A maze-ing.
Minet(te) en rebellions envers le monde des adultes et ce statut d’être inopérant dans lequel ils demeurent conscrit, la littérature et le cinéma occidental tente ainsi d’exploiter ces frustrations adolescentes en retournant ces complexes sous la forme de récits fantastiques prompts à les accompagner dans leurs crises ontologiques. Dans la majorité des cas, ce type d’écriture ajustée, illustrant les grandes étapes de la vie délivre des œuvres repliées sur elles-même parce qu’il est de bon goût de se moquer de cet art. Mais parfois, cette conception peut nous réserver d’agréables surprises. Le Labyrinthe, énième adaptation d’un roman de science-fiction pour ado, aspire d’abord à évoquer le distance qui sépare l’âge ingrat de celui de raison. Le Bloc, îlot sauvage au sein duquel sont isolé les jeunes adonis, cobayes d’une mystérieuse expérience, fait ainsi face à un gigantesque labyrinthe, incarnation parfaitement classique de cette rude étape transitoire vers la maturité. L’ensemble de la première partie se rapporte alors à un vaste corridor d’initiations qui poussera la curiosité du jeune héros à vouloir pénétrer dans le sanctuaire mortel, faisant de lui, après être parvenu à écraser l’un de ses affreux gardiens, l’élu qu’une partie de la communauté souhaitait voir naitre. L’exposition de cet ordre fraternel, répondant à des règles simples – et régulièrement violées par ses membres – nous apparaitra rapidement comme une artificialité béate assortie d’une démonstration de tous les instants incarnée par des dialogues et personnages archétypaux. En outre, il manque à ce cross un éclaireur capable de prendre un peu de hauteur lorsque les griffes des monstres viennent larder le cocon de nos jeunes héros. En bref, un véritable créateur d’image. Cependant, le spectateur, celui hanté par le fantôme du marionnettiste et de l’icône glam-rock des seventies, ou bien celui emporté par la fièvre des permutations enfanter par Max Jurgen Kobbert, se laissera gentiment convaincre par l’efficacité de la narration et la solide direction artistique du tracé, quand bien même l’écheveau de mystères lui donnant ses dimensions de rhizome (l’identité de l’organisation maitresse, le rôle du héros au sein du système) semble progressivement refuser toutes sinuosités infranchissables. À l’arrivée, Le Labyrinthe change quelque peu de configuration en affirmant, par le meurtre et la violence, le sentiment d’abandon d’une génération condamné par leurs pères à devenir des êtres sacrifiables pour une plus grande cause. Un embranchement en cours d’édification qui se poursuivra sans nul doute dans sa suite, dont la sortie est dors et déjà prévue pour l’automne prochain. En attendant, on ne peut que se laisser charmer par ce qui constitue l’une des tentatives de cinéma pour teenagers les plus appréciables que l’on ait découvert cette année. (3/5)
The Maze Runner (États-Unis, 2014). Durée : 1h54. Réalisation : Wes Ball. Scénario : Noah Oppenheim, Grant Pierce Myers, T.S. Nowlin. Image : Enrique Chediak. Montage : Dan Zimmerman. Musique : John Paesano. Distribution : Dylan O’Brien (Thomas), Aml Ameen (Alby), Will Poulter (Gally), Thomas Brodie-Sangster (Newt), Kaya Scodelario (Teresa), Ki Hong Lee (Minho), Blake Cooper (Chuck).