[Critique Cinéma] Casanova Variations

Par Nivrae @nivrae

Casanova Variations est un film de Michael Sturminger

Date de sortie : 19 novembre 2014

Casting : John Malkovich, Veronica Ferres, Florian Boesch

Synopsis : Casanova a accepté la proposition du duc de Waldstein : il est bibliothécaire du château de Dux, en Bohême. En fin de vie, il s’est mis à y écrire ses Mémoires. C’est là qu’il reçoit la visite d’Elisa von der Recke, qui s’intéresse de près à son manuscrit. Casanova ne reconnaît pas dans les traits de cette femme pleine de charme une jeune fille qu’il avait séduite jadis et qui avait voulu mourir pour lui. Pour le fameux libertin, l’arrivée d’Elisa est à la fois stimulante, l’occasion de se lancer un nouveau défi (celui de la conquérir), et menaçante (il s’interroge sur la motivation de la voyageuse). Vient-elle pour se faire confier le texte et le publier ? Est-elle poussée par la curiosité, inquiète de ce qu’il a pu livrer de leur liaison ? A-t-elle l’intention de lire le texte convoité afin de s’en inspirer pour écrire elle-même une biographie à charge, comme elle le fit pour Cagliostro dans un ouvrage ayant rencontré un réel succès ? Elisa suscite à la fois chez son hôte un sursaut de vie insouciant et la lassitude lucide d’un corps fatigué qui craint la mort.

Casanova Variations est un exercice de style de Michael Sturminger, plus connu pour ses mises en scène de théâtre et d’opéra et qui signe là son deuxième long métrage.

Inspiré des œuvres de Casanova mais également des opéras de Mozart et Lorenzo Da Ponte, le film raconte plusieurs histoires qu’il mélange. Nous suivons un Casanova vieillissant interprété par John Malkovich qui voit débarquer dans sa retraite paisible une ancienne conquête dont il ne saisit pas les raisons de la venue.

Nous suivons également John Malkovich dans son propre rôle en acteur dans une pièce de théâtre imprégnée d’opéra, contant la vie de Casanova. Puis tout se mélange. Casanova pénètre dans ce théâtre et participe aux scènes, les scènes de sa vie dans le château deviennent quant à elles des scènes de théâtre et d’opéra.

Sturminger nous emmène dans ce récit où l’on ne sait plus très bien qui est qui, où s’arrête la reconstitution, où commence le théâtre. Et quand on croit avoir saisi, les deux se fondent ensemble en chantant un air d’opéra.

Adapté de la pièce de théâtre Casanova Variations dans laquelle évoluait déjà Malkovich et qui jouait déjà avec les codes du théâtre et de l’opéra, un troisième élément est intégré ici, le cinéma. Casanova Variations est donc très compliqué à suivre, très alambiqué et s’amuse tellement à vouloir nous perturber et nous perdre qu’il y réussit peut-être un peu trop.

Sturminger mélange les codes et s’amuse, malheureusement c’est aux dépends d’une certaine cohérence. On en vient à regretter, même si ce n’est pas son propos, que le film ne se concentre pas simplement sur Casanova et Elisa ou bien sur le parallèle Malkovich/Casanova, Malkovich jouant un rôle qui lui sied à merveille tout en jouant également son propre rôle, le film comportant même des références à son rôle dans Les Liaisons Dangereuses qui le rapprochent encore de celui de Casanova.

Ce qui m’a déplu le plus est peut-être ce personnage de productrice qui dit à Malkovich par deux fois qu’elle trouve son spectacle mauvais, comme si Sturminger nous indiquait par là que si l’on ne comprenait rien à son art c’est que nous n’avions pas l’esprit d’un artiste et seulement celui, forcément étriqué, d’un producteur. Pourtant peut-être aurait-il dû en écouter les conseils.

Pour résumer, si vous souhaitez voir un film sur Casanova, passez votre chemin. Si vous souhaitez voir un exercice de style mélangeant opéra, théâtre et cinéma dont Casanova est le fil conducteur, Casanova Variations est intéressant dans sa manière d’imbriquer les trois et de nous y perdre.