Ted Kotchef lors de la soirée spéciale Rambo
Parmi le Best of du festival Lumière, Wake in Fright/Réveil dans la terreur de Ted Kotcheff . Le réalisateur canadien de Rambo a marqué par sa simplicité et la qualité de ses interventions le début du festival Lumière. La soirée consacrée à Rambo a été avec celle de Piège de cristal en présence de John McTiernan, l’un des moments les plus émouvants de cette édition.
Séances à l’Institut Lumière : jeudi 06 novembre 2014 à 21:15 et lundi 10 novembre 2014 à 21:00 à 18:45
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Wake in Fright /Outback/Réveil dans la terreur
De Ted Kotcheff
Avec Donald Pleasence, Gary Bond, Chips Rafferty
Australie , 1971, 1h48
Sortie en France : 21 juillet 1971
Ressortie en salle le 3 décembre
DESCRIPTION
John Grant (Gary Bond) est instituteur, en poste dans une ville perdue de la brousse australienne. En route pour Sydney où il doit passer Noël, il fait halte dans la ville minière de Bundanyabba. Il boit trop, perd tout son argent au jeu et rate son avion. Le lendemain, il se retrouve sous la coupe de Tim Hynes (Al Thomas) et de ses potes Dick (Jack Thompson), Joe (Peter Whittle) et de l’étrange Doc (Donald Pleasence), coincé dans ce désert de poussière et de chaleur aux allures d’enfer.
Dans une atmosphère caniculaire, à la moiteur quasi palpable, l’étranger John Grant découvre une ville dont les habitants ont l’hospitalité agressive, des passe-temps curieux, et où il est impossible de refuser un verre d’alcool. De verre en verre, l’instituteur ne maîtrise plus rien et ne peut échapper à cette société aux instincts les plus primaires : violence bestiale, sexe, jeu, alcool… John Grant devient prisonnier de son environnement, tantôt entraîné et victime, tantôt amusé et complice. Mais tant qu’il n’aura pas touché le fond (et appris sur lui-même), tout le ramène à “Yabba”, dans un véritable cercle infernal.
A PROPOS DU FILM
Ted Kotcheff dresse le portrait effrayant d’une société abrutie de confort, une société primaire, sans réflexion, où les hommes s’adonnent à des jeux cruels pour s’amuser, reléguant leurs femmes aux rôles de soubrettes. Des idiots sur fond de braves types, toujours prêts à s’amuser, mais d’une bêtise dont naissent les brutes fascistes. Dans cette œuvre d’une rare fureur, le cinéaste Ted Kotcheff, dans un souci de réalisme social (parfois quasi documentaire), étire ses descriptions jusqu’à l’enivrement et l’écœurement, mettant le spectateur dans la peau de John Grant. Cette sensation de malaise troublant, qui dure de la première à la dernière minute, est également portée par des acteurs habités par leurs rôles : Donald Pleasence y est exceptionnel dans son interprétation de Doc, au début le plus rassurant de tous, finalement sans doute le plus cinglé.
Lorsqu’une simple halte devient une lente et terrible descente aux enfers dont on ne voit jamais la fin, un voyage au bout de la bêtise crasse et de l’aliénation consentie, le constat est bien le même que celui de Sartre : « L’enfer, c’est les autres ».
« Outback est donc un regard lucide, et impitoyable, sur un pays apparemment sans histoire, mais qui sombre dans le vil consentement de lui-même. L’argent et la bière ont tué tout idéal, toute velléité de pensée. » (Raymond Lefèvre, La Revue du cinéma/Image et Son, n° 254, novembre 1971)
Faux billets en pagaille
Afin de tourner la scène du tripot, de nombreux faux billets sont imprimés. L’accessoiriste note scrupuleusement le nombre de billets donnés à chacun, acteurs comme figurants. Pris au jeu, certains oublient que l’argent est faux, d’autres tentent d’attendrir l’accessoiriste, tandis que les plus vaillants se battent entre eux. À la fin du tournage, lors du comptage des faux billets, l’accessoiriste se rend compte qu’une grande quantité manque à l’appel…
Vrais ou faux kangourous
Lors de la séquence de chasse, les kangourous poursuivis en voiture, tous phares allumés, sont bien réels : ils ont d’ailleurs facilité le tournage en fuyant de tous côtés à l’approche des caméras. Mais les kangourous tués ou blessés étaient des animaux empaillés et truqués. Et lorsque l’un d’entre eux, heurté par la voiture, s’envole et retombe plusieurs mètres plus loin, Ted Kotcheff déclare, telle une oraison funèbre : « Je suis sûr qu’un vrai n’aurait pas été aussi bien ! »
Fan absolu
Martin Scorsese est un grand admirateur de Réveil dans la terreur. C’est lors de sa projection à Cannes en 1971 que le jeune réalisateur, encore inconnu du public, découvre ce film qui l’enthousiasme. Et c’est avec le même plaisir qu’il le reverra des années plus tard, en 2009, lors du retour du film sur la Croisette dans la section Cannes Classics.
L’Australie à Cannes
Réveil dans la terreur est le tout premier film australien sélectionné au Festival de Cannes. Il ne sera pas récompensé en 1971, mais recevra les honneurs de la critique.
Australie, 1971, 1h48, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : Ted Kotcheff
Scénario : Evan Jones, d’après le roman Wake in Fright (Cinq matins de trop) de Kenneth Cook
Photo : Brian West
Musique : John Scott
Montage : Anthony Buckley
Décors : Dennis Gentle
Costumes : Ron Williams
Production : George Willoughby, Maurice Singer, Group W, NLT Productions
Interprètes : Donald Pleasence (Doc Tydon), Gary Bond (John Grant), Chips Rafferty (Jock Crawford), Sylvia Kay (Janette), Jack Thompson (Dick), Peter Whittle (Joe), Al Thomas (Tim Hynes), John Meillon (Charlie), John Armstrong (Atkins), Slim De Grey (Jarvis), Maggie Dence (la réceptionniste), Norman Erskine (Joe, le cuisinier), Owen Moase (le premier contrôleur), John Dalleen (le second contrôleur), Buster Fiddess (Charlie Jones), Tex Foote (Stubbs), Jacko Jackson (le chauffeur de camion), Nancy Knudsen (Robyn), Dawn Lake (Joyce), Harry Lawrence (Higgins), Bob McDarra (Pig Eyes), Carlo Manchini (le joueur de poker), Liam Reynolds (le mineur)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1971
Sortie en France : 21 juillet 1971
Ressortie en salle le 3 décembre, par La Rabbia