Culte du dimanche : le Canardeur de Michael Cimino

Culte du dimanche : le Canardeur de Michael Cimino

Après La Porte du Paradis et Voyage au Bout de l’Enfer, Carlotta continue de restaurer et ressortir les premiers (grands) films de Michael Cimino. Et c’est justement son premier film dans lequel tout son cinéma est déjà bien présent qui en a aujourd’hui les honneurs : Le Canardeur.

Culte du dimanche : le Canardeur de Michael CiminoRepéré avec le scénario de Silent Running puis sur celui du deuxième volet de l’Inspecteur Harry, Magnum Force, en collaboration avec John Milius, Michael Cimino a alors tout l’intérêt de Clint Eastwood qui lui fait pleinement confiance lorsqu’il se met à écrire et réaliser son premier long-métrage en 1974. Intitulé Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot en VO), celui-ci raconte comment un braqueur de banque et un jeune délinquant se lient d’amitié et parcourent l’Amérique rurale à la recherche d’un magot qui a été bien caché. Evidemment ils ne sont pas les seuls sur le coup.

Dès le générique de début, tout le cinéma de Cimino est là. Une allure de western avec ses paysages grandioses magnifiés par une caméra souvent à auteur d’homme, un aspect naturel qui ne fera que faire ressortir la brutalité et la presque vulgarité de certains personnages au milieu du rêve américain. On s’intéresse d’emblée à l’Amérique campagnarde et à des hommes un peu en marge de la société et en plus le réalisateur joue avec les apparences pour désacraliser certaines figures. Ainsi, si dans les premières images Clint Eastwood un costume de pasteur, c’est pour mieux révéler plus tard sa véritable identité de truand, tout comme Jeff Bridges fait semblant d’avoir une jambe de bois pour arnaquer un vendeur de voitures d’occasion.

Culte du dimanche : le Canardeur de Michael Cimino

Le film commence ainsi en se basant sur des mensonges qui détruisent à la fois l’Amérique puritaine et la jeunesse et il en sera ainsi tout au long du film (Bridges se travestissant même au milieu du film pour mener à bien un coup monté), démontant petit à petit le rêve américain. Ici les villes ne sont pas montrées, les autorités absentes, comme si il n’y avait presque que la loi des truands et que les règles des westerns s’appliquait toujours, même dans ce qui est ici un film de braquage et un road-movie, faisant alors de l’univers de Cimino quelque chose d’immédiatement identifiable.

Culte du dimanche : le Canardeur de Michael Cimino

Mais en plus d’un portrait peu glorieux de l’Amérique en perdition des années 70, le réalisateur s’intéresse surtout à ses personnages, Thunderbolt et Lightfoot, presque jamais nommé par leurs véritables prénoms, toujours en marge de la société. Leur relation amicale est bien menée, le plus jeune rendant ses années au plus âgé. Et si on aurait pu s’attendre à un semblant de relation père-fils ou maître-apprenti, c’est presque d’une bromance qu’il est plutôt question à mesure que l’histoire s’avance. D’ailleurs, on peut noter que la superstar Clint Eastwood se fait presque voler la vedette par le jeu Jeff Bridges plein d’entrain et de bagou .

Culte du dimanche : le Canardeur de Michael Cimino

Le Canardeur est ainsi un premier film qui dégage toute la personnalité d’un réalisateur qui n’aura pour but que de montrer toute la face sombre de l’Amérique et du mensonge qui l’entoure avec déjà une réelle maîtrise de l’écriture de ses personnages humains représentatifs de la middle class désespérée et de la mise en scène grandiose. Le film connait alors un joli succès d’estime qui sera ensuite confirmé et transformé par Voyage au bout de l’Enfer !