Critique B.O. : Call Of Duty Advanced Warfare

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

L’enfer du devoir.

Il aura fallu trois ans à Sledgehammer Games pour programmer la nouvelle campagne de Call Of Duty, trois années durant lesquels ses artilleurs ont mordu la poussière pour nous offrir un énième conflit mondial encore plus épique et cinématographique que les précédents. À en croire ma propre expérience – assurément la plus agréable depuis le premier Black Ops – et celles inventoriés par la référence des agrégateurs web, la fameuse plateforme Metacritic, cette mission semble avoir été un succès pour le mastodonte Activision. Afin de parachever cette ambitieuse opération, l’éditeur et le développeur se sont adjoints les services du compositeur Harry Gregson-Williams, fidèle collaborateur de feu Tony Scott qui s’était déjà vaillamment illustré au cours de la toute première Modern Warfare. Une très bonne nouvelle donc, à en juger des solides états de service du bonhomme. Cependant, à la découverte du cover de l’album (disponible, comme à l’accoutumé, uniquement en version digitale), on s’étrangle avec notre jus de grenade : HGW est crédité uniquement en tant que compositeur de musique additionnelle. Damned ! En effet, c’est Audiomachine, « groupe de musique orchestrale (rire) pour bande-annonce » (dixit Wikipedia), qui en a hérité du commandement. « Il ne faut point d’esprit pour être homme de guerre » disait Jean Racine. On ne sait s’il faut être particulièrement brillant pour en apprécier la musique, mais il faut assurément être terriblement peu éclairé pour en composer d’aussi grossière manifestation. De ce brasier d’acier et de sang, le groupe en tire une emphase pachydermique, des bourdonnements et des percussions électroniques qui, si elles se dissimulent parfaitement sous la masse des bruitages et des dialogues au sein du jeu, se découvrent à nos oreilles lorsque s’impose le temps de son écoute isolée. Du travail de mercenaire où chacune des plages, abimées sous ces tirs nourris d’artillerie lourde, rendent l’expérience plus pénible que véritablement douloureuse. Néanmoins, ce pilonnage de trois quart d’heure, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler, dans une version beaucoup moins étendue et donc forcement moins céphalogène, la cannonade percussive dirigée par Ryan Amon sur l’Elysium de Neil Blomkamp, est entrecoupé par les vaillantes charges patriotes orchestrées par le vétéran du cinéma d’action. Alternativement, Gregson-Williams encadre les opérations en dirigeant son pupitre de la manière la plus convaincante et éclairé possible, quand bien même le quartier général ne lui laisse qu’une courte marge de manœuvre. Quand le revers de médaille est plus éclatant que l’obvers… (2/5)

Sortie Album : 04/11/2014. Sortie Jeu (France) : 04/11/2014. Édition : Activision. Format : Digital. Compositeur : Audiomachine, Harry Gregson-Williams. Durée : 76:06.