De : Joan Didion
Quatrième de couverture des Éditions le Livre de Poche: près L’Année de la pensée magique écrit à la mort de son mari, Joan Didion adresse un vibrant hommage à sa fille, Quintana, décédée peu après. On y retrouve, intactes, la puissance et la singularité de son écriture : sèche, précise, lumineuse. Dans un puzzle de réminiscences et de réflexions (la mort, les mystères de l’enfance, la maternité, la vieillesse et la création), l’auteur se bat contre les fantômes de la mélancolie, des doutes et des regrets. Poignante, d’une impitoyable honnêteté envers elle-même, sans céder à la complaisance ni à l’impudeur, Joan Didion incarne la foi dans les forces de l’esprit et de la littérature.
MA CHRONIQUE
Je ne connaissais pas cette auteure. Je l’ai découverte grâce à Joyce Carol Oates par le biais de son livre, La foi d’un écrivain. Je me dois de préciser que j’ai lu ce roman avant celui consacré à son mari, L’année de la pensée magique. Donc chronologiquement, je n’y étais pas mais cela ne pose pas véritablement de problèmes pour la lecture je vous rassure.
Pour bien commencer, je dirai tout d’abord que j’ai complétement accroché au style de l’auteure tandis que ma mère a trouvé le récit trop hachuré et certainement, trop répétitif. Mais de toute manière, nous n’avons pas les mêmes goûts en lecture. Je me rends compte d’ailleurs que je préfère de plus en plus les auteurs contemporains aux classiques. Enfin, cela a toujours été le cas à quelques exceptions près. Parenthèse refermée, passons si vous le voulez au sujet du jour.
Ce qui m’a surprise dés le début avec Le bleu de la nuit c’est la ressemblance frappante d’écriture entre Delphine de Vigan et Joan Didion. Il y a cette même souffrance, cette force à la fois libératrice et destructive dans l’art d’écrire, de se souvenir. De plus, comment ne pas penser à l’œuvre de l’auteure française, Rien ne s’oppose à la nuit et celle de sa consœur américaine? Comme si la nuit faisait partie intégrante de leur vie à toutes les deux, d’elles-mêmes. Et, qu’elles n’y pouvaient pas grand chose à part faire avec et continuer.
Les souvenirs, c’est ce qu’on ne veut plus se rappeler.
Le bleu de la nuit, Joan Didion.
Joan Didion fait preuve d’une réalisme troublant dans ses détails, dans ses descriptions. On s’y croirait presque mais en même temps quoi de plus fidèle que la mémoire et le cœur d’une maman. L’image qui a perduré dans mon esprit longtemps après la lecture est celle de la natte de sa fille décorée de ses fleurs préférées pour son mariage; et, son tatouage une fleur de frangipanier. Je me suis vue également sur la terrasse en bois de leur maison en Californie. La mer, les vagues et senti le vent sur ma peau. J’avais l’impression d’y être, d’avoir côtoyé sa vie et les siens mais que pour les bons moments j’ai envie de dire. Pas que je sois restée étrangère aux pires moments de son existence mais il m’a semblé qu’ils n’avaient le droit que de lui appartenir, à elle et à elle-seule. De plus, même si j’imagine sa douleur, ce qu’elle a enduré et ce qu’elle endure encore, je ne peux qu’imaginer. Je ne suis ni la mère ni la femme de personne alors beaucoup de choses m’échappe. L’essentiel certainement.
Malgré le ton grave du récit, ce dernier n’a rien de larmoyant. Il propose une réflexion pertinente sur le deuil, sur son travail. Joan Didion nous livre à cœur ouvert une sorte de témoignage pas seulement sur la perte et l’absence mais également sur la maternité. Avec le recul, la mère, l’écrivaine et la femme se pose des questions. Comme par exemple les peurs de Quintana d’être abandonné ou enlevé par » l’homme cassé », peur tout simplement d’être abandonné une nouvelle fois sans doute. Que dire aussi du caractère instable de sa fille depuis son jeune âge? Était-elle heureuse avec eux? Son mari et elle ont-ils été de bons parents? Oui, l’absence n’épargne pas les remises en question, la culpabilité et les regrets. Tous ces « petites choses » qu’on ne remarque qu’après et qu’on voudrait réparer, refaire ou améliorer. Et tant, de questions laissées sans réponse.
Le bleu de la nuit, c’est le contraire de l’agonie de la clarté, mais c’est aussi son avertissement.»
La bleu de la nuit, Joan Didion.
Progressivement, Joan Didion aborde un autre sujet: sa propre mort. Le fait d’avoir vu la mort de près, ne l’a pas rendu plus sereine pour autant face à sa propre perte. Ni, ne l’a préparé. Alors, au fil de temps, elle nous parle de ses angoisses, de ses doutes et de ses peurs. Peur de ne plus pouvoir bougé ou de contracter une grave maladie. Peur de plus être tout simplement. Alors, elle se raccroche à son quotidien bien rôdé, à cette fausse sécurité; et, aux souvenirs qui viennent la hanter dans les moindres recoins de son appartement New-yorkais.
Malgré tout ce qu’elle a vécu, elle a certaines réticences ( tout à fait légitimes au demeurant) de partir pour de bon. En effet, que restera-t-il d’elle après sa disparition? De John et de Quintana? Que restera-t-il de la maison en Californie, des souvenirs? Et enfin, que laissera-t-elle derrière elle?