[Festival International du Film d'Amiens] Les films en compétition et J.P Marielle mènent la danse des jours 6 et 7

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Retour sur la soirée d’ouverture et le jour 1″
« Un jour 2 expérimental qui fini sur un choc venant du canada »
« Comédie, drame, documentaire… un jour 3 éclectique »
« Découverte d’un futur grand cinéaste et du rétro pour les jours 4 et 5″

Le Festival International du Film d’Amiens est maintenant terminé pour moi, à l’heure où j’écris ce dernier article. En effet, alors qu’il s’achève officiellement le 22 novembre, c’est le 21 novembre que j’ai conclu mon tour du festival avec la cérémonie de remise des prix. Non pas parce que les films proposés le 22 novembre ne sont pas intéressants, tout simplement par manque de temps et fatigue. Parce que oui, couvrir un festival c’est génial et c’est le cas pour n’importe quel festival qui vous propose de découvrir 4 à 6 films par jour, mais c’est très fatiguant. De la bonne fatigue dira-t-on. Retour sur les jours 6 et 7 du FIFAM.

Contrairement aux 5 premiers jours du festival dont la programmation était partagée entre les films qui concourraient dans la catégorie meilleur long-métrage, avant-premières et hommages ou rétrospectives, les jours 6 et 7 se sont recentrés autour des derniers films en compétition et de l’hommage rendu au Parrain de l’édition 2014 du Festival International du Film d’Amiens : Jean Pierre Marielle. La compétition bat son plein et le jury doit commencer à avoir une petite idée des films qui vont être primés, mais pour moi, il était temps de découvrir Ventos De Agosto.

Ventos de Agosto, aucun distributeur pour la France

Nouvelle réalisation de Gabriel Mascaro, ce dernier signe ici sa première œuvre de fiction, lui, habitué de la réalisation et de l’écriture de documentaires. Au travers d’une réalisation et d’une photographie très typée documentaire, Gabriel Mascaro loupe totalement sa cible et ne réussit pas à faire vivre cette histoire qui tombe très vite dans l’oublie. Contant aux spectateurs l’histoire de Shirley qui rêve de devenir tatoueuse, mais ne peut pour l’instant que vivre au grès du vent des évènements qui font vivre le village où elle vit avec sa grand-mère. Presque intégralement dépourvu de dialogues, le film fait vivre ses personnages uniquement par l’image et la mise en scène de Gabriel Mascaro, mais faut-il encore avoir une histoire suffisamment limpide pour que le spectateur puisse comprendre les envies et réflexions de l’héroïne uniquement par l’image. Avec un récit typé hollywoodien et une réalisation qui va-et-vient suivant les actions des personnages, on se laisse bercé pendant une bonne demie-heure, mais on se lasse très vite, car trop d’incompréhensions dans la caractérisation des personnages et leurs objectifs comme réflexions.

Comme il a été dit un peu plus haut, ces deux journées sont dédiées aux films en compétitions et à la rétrospective Jean-Pierre Marielle, mais pas que. En effet, suite à la projection du film en compétition Ventos de Agosto, j’ai eu la chance d’interviewer le jeune cinéaste Carlos Conceicao, dont je vous ai parlé dans le précédent article dédié au Festival International du Film d’Amiens, en compagnie du rédacteur en chef du blog cinéma Ma Semaine Cinéma. Durant près de 30 minutes, nous avons pu en apprendre plus sur ses inspirations, son travail en amont du tournage, mais également sur ses projets… Nous vous retranscrirons par écrit cette interview pour la fin novembre.

Un Jeune Poète, aucun distributeur pour la France

Suite à cette interview, je me suis rendu à la seconde projection dédiée à un film en compétition du jour, la projection du film Un Jeune Poète. Comme dans tout bon festival qui se respect, après chaque première projection de film, commencent à se propager des bruits de couloir et ces derniers n’étaient pas en faveur du long-métrage de Damien Manivel. Il faut dire que le film a peu de choses pour lui et on se demande bien comment il a pu apparaître en sélection du FIFAM. Nouvelle réalisation de Damien Manivel qui pour l’instant n’avait qu’à son actif deux courts métrages, Un Jeune Poète représente une tranche de vie au cœur d’une ville qui est vivante et qui devrait donner de l’inspiration à un jeune poète en mal d’inspiration. Aussi insignifiant que son titre, ce long-métrage est d’une platitude et d’un ennui total.

Lent et long, malgré une faible durée de 1h11, Un Jeune Poète est un film qui possède des bases intéressantes et une envie de créer qui se fait ressentir au travers d’un protagoniste dont on ne sait rien, mais qui a envie de découvrir et de faire découvrir par la même occasion. Néanmoins, c’est au travers de ses découvertes qu’il va se découvrir aux spectateurs et dévoiler une mise en scène anecdotique et une écriture laborieuse. Touchant dans un premier temps, le protagoniste va se transformer en démon pathétique pour lui-même dans un second temps et laisser le spectateur sur une note de fragilité et de pathos. Vain, lourd et insignifiant, Un Jeune Poète est un premier long-métrage curieux qui vous fera partir de la salle plus vite que votre voisin.

