La foi d’un ecrivain

Par Amandine97430

De : Joyce Carol Oates

Quatrième de couverture des Éditions Philippe Rey :  Avec plus de quatre-vingts ouvrages à son crédit et une place de premier plan dans la littérature américaine, Joyce Carol Oates se voit souvent poser la question : comment devient-on écrivain ? Bien que le travail de l’imagination demeure un mystère, Oates fournit, à travers ce livre, un certain nombre de réponses à ceux qui s’interrogent sur l’acte d’écrire et le processus de création. Traitant non seulement de l’inspiration, mais aussi de la mémoire, de l’autocritique et de l’ » unique pouvoir de l’inconscient « , Oates aborde la manière dont le langage, les idées et l’expérience se rassemblent pour créer une œuvre. Sur un plan plus personnel, elle évoque ses premiers pas – dès sa tendre enfance – dans le domaine de l’écriture, offre de précieux conseils aux jeunes écrivains, et s’amuse même à décrire les affres de l’auteur au travail. Et si, tout au long de ces pages, court le fil du doute et de l’humilité, s’affirme aussi une certitude : l’inspiration et l’énergie – et même le génie – sont
rarement suffisants pour produire une œuvre d’art littéraire : car faire de la prose est aussi un métier, et un métier doit s’apprendre…

MA CHRONIQUE

Autant son roman Je vous emmène m’a laissé de marbre, autant celui-là m’a conquis. Pourtant, en même temps, je m’attendais à quelque chose qui se rapprocherait beaucoup des Mémoires d’écritures de Stephen King. Et, en fait non. En effet, le côté autobiographique m’a manqué un peu ici. Certes, au début du roman, elle évoque quelques souvenirs dont ceux quand elle était petite et scolarisée. C’est à cette époque apparemment qu’elle a découvert la lecture, les livres et probablement, l’écriture aussi.

Mais finalement, je m’attendais à ce qu’elle se livre beaucoup plus. J’aurai voulu savoir concrètement comment était né son envie d’écriture. Ou comment son parcours d’enfant, de femme puis d’épouse et enfin de mère, avait influencé l’écrivain qu’elle est aujourd’hui. Néanmoins, elle semble attacher à séparer, à faire la distinction entre sa vie professionnelle et personnelle. Certainement, pour protéger au mieux les siens et elle-même. Peut-être aussi qu’elle n’a pas envie de tout partager avec nous car cela ne regarde qu’elle. Elle veut préserver une intimité et donc, ne pas trop se livrer se dévoiler.

D’un autre côté, son roman est une vraie richesse pour tous ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture. Effectivement, elle donne de précieux conseils surtout avec la carrière et l’expérience qu’elle a ce qui n’est pas rien bien au contraire. C’est aussi dans cette partie que le titre prend tout son sens: la foi d’un écrivain. Le parcours de ce dernier se révèle être le parcours du combattant et je rajouterai que ce parcours ne s’arrête pas une fois le livre fini. Disons que la bataille ne fait que commencer. Parenthèse à part, écrire nous dit-elle met à mal ou/et à profit notre patience, rien n’est jamais acquis et on apprend à chaque moment. Elle parle aussi beaucoup du travail de réécriture qui m’a fait penser à Pénélope et à sa toile qu’elle n’avait de cesse de défaire le soir venu pour repousser ses prétendants. Réécrire encore et toujours, voila peut-être le maitre mot, le leitmotiv de l’écrivain.

Par ailleurs, Joyce Carol Oates cite de nombreux auteurs pour illustrer ses propos. Pour Virginia Woolf, l’écriture fut synonyme de perpétuelle remise en question, d’inquiétude aussi. Pour d’autres, ce fut des livres publiés sans succès mais une consécration tardive voir posthume pour certains. Elle évoque également ce soucis de l’écrivain qui a toujours peur de ne jamais finir son œuvre à cause d’une mort ou d’une maladie qui remettrait tout en cause. L’écriture donc plus qu’un autre art fait-il prendre conscience du fait de vieillir et donc de mourir un jour au l’autre? Il semblerait que oui.

En outre, la croyance populaire qui veut que les artistes soient tous des êtres torturés n’en est que plus vrai ici. Prenons par exemple, le cas des sœurs BrontË. Elles ont mis au goût du jour le roman victorien mais leur vie personnelle était chaotique. Mais, le plus parlant serait sans doute la brillante auteure anglaise, Virginia Woolf. Alors âgée de 59 ans, elle décida de mettre fin à ses jours. Même si, beaucoup supposent qu’elle était atteinte de troubles bipolaires à l’époque, comment ne pas penser aussi que l’exercice périlleux de l’écriture et du succès ne l’ait pas conduite aussi à cette fin dramatique?

Mais, l’auteure ici n’évoque pas que les démons des écrivains. Je crois qu’elle veut vraiment faire comprendre à celui qui débute que rien n’est facile. Qu’écrire est un acte de foi, un acte difficile. En plus de ses nombreux conseils avisés, elle dresse une liste non exhaustive d’auteurs très variés qu’on « doit » lire pour enrichir son expression, son champs lexical….et cetera. Et évidemment aussi, pour enrichir notre façon d’écrire.

Vous l’aurez compris, La foi d’un écrivain est un très bon roman qui passionnera à coup sûr les écrivains en herbe, les confirmés ou tout simplement les lecteurs.

18 SUR 20