[Critique] Astérix : Le Domaine des Dieux réalisé par Alexandre Astier et Louis Clichy

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« Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura  séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux  ». Nos amis gaulois résisteront ils à l’appât du gain et au confort romain ? Leur village deviendra-t-il une simple attraction touristique ? Astérix et Obélix vont tout faire pour contrecarrer les plans de César. »

« Visuellement irréprochable et un scénario ultra-référencé par le créateur de Kaamelott »

Depuis 1959, René Goscinny, Albert Uderzo et maintenant Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, transportent le lecteur en -50 av J.C., au cœur d’un petit village de Gaule, qui résiste à l’envahisseur romain mené de mains de fer par Jules César. Astérix et Obélix, c’est pas moins de 35 albums qui ont été traduits dans plus de 110 langues, 8 films d’animation et 4 longs-métrages réalisés en live avec notamment Gérard Depardieu dans le rôle d’Obélix. Cette saga est connue de tous et par toutes les générations. Tout bon français qui se respect et pas que, a été éduqué à la lecture dès son plus jeune age avec des bandes dessinées écrites et dessinées par René Goscinny, Albert Uderzo ou par Albert Uderzo tout seul. Même si les films ont perdu en qualité au fur et à mesure de l’avancement dans les âges, la magie des bandes dessinées opère toujours pour notre plus grand plaisir. Dans le but de pérenniser cette magie sur grand écran et dans le cœur des gens, Alexandre Astier, que l’on ne présente plus depuis l’avènement de la série Kaamelott, a décidé de mettre en chantier l’adaptation en film d’animation, du tome 17 de la saga Astérix, qui se nomme Astérix : Le Domaine des Dieux. Réalisé un film d’animation, c’est se frotter à des films d’animation qui ont bercé l’enfance de milliers de jeunes spectateurs, comme Les Douze Travaux d’Astérix et Astérix et Cléopatre. Pari risqué, pari osé, mais pari réussi ?

Astérix et Obélix est une saga qui a su évoluer avec son temps et avec les techniques propres à chaque époque. Depuis 1967 et la sortie du film d’animation Astérix le Gaulois, les techniques ont évolué et les films d’animation sont divisés en trois clans caractérisés par trois techniques d’animation spécifiques que sont la stop-motion, l’animation 2D et l’animation 3D. Souhaitant rester au plus proches des bandes dessinées d’origines, les précédents films d’animation utilisaient l’animation 2D, animation la plus courante aux époques de réalisation des films. Astérix : Le Domaine des Dieux est le premier film d’animation de la saga à avoir été réalisé avec des animations 3D et ce n’est pas pour rien. Représenté par Alexandre Astier lors de la promotion, le film est co-réalisé par Louis Clichy, qui n’est autre qu’un ancien animateur de chez Pixar, qui a notamment travaillé sur Là-Haut et Wall-E. Au cours de sa carrière et des travaux effectués pour la machine à gaz Pixar, Louis Clichy a acquis l’expérience nécessaire pour rendre à César ce qui appartient à César et offrir aux nouvelles générations un film d’animation Astérix et Obélix moderne et techniquement abouti.

Irréprochable sur le plan visuel, que ce soit en terme d’animations et de conception artistique, ce long-métrage est pour la France une perle visuelle qui n’a rien à envier aux productions internationales. Fluide, dynamique, soigné et irréprochable sur la moindre texture, Alexandre Astier Louis Clichy ont réussi le pari audacieux de faire un film moderne et aux animations 3D, mais à la réalisation qui ne joue sur les animations 3D que lorsqu’elles mettent en valeur un personnage, des décors ou une profondeur de champ. Beaucoup de plans fixes conservent un esprit bande dessiné et deux dimensions dans leur non-utilisation de la trois dimensions dans la mise en scène des personnages. Un film qui allie judicieusement la modernité avec le charme originel de la saga dans sa technique, mais pas que. C’est beau et agréable à l’œil, car la palette de couleur utilisée joue sur des tons chatoyants, mais toujours réalistes afin de conserver un esprit jovial et de bien être tout comme dans la bande dessinée originelle.

Puisque oui, là où Alexandre Astier, qui est également responsable de l’écriture du scénario et des dialogues, insiste dans ce film, c’est bien sur le côté enfantin et jovial de l’univers d’Astérix. Le spectateur en mal de bons sentiments et de personnages aux grands cœurs, va trouver on bonheur au travers d’un Obélix qui n’a que rarement été aussi tendre et d’une famille de romains qui nous prouve que même chez les Romains on a un cœur et que finalement Jules César ne serait qu’une ombre au dessus de leur tête et non pas leur représentant. Avec un ton familial et en rien caustique, on retrouve un scénario manichéen usant en toile de fond de la dualité qui oppose les Romains aux Gaulois Néanmoins, le scénario regorge de bonnes idées qui outrepassent le manichéisme de la toile de fond et fond de ce Astérix, un film qui remet en cause notre société actuelle qui repose sur le capitalisme et la consommation de masse. Par le biais d’un affrontement au sein même du village gaulois, Alexandre Astier amuse et hypnotise les enfants alors que les parents auront de quoi réfléchir sur la société à laquelle ils participent plus ou moins activement. C’est astucieux et intelligent, dans le but de faire de cet Astérix : Le Domaine des Dieux, un film en l’apparence pour enfants, mais finalement doté d’un message universel qui peut atteindre et faire réfléchir les plus grands.

Malgré tout, sur le plan scénaristique, le film conserve les conventions des précédents films d’animation et repose sur une structure solide, mais aux fondations de plus en plus perfectibles, car des rebondissements, réflexions et actions prévisibles et sans surprises. Toutefois, c’est ce scénario enfantin et aux fondations qui commencent à dater qui arrive à faire plaisir au spectateur aguerri, grâce à un écrit ultra-référencé que ce soit sur le plan visuel, artistique ou scénaristique. Les références sont nombreuses et ramènent notamment aux premiers films d’animation de la saga, mais elles font plaisir et sourire. Peut-être trop enfantin dans ses dialogues et ses séquences humoristiques, Astérix : Le Domaine des Dieux reste avant tout un film d’animation qui excelle dans son registre. Visuellement parfait grâce à une animation 3D irréprochable et une direction artistique qui rend parfaitement hommage à la bande dessinée, tout en modernisant la saga, ce film d’animation plaît déjà et plaira aux enfants qui profiteront à coup sûr des vacances de Noël pour découvrir en salles les nouvelles aventures de nos Gaulois favoris.

PS : Pour avoir vu le film a deux reprises, avec et sans 3D relief, évitez à tout prix le relief et préférez les séances en 2D, puisque la 3D n’ajoute aucune profondeur de champ, mais assombri l’image et rend certaines textures plus fades.

3.5/5

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