We are what we are (2014) est un film d’horreur réalisé par Jim Mickle, qui est aussi son 3ème long métrage.Au casting: Ambyr Childers, Julia Garner et Bill Sage. Il raconte le quotidien de Franck Parker et de ses trois enfants: deux filles aînées et un petit garçon, suite au décès de la mère. Isolés, étranges, une pluie torrentielle va amener la police à soupçonner ces curieux personnages.
We are what we are a bénéficié de la renommée progressive de son réalisateur remarqué pour ses précédents films, et a été sélectionné dans pas moins de cinq festivals, dont le festival de Cannes et celui de Gerardmer.
En regardant sa filmographie, on peut remarquer que Jim Mickle est plutôt fasciné par l’être humain, se transformant en quelque chose de sanguinaire: Mulberry Street (2013), film de zombies ravagés par les rats, Stake Land (2012), mettant en scène des vampires.
Le fil conducteur de We are what we are: brouiller les pistes:
- Cette famille adepte d’une pratique peu légale, doit cacher ses convictions et actes au reste du monde,
- L’une des filles est répugnée par cette pratique et ne veut plus y prendre part mais doit le cacher à son père,
- Le père et ses filles cachent tout au plus jeune, encore incapable de saisir ce qui se passe vraiment au sein de sa famille,
- Le spectateur ne sait pas vraiment dans quelle époque se situe l’action, le réalisateur mélange des éléments présents et place ses personnages dans un contexte complètement révolu.
L’instrument de ces dissimulations: l’eau. L’élément qui va tout chambouler: l’eau. Elle va tout remuer, tout faire remonter, tout bousculer.C’est autant l’élément qui emporte tout sur son passage, et qui ramène tout aussi.
Jim Mickle soigne particulièrement sa mise en scène (et c’est à noter comparé à ce qu’on voit d’habitude dans le cinéma dit de genre). Beaux plans cotonneux de paysage, lumière tamisée presque naturelle qui contrastent avec les plans sombres et rouges, quand on est plongés dans l’horreur des agissements des Parkers. Pas de caméra à l’épaule, rien de subjectif, on est ici dans une ambiance cadrée et stricte, qui illustre une atmosphère poétique, qui raconte un conte.
Rien de particulièrement notable au niveau interprétation, tout le monde fait le job. L’angoisse et la pression subie par les filles se traduit davantage par un maquillage appuyé rouge, en dessous des yeux, que par une interprétation vraiment saisissante.
On tombe carrément dans la niaiserie quand il s’agit du personnage flic amoureux, plein de bonnes intentions, mais sot.
Bill Sage (plutôt acteur de série), joue correctement le père bigot, déterminé, mais sans beaucoup de charisme.
We are what we are n’est pas terrifiant(quoi que la scène finale peut surprendre), c’est un conte horrifique, utilisant la religion comme métaphore d’une folie. Le rythme est plutôt lent tout en étant pesant, l’étau se refermant petit à petit sur la famille Parker.
Ce film mettant en scène des personnages convaincus du bien fondé de leurs actes, créer un soucis: s’ils pensent bien mener leur vie, pourquoi se cachent ils? Leur folie devrait les couper de la morale de la société, et cela ne devrait même pas leur traverser l’esprit de dissimuler leurs mœurs. A quand un film qui osera réellement se mettre à la place de personnages atteints mentalement, ou psychotiques? Qui sont dans leurs mondes et son bon droit selon eux?