De célèbres auteurs et leurs manies

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Avez-vous des manies d’écriture, chers lecteurs? Je dois vous avouer que j’en suis pétrie! Là où certaines personnes, psychiatres et belles-mères en tête, y verraient des signes évidents de névrose, je suis pour ma part convaincue que ces habitudes améliorent la productivité.

Mais bon, vous commencez à me connaitre, il fallait tout de même que je mène ma petite enquête: les auteurs célèbres ont-ils eux aussi ce genre de tics? La réponse est oui, et pas qu’un peu! Petit tour d’horizon…

C’est un peu mon Violon d’Ingres depuis que je tiens ce blog: non content de jeter un coup d’oeil dans les bureaux de mes consoeurs et confrères, je cherche par tous les moyens à déterminer ce qui sépare l’auteur du commun des mortels. Les belles-mères, banquiers, pharmaciennes et poissons rouges répondraient derechef que contrairement à toute personne qui se respecte, l’écrivain, quel que soit le média pour lequel il officie, exerce une profession qui n’en est pas une, ce qui est franchement limite comme analyse!

N’en déplaise aux mauvaises langues, les auteurs sont des travailleurs forcenés et, ceci expliquant peut-être cela, ils exercent leur activité avec une rigueur qui frise la maniaquerie. Plutôt que de jouer les psychanalystes de bazar, je préfère quant à moi découvrir le rapport qu’entretiennent mes éminents semblables avec l’écriture, mais aussi leurs petits rituels d’écriture.

En voici quelques uns, pour le moins insolites, associés à des plumes célèbres:

William Wordsworth récitait sa prose à… son chien tandis qu’il le promenait. Lorsque le chien aboyait, le poète en déduisait qu’il lui fallait réécrire son texte sur le champ.

Honoré de Balzac buvait plus de dix tasses de café par jour.

Alexandre Dumas écrivait ses essais ou ouvrages de non-fiction sur un papier rose, ses romans sur du papier bleu et ses poèmes sur du papier jaune.

Victor Hugo préférait écrire… totalement nu! La rumeur dit qu’il confia un jour ses vêtements à un valet, lui ordonnant de ne les lui rendre qu’une fois qu’il aurait accompli son travail quotidien.

Edmond Rostand aimait quant à lui travailler dans sa baignoire.

H. G. Wells se déplaçait en permanence avec deux stylos: l’un pour les mots longs et l’autres pour les mots courts.

Ernest Hemingway écrivait cinq cent mots quotidiens et travaillait de très bonne heure afin de ne pas être importuné par la chaleur. Comme Lewis Caroll et Virginia Woolf, il écrivait debout, mais seulement après avoir taillé tous ses crayons.

Truman Capote se décrivait comme un auteur complètement horizontal, il ne pouvait écrire qu’allongé, sur son lit ou un canapé, avec café et cigarettes à portée de main.

Raymond Carver, obsédé par la crainte qu’on le dérange en pleine inspiration, s’isolait parfois dans sa voiture pour travailler.

Vladimir Nabokov utilisait ces fameuses index cards dont vous entendez beaucoup parler dans ces colonnes. Il concevait ainsi ses intrigues scène par scène, sans se soucier de leur chronologie, et en changeait l’ordre à sa guise jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant.

Isaac Asimov ne tolérait aucune relecture, correction ou réécriture, se laissant simplement porter par le flot de l’histoire. Il possédait toujours deux machines à écrire électroniques, au cas où l’une d’entre elles tombe en panne.

Stephen King écrit dix pages par jour, trois cent soixante cinq jours par an. Dans son ouvrage On writing: A Memoir of the Craft, il explique tous ses rituels, comme le fait de travailler face au mur afin d’éviter tout élément de distraction.

Philip Roth créé en marchant et prétend parcourir plus d’un kilomètre par page écrite. Il sépare scrupuleusement vie privée et professionnelle, travaillant dans un studio qu’il a fait construire en dehors de sa maison, loin de la fenêtre afin d’éviter toute distraction.

Avouez qu’après ça on se sent très rassuré quant à son propre équilibre mental, non? ;-)

Copyright©Nathalie Lenoir 2014