[Festival International du Film d'Amiens] Comédie, Drame, Documentaire… un Jour 3 éclectique

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Après avoir des jours 1 et 2 éprouvants, mais au combien intéressants au vu des films proposés que ce soit en compétition comme lors de rétrospective, le jour 3 fût moins éreintant et plus léger même si au programme, j’ai participé à 4 séances (masterclass et projections de longs-métrages compris). Ce jour 3 au Festival International du Film d’Amiens a débuté par une fausse masterclass. En effet, annoncé comme étant une masterclass du réalisateur Jean Claude Brisseau, cet évènement ne fut pas une masterclass, mais bien une analyse de films dirigée par le réalisateur français, qui est par ailleurs professeur à la FEMIS, école de cinéma de renom. Jean Claude Brisseau n’est pas un réalisateur que j’admire, loin de là. Son cinéma m’étouffe, certains de ses films me sont insupportables, malgré des qualités visuelles indéniables, mais il semble être un professeur hors pairs. Basé sur trois grands films d’Alfred Hitchcock que sont La Mort aux Trousses, Un Crime Presque Parfait et Pychose, cette analyse surprise fut très intéressante grâce au franc-parler du cinéaste et à sa façon de prendre en main l’évènement tel un professeur ayant envie de démontrer son point de vue sur des scènes en particulier, tout en le partageant avec les plus jeunes. Une fausse masterclass qui a révélé un professeur talentueux et qui donnerait presque envie de participer à ses cours à la FEMIS. Un réalisateur méconnu, un metteur en scène dont je n’apprécie pas le cinéma, mais un homme qui passionné, passionnant et que j’ai apprécié découvrir cette manière.

Suite à cette longue, très longue fausse masterclass qui c’est tout de même étalé sur pas moins de 3 heures, alors que traditionnellement une masterclass dure au maximum 1h à 1h30, on passe aux films et pour ce jour 3, pas de compétition, uniquement de la rétrospective. La journée cinématographique a débuté à 14h30 par le rattrapage d’une comédie produite par Merian C. Cooper et réalisé par Thornton Freeland en 1933 : Carioca. Vous connaissez forcément la fameuse danse des Nuls, même simplement de réputation, mais connaissez-vous le film auquel elle rend hommage ? Rien n’est moins sûr. Comédie romantique avec Gene Raymond et Dolores del Río, celle-ci est notamment fameuse puisqu’on y retrouve au casting le duo Fred Astaire/Ginger Rogers, qui s’illustrait pour la première fois dans des scènes de danse endiablée. Drôle, rythmé et plaisant au visionnage, malgré un scénario trop limpide, Carioca est un film qui vous donne le sourire, un film qui fait plaisir. Pur produit de divertissement des années 30, Carioca enchaînait les scènes comiques avec les scènes de grands spectacles, avant de finir sur un Climax époustouflant pour l’époque. Malgré des effets spéciaux clairement dépassés, on prend toujours un véritable plaisir devant ce film à la courte durée de 1h29.

Fred Astaire et Ginger Rogers s’amusent et amusent le spectateur dans Carioca, mais vous serez d’accord avec moi : garder le sourire toute la journée n’est pas bon (ironie, ironie !). C’est pour cette raison qu’on va sans plus attendre créer une atmosphère oppressante et parler de la cruauté humaine par le biais du film Johnny s’en va en guerre (Johnny Got His Gun). Œuvre unique parue en 1971 et réalisé par Dalton Trumbo, romancier a qui l’on doit le livre éponyme sur lequel est basé le film, Johnny s’en va en guerre est un film éprouvant, choquant, cruel, mais d’une beauté épatante. Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce film, il raconte l’histoire de Joe, jeune homme qui va se retrouver sur le chemin d’un obus lors de confrontations enter 1914 et 1918. Proche de la mort, les médecins militaires vont réussir à le sauver, mais vont le conserver loin de la liberté afin de pouvoir l’utiliser pour effectuer des expériences. Seul détail qui leur a échappé, Joe est conscient et ressent la douleur. Il n’a ni jambes, ni bras, ni visages, mais est toujours conscient. Va-t-il réussir à faire comprendre qu’il y a toujours une vie dans ce corps ?

