux. Afin de conquérir le cœur de sa bien-aimée Maria, il devra partir au-delà des mondes et affronter ses plus grandes peurs. Une aventure épique qui déterminera non seulement son sort, mais celui de tous ceux qui l’entourent. »
À peine une semaine après la sortie du long-métrage d’animation Les Boxtrolls, nouvelle œuvre tout droit sortie des studios Laika, voici que débarque un tout autre film d’animation, La Légende de Manolo, une production Reel FX Creative Studios en collaboration avec Guillermo del Toro. Alors qu’il n’est ni réalisateur, ni scénariste, Guillermo del Toro n’est pas pour rien dans le bon déroulement de la mise en chantier de ce film d’animation mexicain puisque c’est lui qui a financé le film afin qu’il puisse par la suite trouver des distributeurs et autres producteurs afin que tout puisse avancer sans encombre. Véritable machine de guerre, le réalisateur mexicain représente fièrement son pays d’origine et grâce à lui, son homologue Jorge R. Gutierrez a pu financer et mettre en boîte le film d’animation dont il rêvait et sur lequel il travaillait depuis quatorze années maintenant. C’est ainsi que naquit La Légende de Manolo, film d’animation auto-biographique et inspiré de la légende grec d’Orphée et Eurydice.
La Légende de Manolo, transporte le spectateur dans le village mexicain de San Angel, dans lequel vivent Manolo et ses amis Maria et Joaquin. Tous deux amoureux de Maria, Joaquin et Manolo vont tout faire pour réussir à se mettre en valeur afin de se faire remarquer par Maria. Malheureusement, leurs histoires personnelles vont les rattraper et les trois amis vont être séparés dans le but de suivre le chemin préconçu par leur famille respective. Conte pour petits et grand, La Légende de Manolo se repose sur une très belle histoire d’amour entre trois personnages qui vont se découvrir une personnalité au fur et à mesure de leur avancement dans l’âge. Comme beaucoup de films d’animation qui n’ont pas pour but de prolonger leur histoire via une ou plusieurs suites, La Légende de Manolo nous dévoile les protagonistes à deux moments de leurs vies : durant leur plus petite enfance, puis à leur entrée dans le monde adulte. C’est un détail qui peut paraître anecdotique, mais ça permet au spectateur de se lier plus aisément aux personnages, tout en permettant au scénario d’effectuer un parallèle intéressant entre leur vision d’enfant et leur nouvelle vision d’adulte. Puisque oui, là où l’amour n’est que maigre mot dans son enfance, celui-ci prend une tout autre ampleur durant l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte. À l’image du couple shakespearien Roméo et Juliette, tout oppose l’union de Manolo et Maria sauf leur amour réciproque. Non pas inspiré de la pièce de la tragédie de William Shakespeare, mais de la légende grecque d’Orphée et Eurydice, La Légende de Manolo conte à petits et grands une histoire d’amour qui franchie les limites de la raison. Histoire d’amour avec un grand A, La Légende de Manolo outrepasse les limites du naturel et emporte le spectateur jusque dans le royaume des morts afin qu’il affronte avec Manolo ses plus grandes peurs et qu’il retrouve celle qu’il aime, pour laquelle il serait prêt à tout.
Au-delà de son histoire d’amour qui réjouira seulement les plus jeunes, car convenue et fort classique dans ses rebondissements, La Légende de Manolo est un récit fantastique au travers duquel le royaume des morts est traité de manière à ce qu’il ne soit pas lugubre et morbide comme on pourrait s’y attendre. Chatoyant, jovial et réjouissant, le monde des morts, ou plus spécifiquement de ceux qui n’ont pas encore été jugés est un monde où règne une bonne humeur constante. Dessiné comme une véritable fête foraine où chaque couleur est éclatante à notre vue, ce royaume est en parfaite opposition avec le monde des humains, monde dans lequel Manolo ne peut vivre la vie dont il désire et doit prendre un chemin déjà préconçu par la renommée de sa famille. Intelligent dans sa conception et dans sa vision presque dionysiaque de la vie et de la mort, il l’est tout autant dans son dessin et ses choix artistiques. Joliment conçu, le film d’animation arbore un design simple, mais pas simpliste pour ses environnements, mais utilise astucieusement un aspect marionnette pour ses personnages, ce qui nous ramène parfaitement à la légende grecque dionysiaque et à l’emprise que possèdent les dieux sur les protagonistes. Loin d’être moche, sans être une véritable révolution sur le plan technique, c’est donc par son esthétique qui sert habilement son propos, que le film d’animation La Légende de Manolo sort du panier et permet aux petits comme aux grands de passer un joli moment.
Pour leur troisième film d’animation, les studios Reel FX Creative Studios ont effectué un beau travail et ont su trouver en cette histoire l’opportunité d’une vie. Loin des directs-to-dvd qu’ils avaient pu produire auparavant ou du faussement joviale et sympathique Free Birds, La Légende de Manolo sort des sentiers battus et permet aux plus jeunes de découvrir une belle histoire d’amour qui franchis les frontières du rationnel. C’est beau, touchant et tantôt drôle grâce à divers personnages secondaires qui apportent quelques traits d’humour, ce film d’animation ne révolutionne en rien le genre, mais permet de passer un agréable moment, tout en ce servant habilement de la légende grecque dont il s’inspire puisque celle-ci dispose dans ce film d’une fin différente, plus adapté à un conte pour enfant bien évidement.