De La Terre Sur La Langue (Tierra en la Lengua), aucun distributeur pour la France

Après deux projections et donc deux mauvaises surprises, heureusement qu’entre temps l’interview avait pu me remettre d’aplomb, car sinon, je serais très certainement rapidement rentré chez moi au plus vite afin d’oublier ces films aussi vite que possible. Une fois n’est pas coutume, je vais utiliser un procédé de plus en plus courant au cinéma qui est celui de l’ellipse temporelle, car avant de revenir sur la fin de cette sixième journée de FIFAM, je vais avancer dans le temps afin de finir sur les films en compétition avec les projections des films De La Terre sur La Langue et Charlie’s Country qui se sont déroulées le septième et dernier jour de FIFAM pour moi. Pour être direct et ne pas plus vous embarrassé, je ne vais rien dire que Charlie’s Country puisque la critique complète est déjà rédigée et est même disponible à cette adresse. C’est beau la technologie qui permet de programmer les articles !

En ce qui concerne le premier film, il s’agit d’un long-métrage qui ne marque pas, mais dont la force de l’image est beaucoup plus appuyée que sur les précédents films dont j’ai pu vous parler comme Ventos de Agosto. Puisque oui, les deux longs-métrages se ressemblent énormément dans leur narration et mise plus sur l’image que le dialogue pour faire passer un message au public. Plus maîtrisé et finalisé que le long-métrage brésilien, De La Terre sur La Langue est plus aisément compréhensible et de ce fait rend le temps moins long. Brutal, mais avant tout humain dans son propos comme le traitement de ses personnages, on reprochera malgré tout une écriture brouillonne qui ouvre des brèches afin de faire comprendre plus aisément la détresse des personnages, mais ne les comblent pas. Des questions restent sans réponses, mais la manière de faire est là et l’image est suffisamment belle et significative qu’elle est suffisante pour permettre au film de proposer plusieurs lectures plus ou moins de qualités. J’en parlerais plus en détail dans une critique complète prochainement.

Avec sept films sur huit, j’ai plus ou moins bien réussi mon programme afin de voir la majorité des films en compétitions. Malheureusement, il ne semble pas qu’il en soit de même pour les films diffusés à l’occasion de la présence dite évènementielle de Jean-Pierre Marielle au festival. En effet, venu récupérer un prix d’honneur, l’acteur français s’est déplacé pour prendre son prix, mais pour le public il n’était pas vraiment présent. Nous l’avons plus souvent croisé déambulant dans les allées de la Maison de la Culture d’Amiens que sur les scènes afin de présenter les films de sa filmographie. Trois mots par ci, quatre mots par là, voici à quoi nous avons eu droit et c’est pas franchement ce dont à quoi nous pouvions nous attendre d’un monsieur de ce nom. Tout ça pour dire, qu’il est un excellent acteur, mais il ne m’aura pas marqué plus que ça lors de ce festival. Au contraire, ce qui m’aura davantage marqué aura été la dernière projection de ce festival pour moi, qui fût celle du film de Bertrand Blier : Calmos.

Calmos

Débutant comme une comédie potache, mais drôle et singulière, le film escalade marche par marche l’escalier du burlesque pour finir dans un comique expérimental décomplexé, absurde, burlesque, déjanté, subversif et hilarant. Un film comme celui-ci ne pourrait plus se faire de nos jours puisqu’il serait lynché et critiqué comme étant néfaste pour l’image de la femme et raciste, ce qui n’est pas tout à fait faux, mais quand on le prend avec beaucoup de recul et au vingtième degré, c’est un pur plaisir et une tranche de rire de prêt de deux heures en compagnie de Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort.

L’autre film visionné dans le cadre de l’hommage à Jean-Pierre Marielle se nomme L’amour c’est gai, l’amour c’est triste et pour le coup, rien à en dire de plus puisqu’il vous sera très certainement impossible de le trouver en vidéo et ce n’est pas un mal. Jean-Pierre Marielle y fait son show et nous fait rire, mais le reste est insignifiant, lourd et rarement drôle ou touchant.

Le Festival International du Film d’Amiens a donc touché à sa fin. Après plus de trente-cinq séances, masterclass et projections confondues, ce qui est à la fois peu et satisfaisant, j’en ressors de belles découvertes, de belles avant-premières, de beaux moments, mais également des films très ennuyants et de mauvaises surprises. Ce sont les joies et les peines d’un festival qui forment un tout qu’on aime et qui nous laisse un bon souvenir. Malgré le fait que le film Ventos de Agosto reparte avec la Licorne d’Or, je retiendrais le prix d’interprétation féminine reçu par Hadas Yaron pour sa magnifique interprétation dans le film Félix et Meira de Maxime Giroud et le prix du public reçu par Charlie’s Country. Deux prix qui me ravissent énormément et dont j’espère que les succès en salles auront bel et bien lieu, car ils le méritent plus que tout autres films.

Image du Festival :

Félix et Meira, en salles le 04 février 2015