« C’est le noooord ! ». Seule réplique drôle provenant du surestimé Bienvenu chez les ch’tis, après Michel Galabru, c’est à mon tour de l’utiliser pour lancer cette chronique dédiée au Festival International du Film d’Amiens édition 2014. Amiénois depuis à peine deux mois, je vais enfin pouvoir découvrir ce Festival de Cinéma à la réputation qui commence depuis quelques petites années à dépasser les frontières de la Picardie. Pour sa 34e édition, le FIFAM (vous avez vraiment cru que j’allais écrire Festival International du Film d’Amiens à chaque fois dans l’article ?!) adopte une créature provenant de Skull Island, un gorille qui peu à lui seul faire de la publicité pour la Samaritaine et effrayer toute la population new-yorkaise, j’ai nommé King Kong. Présent sur les affiches officielles du festival, King Kong, dans sa première version de 1933, réalisée par Merian C. Cooper est le film d’ouverture qui fût projeté à la suite de la cérémonie d’ouverture. Jusque-là tout est dans l’ordre, tout va bien.
Petit retour en arrière sur cette fameuse cérémonie d’ouverture que l’on pourrait qualifier de laborieuse. Présidé par Fabien Gaffez qui n’est autre que le directeur artistique du FIFAM, cette cérémonie était loin d’être inintéressante puisqu’elle à permis aux 200 personnes présentes, de découvrir le jury plus en détails et les évènements qui vont constituer le festival. Présidé par Mahamat-Saleh Haroun, réalisateur tchadien récompensé par le prix du jury en 2010 au Festival de Cannes pour son film Un Homme qui Crie, il va devoir s’appuyer sur un jury éclectique composé de Karin Albou, Darina Al-Joundi, Christophe Cognet et Anna Sigalevitch, pour choisir le film qui repartira avec la fameuse Licorne d’Or. Puisque oui, à Amiens on aime les Licornes… Allez savoir pourquoi, je vais mener mon enquête !
Vimala Pons, dans Vincent n'a pas d'écailles un film Le Pacte
Trêve de discours ennuyeux, je vais directement passé au plus intéressant puisqu’au final si vous voulez tout savoir sur ce Festival International du Film d’Amiens (oui, je l’ai quand même écrit une nouvelle fois dans son entier…), je vous conseille de vous rendre sur la page internet officielle du festival où tout est bien écrit et expliqué. Passons aux choses sérieuses avec le film d’ouverture qui pour moi ne fût pas King Kong (il repasse à plusieurs reprises dans la semaine, mais le très intrigant Vincent n’a pas d’écailles, dont j’avais pu voir quelques extraits à l’occasion du ShoWeb 2.0.
Diffusé en avant-première et en présence de son réalisateur, Thomas Salvador, ce fût l’occasion de découvrir un grand passionné de film d’action, de super héros, mais avant tout un grand enfant qui se sert habilement de son art pour faire revivre aux spectateurs ses années de jeunesse et un style de comédie qui lorgne davantage vers les premières années du comique avec Max Linder que sur le comique moderne. Au travers de ce premier long-métrage, fort contemplatif dans un premier temps, Thomas Salvador nous dévoile un personnage énigmatique, mais rapidement très attachant et au travers duquel le spectateur peut se voir. Attachant, drôle et affectueux envers ses personnages, Vincent n’a pas d’écailles est une belle petite surprise audacieuse qui réussi tout de même à faire un film de super héros au travers duquel le numérique joue un rôle minimaliste. Tout n’est que trucage. C’est du cinéma indépendant et au budget limité certes, mais c’est surtout un retour à la magie du cinéma dans son sens premier. Je reviendrais plus en détail sur ce film dans une critique complète. En attendant, Vincent n’a pas d’écailles sortira en salles le 25 février 2015 et j’approuve !
Suite à la projection de Vincent n’a pas d’écailles et à une discussion avec deux autres comparses blogueurs amiénois, il était temps de rentrer dormir un peu, puisque le festival allait véritablement débuté le lendemain matin dès 10h avec la projection du premier film en compétition : Le Challat de Tunis. Après quelques heures de sommeil et un réveil quelque peu chaotique, me voilà dans la salle du Ciné St Leu, cinéma partenaire du festival, pour la projection du nouveau long-métrage de Kaouther Ben Hania. En 2003, un homme sur une moto, une lame de rasoir à la main, balafre les plus belles paires de fesses des femmes qui arpentent les trottoirs de Tunis. Long-métrage qui revient à la manière d’un documentaire sur ce fait divers très étrange, Le Challat de Tunis est un film tout aussi intéressant que déroutant. Tourné caméra à l’épaule avec au-devant de la caméra la réalisatrice qui va à l’encontre des protagonistes, stipulant qu’elle réalise un film sur ce fait divers, le film déroute dans un premier temps le spectateur qui va se demander si on est dans une fiction ou un véritable documentaire.
