“Favelas” de Stephen Daldry

Favelas… Le titre évoque immédiatement un Brésil inquiétant et dangereux, où la misère la plus crasse côtoie la violence la plus sauvage, où fleurissent les trafics en tout genre et où l’espérance de vie est des plus réduites… Pour les cinéphiles, il rappelle aussi, bien sûr, La Cité de Dieu, qui racontait deux décennies de la vie d’une favela. Mais la comparaison s’arrête là, hélas…

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De la brutalité-choc du film de Fernando Meirelles, on ne retrouve absolument rien. Enfin si, une scène, à la rigueur… Celle où le personnage central, Ratso, un gamin des rues, est passé à tabac par les “forces de l’ordre” et laissé pour mort. C’est la seule scène marquante d’un film finalement assez sage, qui n’utilise les favelas que comme simple élément du décor.
Stephen Daldry livre un récit d’aventures ultra-conventionnel, dans lequel trois gamins des rues se lancent dans une sorte de chasse au trésor ayant pour enjeu un joli pactole et la preuve de la corruption d’un politicien local. Evidemment, le puissant notable ne l’entend pas de cette oreille et charge son homme de main, un méchant caricatural en diable, de les stopper par tous les moyens.
En fait, Favelas ressemble plus aux Goonies qu’à La Cité de Dieu. Mais sans l’humour, le rythme et le charme du film de Richard Donner.
Il fait aussi un peu penser à Slumdog Millionnaire. Mais sans le brio narratif de Danny Boyle…

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Bon, on sait, vous allez nous dire que ce n’est pas très sympathique de comparer un film  avec des oeuvres à succès. Pour bien faire, il faudrait que l’on prenne en compte les qualités propres du long-métrage de Stephen Daldry. Hum… D’accord, mais quelles qualités?
L’intrigue? Elle est d’une platitude à pleurer et n’est que prétexte à une succession molle de courses-poursuites au sein des bidonvilles, des ruelles étroites et des cages d’escaliers,… Sur près de deux heures de film, ça devient vite lassant.
L’aspect politique et social de l’oeuvre? Ah! La bonne blague! Juste un message naïf sur la corruption et la répartition des richesses. Et un final qui tente, de façon assez ridicule, de raccrocher les wagons avec les mouvements contestataires de 2013, quand le peuple brésilien avait profité de l’avant Coupe du Monde de Football pour exprimer sa colère vis-à-vis de son gouvernement.

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La musique? Envahissante.
Le jeu des acteurs? Médiocre. On ne blâmera pas les jeunes acteurs, qui font ce qu’ils peuvent, mais on sera moins cléments avec Martin Sheen, Rooney Mara et Wagner Moura, dont on se demande bien ce qu’ils font là tant leurs rôles sont indigents et sacrifiés en cours de route par le scénario.
La mise en scène? Calamiteuse. Cadrages ratés, caméra tremblante, montage épileptique… Difficile de croire que le cinéaste est le même que l’auteur de Billy Elliot, The Hours et The Reader. Il n’y a aucune idée de mise en scène, aucun style, rien qui ne distingue Stephen Daldry d’un vulgaire tâcheron hollywoodien.

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Résumons : c’est mal filmé, mal monté, assez mal joué, lourd et maladroit. Ce n’est ni drôle, ni terrifiant, ni émouvant, ni sujet à réflexion. En clair, c’est complètement raté.
Si les favelas peuvent être considérées comme les bas-fonds des villes brésiliennes, Favelas, le film, correspond aux bas-fonds de la production cinématographique et constitue une tache bien ennuyeuse dans la filmographie de Stephen Daldry.

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FavelasFavelas
Trash

Réalisateur : Stephen Daldry
Avec : Gabriel Weinstein, Rickson Tevez, Eduardo Luis, Rooney Mara, Selton Mello, Martin Sheen, Wagner Moura
Origine : Royaume-Uni
Genre : Les Goonies à Rio
Durée : 1h54
date de sortie France : 12/11/2014
Note :
Contrepoint critique : Le Parisien

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