Dénonciateur envers la cruauté humaine qui serait prête à blesser sans pour autant tuer, un homme de sa propre espèce afin que puissent se faire des expériences et autres opérations honteuses, ce long-métrage est unique et atypique. Magnifiquement cruel dans son propos, Johnny s’en va en guerre loupe le coche du film culte et du chef d’œuvre à cause d’un récit qui alterne entre scènes se déroulant au présent et flashback ou rêve. Intelligent dans sa façon de procéder, Dalton Trumbo, a eu l’audace de faire un film qui utilise à la fois le noir et blanc et la couleur, afin que le spectateur puisse différencier le présent du passé ou du rêve. Le présent en noir & blanc, mais le passé et le rêve se rencontrent au travers de l’utilisation de la couleur. Est-ce parce que ces deux temporalités se confondent et veulent faire passer un message similaire ? Je vous laisserais le soin de voir le film pour en découvrir la réponse. Malheureusement, comme il a déjà été précisé Johnny s’en va en guerre est un film éprouvant, par sa cruauté, mais également par son utilisation abusive de flashbacks souvent redondants et qui ne font pas avancer le récit, alors que les scènes au présent sont d’une intensité folle. Un film long, trop long, mais fort et dénonciateur envers la cruauté humaine. Une véritable œuvre unique.

Johnny s'en va en guerre, un film Tamasa Distribution

En sortant de la projection du long-métrage Johnny Got His Gun, on a qu’une envie : le suicide. Le film est beau, mais le film est déstabilisant et vous met le moral plus bas que terre. Heureusement que quelques heures plus tôt, j’avais pu voir une comédie avec Fred Astaire qui m’était restée en mémoire… Comment finir une journée comme celle-ci ? Après une masterclass, une comédie et un drame éprouvant, il ne manque qu’un documentaire ! Voilà, je vais donc vous parler d’un des nombreux documentaires qui composent la filmographie d’un cinéaste qui se nomme Volker Koepp. Avec une filmographie qui compte pas moins d’une trentaine de films, dont essentiellement des documentaires parus entre 1970 et 2012, Volker Koepp a eu le temps de se faire un nom, mais ce n’est pas pour autant qu’il est reconnu pour son travail. Le documentaire est un art délicat, car soit le spectateur est touché par la thématique phare du documentaire, soit il reste simple observateur et comptera les minutes.

Fleur de Sureau est l’un de ses derniers documentaires. Basé sur plusieurs groupes d’enfants vivants dans des la région de Kaliningrad, ce documentaire n’est pas inintéressant. On peut apprendre diverses informations sur les conditions de vie déplorables des villageois vivant dans cette région annexée par la mère patrie, la Russie, mais qu’apporte-t-il au genre ? Apporte-t-il quelque chose qui en fasse un documentaire immanquable ? Absolument rien. Entre choix de cadres aléatoires et narration flottante, il est difficile de trouver un véritable intérêt cinématographique à ce documentaire. Visuellement, le documentaire paraît vieux avec une image possédant un grain et n’est jamais véritablement soignée (pour coller à son propos), Volker Koeep se « contente » de filmer les enfants et ne prends pas le temps de trouver de beaux cadres qui joueraient à la fois sur les décors qui ont quelque chose de chaotique, presque cauchemardesque et les enfants. Les enfants sont au centre de ce documentaire, sont le documentaire et le reste n’est pas.

Il était prévu de vous parler des jours 3 et 4 dans un seul et même article, mais afin que la lecture des plus motivés soit plus fluide et pas trop longue, j’ai trouvé plus intéressant de séparer les deux et de faire un article pour chaque jour. J’espère que vous appréciez et découvrez des films au travers des Rapports du Festival International du Film d’Amiens.

Fleur de Sureau, un film jamais paru en France