[Critique] John Wick réalisé par David Leitch et Chad Stahelski

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire, jusqu’à ce qu’un malfrat sadique nommé Iosef Tarasof remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang, et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Un ancien contact, Aurelio, lui apprend que le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof. La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses. »

« Dans le registre de l’action, John Wick c’est 50 nuances de LOL. »

Keanu Reeves, c’est une filmographie éclectique au possible avec des films qui vont de la série b au thriller psychologique, mais également un rôle qui bouleversa littéralement sa carrière, celui de Néo dans une trilogie qui marqua toute une génération : Matrix. Depuis l’année 2003 et les sorties consécutives de Matrix Reloaded et Matrix Revolution, Keanu Reeves s’est fait de plus en plus discret sur les plateaux de tournage. Mis à part le très divertissant Constantine et le trop méconnu et mésestimé A Scanner Darkly, il ne c’est que trop peu fait voir en haut de l’affiche. Ça ne pouvait plus durer et à la manière d’un Liam Neeson, Keanu Reeves a décidé que 2014 serait l’année de son retour. Avec Man of Tai Chi et 47 Ronin les amateurs de l’acteur avaient de quoi être satisfait, mais les films laissaient un goût amer. On en voulait plus, on voulait quelque chose de plus croustillant, une série b à la manière de Speed, film décomplexé et déjanté dans lequel il faisait parler les muscles par défaut. Il ne faut plus chercher, on a enfin le film que l’on voulait. Il est enfin de retour, mais il ne faut plus l’appeler Keanu Reeves, ce sera dorénavant : Wick. John Wick.

Ne cherchez pas, cette critique n’aura rien d’interstellaire ou de philosophique. Avec un simple synopsis ou une simple bande-annonce, au demeurant extrêmement efficace, on sait dans quelle direction va ce film et où il souhaite emporter le spectateur. John Wick paraissait être une Série B décomplexée, déjantée et absurde. Elle paraissait l’être à la simple vue de sa bande-annonce et elle l’est encore plus dans sa version complète. Reprenant des codes vidéoludiques, tout en y incrémentant quelques idées scénaristiques afin de faire avancer le protagoniste dans sa longue chevauchée vers le combat final, John Wick réussi à divertir, tout en évitant au spectateur de perdre définitivement les neurones qu’il lui resterait ou aurait en trop. On ne sait jamais, un surplus de neurones, peut blesser et même engendrer la mort. Ça, John Wick il le sait et c’est bien pour cette raison que lorsque deux malfrats, russes de préférence, entrent chez lui par effraction pour lui voler sa magnifique Ford Mustang 1969 et en profitent pour tuer son petit chien qui n’a rien demandé à personne, il décide de ne plus réfléchir et de sortir l’artillerie lourde. Au cours des quinze premières minutes du film, tous les éléments sont réunis pour tenter de faire pleurer le spectateur. Un chien tout mignon qui arrive sur le pas de la porte, la dernière lettre de la femme de John Wick, la complicité entre le chien et son maître, pour finir avec l’assassinat du chien. C’est simple, un chien est le meilleur moyen pour sombrer dans le pathos afin de dramatiser une situation et bien faire comprendre aux spectateurs que les Russes sont les méchants qui doivent mourir et que John Wick, malgré un passé trouble, est un gentil monsieur auquel il arrive que des problèmes.

Une fois cette longue introduction achevée, on entre enfin dans le vif du sujet avec non pas une descente aux enfers, mais une montée en puissance, puisque c’est bel et bien John Wick qui mène la danse et souhaite rencontrer le diable. Vous l’aurez compris, ce n’est pas grâce à son scénario que ce long-métrage va nous prendre à la gorge. Personnages stéréotypés et trame principale linéaire et prévisible à souhait. Néanmoins, celui-ci s’avère suffisamment convaincant pour réussir à faire de ce John Wick, un film dans lequel les scènes d’actions s’enchaînent une à une grâce à quelques pirouettes scénaristiques toutes plus faciles les unes que les autres, mais qui permettent de conserver une fluidité imperturbable dans la narration. L’histoire est sans intérêt, mais les quelques idées scénaristiques qui permettent de faire s’enchaîner les scènes d’action permettent d’apporter de la fluidité, du rythme, mais également un véritable background au film. Puisque oui, tel un jeu vidéo, John Wick se déroule dans un monde où les plus grands tueurs à gages se connaissent et se déchirent afin de récupérer les contrats les plus généreux. Cette petite idée, complètement loufoque, mais totalement dans l’esprit vidéoludique du film, ajoute du piment à un scénario finalement fade et permettra aux scénaristes et réalisateurs de s’appuyer sur ce background pour nous faire découvrir de nouveaux personnages et environnements dans d’hypothétiques suites.

Puisque oui, John Wick a tout du film à franchise et ça n’est pas pour nous déplaire. Malgré un scénario fade et convenu, celui-ci réjouit et réjouira les amateurs de série B et de films d’action en règle générale. Généreux en action et en fusillades en tout genre, John Wick se permet d’offrir à certains films du même registre une petite leçon de mise en scène et de réalisation, grâce à des scènes d’actions généreuses, dynamiques et surtout plaisantes à regarder. La caméra conserve en son centre le protagoniste, mais n’en oublie pas pour autant de cibler les personnages auxquels il fait face. Oubliez la notion de hors champ puisqu’ici tout ce que vous devez voir ou savoir vous est montré à l’écran. C’est finalement c’est obscuration du hors champ qui rend les scènes d’actions claires et le film agréable à suivre. Les réalisateurs prennent par la main chaque spectateur et les emportent dans une aventure riche en adrénaline. À la manière d’un jeu vidéo utilisant une vue à la troisième personne, le spectateur suit John Wick dans plusieurs environnements, au cœur desquels ce dernier va abattre par vingtaine des malfrats russes, tout en changeant d’armement à chaque nouvel environnement, afin de diversifier le plaisir. Réalisé par David Leitch et Chad Stahelski, qui ne sont autres que deux anciens cascadeurs qui ont notamment doublé Keanu Reeves pour la trilogie Matrix, ces derniers ont acquis une véritable expérience de terrains au cours de leurs carrières et ont su l’appliquer sur cette première réalisation, qui n’éblouit pas, mais replis honorablement son contrat. John Wick, une Série B explosive et badass, qui a le mérite de ne pas se prendre au sérieux pour offrir aux spectateurs un bon moment de rigolade, en plus de scènes d’action ultra efficaces.

 

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