Exodus – Gods and Kings, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le grand Ridley Scott retourne au péplum en s’attaquant à la mythique histoire de Moïse, des 10 plaies d’Egypte et du passage de la Mer Rouge. Exodus – Gods and Kings, est aussi l’occasion pour lui de rendre hommage à son frère, mais ce sera peut-être pour la version longue.

Après la SF de Prometheus et le très noir Cartel qui ont désappointé plus d’un spectateur, Ridley Scott revient au péplum avec une histoire vieille comme le monde, celle-là même qui fut déjà contée par Cecil B De Mille dans le mythique Les Dix Commandement : l’histoire de Moïse et sa libération des esclavages aux mains du pharaon Ramsès.

Le réalisateur britannique va donc devoir mettre toute sa science de l’image au service d’un récit à la fois intimiste et épique, déjà critiqué par le choix de ses acteurs américains pour camper des personnages orientaux (mais sans lesquels il n’aurait pas pu financer le film avec l’ambition qui était la sienne). Et pourtant on passera rapidement sur ce choix dès le début du film qui nous met dans l’ambiance du péplum avec une bataille où les deux frères vont devoir lutter côte à côte.

Alors Scott montre clairement qu’il va prendre une orientation différente de ce qui avait déjà été fait, un récit plus guerrier, moins manichéen. La première partie qui aboutira aux choix de Moïse et à son exil est ainsi l’une des plus intéressantes puisqu’elle nous permet de mieux connaitre les personnages. Cependant, le réalisateur et le scénariste passent relativement vite dessus, n’explorant finalement que peu les personnages secondaires (Sigourney Weaver n’a qu’une ligne de texte) et restant même très centrée sur Moïse assez bien campé par un Christian Bale égal à lui-même.

Si bien que finalement, face à lui, Ramses (Joel Edgerton) ne doit se contenter que des bribes qu’il reste pour faire exister son personnage que le pouvoir et le bien de la nation n’intéresse pas, une tâche trop grande pour lui. La relation entre les deux frères n’est donc qu’abordée en surface et c’est ce qui pêche dans le film et lui fait manquer de profondeur. On peut alors facilement penser que cela sera largement compensé dans la version longue à venir.

Arrive alors ensuite l’épisode attendu de l’exil et de la révélation de Dieu à Moïse. Et c’est là que certains risquent de grincer des dents devant la vision qu’a Ridley Scott de la religion. Le réalisateur ne verra pas forcément son personnage comme un sauveur élu de Dieu, un prophète, mais comme un homme qui pense avoir une mission à mener, sans pour autant avoir la certitude de ce qu’il doit faire et des intentions véritable d’un dieu capricieux. Et cela se vérifiera lors du long passage des plaies d’Egypte. Un passage qui peut passer du grotesque aux frissons en un instant et qui profite de la mise en scène de Ridley Scott toujours habile dans ces tableaux. Ces scènes impressionnantes de Nil en sang, d’invasion d’animaux, … sont riches, parfois prenantes et mettent clairement en avant la défiance du réalisateur vis à vis des intentions des extrémismes religieux.

Et enfin, il y l’exode tant attendue de tout un peuple fuyant l’armée égyptienne avec un passage de la Mer Rouge qui restera parmi les scènes les plus impressionnantes qu’on a pu voir au cinéma depuis très longtemps, trouvant un véritable souffle épique et catastrophique, proposant des images à la photographie stupéfiante. Ridley Scott fait bien preuve d’une maîtrise technique toujours irréprochable, proposant des images que peu de réalisateurs arrivent à mettre à l’écran en nous faisant comprendre l’étendue qu’elles peuvent transmettre.

Exodus est ainsi un grand spectacle impressionnant tout autant qu’une interrogation sur la croyance. Il est alors dommage que cette richesse que l’on perçoit ne soit pas entièrement visible à l’écran à cause de scènes coupées flagrantes sur une relation fraternelle qui pourrait déboucher sur plus d’émotions. Mais nul doute que Ridley Scott nous proposera bientôt une version longue qui rendra justice au mythe de manière passionnante.