Le Challat de Tunis, un film Jour 2 Fête
Durant l’intégralité du film on va se demander ou se trouve la limite entre la fiction et le documentaire et ce, jusqu’au plan final qui peut laisser entrevoir une réponse qui va dans la logique de certaines scènes fortes du film. Puisque oui, au-delà de son aspect documentaire, ce long-métrage dispose de personnages forts et de scènes qui ont du culot et un véritable parti pris. Dénonçant les conditions de la femme dans les pays arabes, tout en mettant en valeur les traditions et leur culture, le scénario nous offre un point de vue omniscient sur une société que l’on peut ne pas connaître d’où nous sommes. Le film dispose tout de même de plusieurs défauts, dont des scènes à rallonge et une durée globale qui aurait pu être réduite, mais il en reste tout de même une petite surprise fort sympathique.
Proposant en parallèle d’une compétition, différentes rétrospectives et catégories de films, le FIFAM permet en une journée de voir des films internationaux en avant-première, mais également de découvrir ou redécouvrir avec plaisir des films tout aussi internationaux. C’est donc avec grand plaisir que je me suis rué dans une salle du Gaumont Amiens, autre cinéma partenaire du festival, pour redécouvrir le cultissime La Nuit du Chasseur réalisé par Charles Laughton en 1955.
La Nuit du Chasseur, un film Carlotta Films
Pour la première fois, j’ai pu voir ce superbe film sur grand écran et je dois dire que je lui préfère la version Blu-Ray qui est plus fine et permet d’admirer davantage les magnifiques jeux de lumières et d’ombres qui font de ce film, le chef-d’œuvre qu’il est. Toujours dans la catégorie des œuvres uniques, à savoir les films dont les réalisateurs n’ont fait qu’un seul film, j’ai découvert avec surprise le film Charlie Bubbles réalisé par Albert Finney en 1967 et comment dire… Mis à part la classe indéniable que possède Albert Finney, Billie Whitelaw et Liza Minnelli, je retiendrais surtout que ce Charlie Bubbles est un beau nanar anglais comme on en voit assez peu même s’il doit en exister des mille et des cents. Possédant quelques belles idées de mises en scène, mais surtout de réalisation, avec notamment une utilisation extrêmement intelligente de moniteurs de surveillance, permettant de voir à la fois six actions sur un seul et même plan, on en restera là puisque le scénario est d’une platitude exaspérante et n’arrive jamais à atteindre le spectateur que ce soit pour le faire rire ou l’émouvoir. Burlesque, satyrique, dramatique… ce Charlie Bubbles ne nous aide pas à savoir sur quel pied l’on doit danser et ne nous élève à aucun moment dans sa montgolfière, en référence eau film.
Après le choc Charlie Bubbles, dans le mauvais sens du terme, je devais découvrir le second film de la compétition internationale, mais à cause d’une longue file d’attente, je n’ai pu voir Félix et Meira en ce samedi 15 novembre, mais je n’ai pas dit mon dernier mot. En ce qui concerne ce Félix et Meira qui sortira en salles le 4 février 2015, cette file d’attente porte à croire que le film pourrait avoir un petit succès-surprise si les retours sont suffisamment bons. Affaire à suivre…
Comment finir au mieux cette première journée de FIFAM ? Je ne vous pose pas la question (c’est pas que je m’en moque, mais…) puisque j’ai déjà ma réponse et celle-ci n’est autre : qu’avec un coup de cœur. En effet, quatrième projection et de même seconde avant-première du jour consacré au prochain film de Sophie Letourneur, qui se nomme Gaby Baby Doll. Poétique et mélancolique, Sophie Letourneur joue sur la double carte de la comédie et de la sensibilité pour créer un attachement entre le spectateur et des personnages aux personnalités atypiques, mais aux combien belles. Après La Vie au Ranch et Les Coquillettes, Sophie Letourneur signe son film le plus conventionnel et commercial grâce à un casting porté par trois très bons acteurs que sont Lolita Chammah, Benjamin Biolay et Félix Moati, mais très certainement son plus beau et finalisé. À la fois sur le plan visuel comme émotionnel, Gaby Baby Doll en fait voir de toutes les couleurs au spectateur, sans chercher à l’émouvoir aux larmes et l’emporte dans un voyage champêtre au cœur de la Bourgogne. Je vous parlerais plus en détail de ce film dans une critique complète qui arrivera d’ici la sortie du film, le 17 décembre 2014.
Après quatre films, me voici de retour dans mon appartement, devant mon ordinateur pour vous écrire ces quelques phrases sur le jour 0 et le jour 1 du FIFAM 34e édition. Un nanar, un coup de cœur, deux surprises et un classique du cinéma, on peut dire que ces deux journées ont été éclectiques, mais fort intéressantes. Voyons ce que me réserve le jour 2 qui va débuter avec une première projection dans… 6h. Il va peut-être falloir dormir un peu non ?