Le 24 décembre sortira l’excellent Whiplash (ma critique ici). J’avais eu la chance avec quelques autres privilégiés de rencontrer l’acteur principal, le charismatique Miles Teller et son réalisateur, Damien Chazelle (dont vous pouvez retrouver le compte-rendu là). Retour sur cette belle rencontre.
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
Miles Teller : Ce film est venu à moi alors que je venais de finir Divergente. J’étais épuisé, le tournage avait été difficile. Il faisait très froid à Chicago et on avait beaucoup d’entrainement physique. Je voulais me reposer, mais quand j’ai lu le script, je me suis dit que c’était juste impossible que je laisse le rôle à quelqu’un d’autre, c’était impossible que quelqu’un d’autre ait cette opportunité. Donc j’ai tout envoyé bouler et je l’ai fait. Ça m’arrive souvent ce genre de situations !
Dans ce film, vous jouez face à J.K. Simmons. Vous avez beaucoup répété ensemble ? Parce que vu votre relation, il est impératif d’avoir une vraie connexion…
M.T. : Non, en fait, on n’a pas vraiment travaillé avant. J’ai rencontré J.K. Simmons très tardivement. On a fait une lecture du script peut-être une semaine avant le tournage et après, on s’est retrouvé directement sur le plateau. Ce sont deux personnages qui savent exactement ce qu’ils veulent, ce qu’ils attendent. Et pour moi, il fallait juste arriver en ayant bien préparé les scènes et réagir. Il fallait bien écouter et jouer le plus sincèrement possible. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Quelle a été la plus grosse difficulté sur ce tournage parce que votre performance est hallucinante, vos mouvements à la batterie sont très rapides, très douloureux…
M.T. : C’est vrai que c’était fatiguant, mais bizarrement, pour moi, ça n’a pas été les scènes les plus dures. La scène la plus difficile aura été celle de l’accident de voiture. J’ai déjà eu un très grave accident de voiture (il a failli mourir, c’était en 2008, d’où les cicatrices qu’il a sur le visage – ndlr). Et là, je me suis retrouvé avec du sang plein la figure, je devais sortir de la voiture avec cet air déboussolé et ce sentiment de confusion “je viens d’avoir un accident”… Et je sais ce que ça fait. Mais en même temps, je devais jouer cette scène presque comique où la seule chose à laquelle pense Andrew, ce sont ses baguettes de batterie. C’est presque drôle. Et pour moi qui ai eu un accident de voiture, ce n’était pas évident.
Cette année, vous avez tourné plusieurs films très importants dans votre carrière. Le magnifique The Spectacular Now, Divergente. Mais j’ai quand même cette impression que Whiplash est un vrai tournant dans votre carrière. C’est une vraie “performance”. Est-ce que vous réalisez que cette performance est une étape ?
M.T. : Oui. Pour moi les rôles les plus importants sont généralement des rôles que l’on obtient petit à petit à force de jouer. C’est pour ça que je pense que les acteurs masculins reçoivent leurs meilleurs rôles aux alentours de 30 ou 40 ans. Avant, vous jouez souvent des trucs plus légers. Et c’est très rare d’avoir la chance de faire un film comme Whiplash qui est très exigeant, quand on est un jeune acteur. Et j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire. Quand vous étudiez la comédie, vous jouez des rôles avec des personnages qui sont beaucoup plus vieux que vous. Et c’était génial de jouer un personnage qui avait une aussi grande palette. Le personnage du début n’a plus rien à voir avec le personnage de la fin. Et je suis impatient maintenant, après Whiplash, de jouer dans des films avec de vrais rôles masculins.
Vous jouiez déjà de la batterie avant ou vous avez eu un coaching particulier pour rendre cette performance crédible ? Comment vous êtes-vous préparé ?
M.T. : J’ai eu ma première batterie à 15 ans. À 6 ans, je jouais du piano. J’ai joué du saxo aussi. J’ai même fait partie d’un groupe de jazz. Je me suis même mis à la guitare pour impressionner les filles. La batterie, c’était pour ça aussi, mais ça marchait moins bien ! J’étais familier avec la position du batteur. Mes amis jouaient tous de la guitare, mais moi c’était de la batterie. Mais, je me suis remis à la batterie de façon plus intensive avant le tournage. Pendant trois semaines, je travaillais plusieurs heures par jour. Tout ce qu’on peut entendre dans le film, n’est pas toujours de moi, mais l’intensité est réelle.
Damien Chazelle vous a recommandé des chansons, des musiques à écouter avant le tournage ?
M.T. : Il m’a envoyé des choses, oui. Et puis Youtube était une chose géniale pour un acteur. Je peux regarder tout ce que je veux sur mon téléphone ou l’ordi. Et j’ai regardé beaucoup de vidéos sur Joe Jones, Charlie Bird etc… Tout est si accessible. Il fut un temps où il aurait fallu aller à la bibliothèque et tout le bordel. Maintenant, tout est accessible. J’ai regardé des morceaux de vieux jazz pour trouver ce genre de rythme si spécifique et si bon !
Vous disiez que vous aimeriez maintenant avoir plus de vrais rôles “masculins”. Là, vous avez joué dans Les 4 Fantastiques. Vous pouvez nous en parler un peu ou pas ? Et surtout, pour l’avenir, vous aimeriez jouer des rôles de méchants ou des rôles plus psychologiques ? D’autant que dans Whiplash, on voit un tout petit fond de méchanceté involontaire…
M.T. : Je ne suis pas à la recherche spécialement de ça. Avec Divergente, j’ai joué un personnage qui, dans un sens est un peu méchant mais… Mais je ne cherche pas ça particulièrement. Je ne pense pas non plus que J.K. Simmons pense que son personnage est méchant. Il faut rester du point de vue de son personnage. Là, je vais jouer le rôle d’un boxeur (dans le film Bleed for This de Ben Younger). C’est un vrai challenge, avec transformation physique, régime alimentaire, entraînement physique etc… Depuis plusieurs mois je m’entraine et d’ici la fin du tournage je n’aurais plus que 6 % de matière grasse dans mon corps, c’est complètement fou et c’est très dur !
Et vous allez retravailler avec Damien Chazelle ? Peut-on dire qu’il y a un truc de spécial entre vous, vous êtes comme une « team » ?
M.T. : Oui. Quand vous travaillez avec quelqu’un et que le processus créatif est bon, que vous êtes heureux et productif, vous avez envie de recommencer. D’autant qu’après, il y a en plus l’histoire commune, la confiance et le confort. Je n’ai jamais passé autant de temps avec un réalisateur. On a une vraie relation de confiance. Et je n’ai pas envie qu’il travaille avec un autre acteur ! Surtout qu’après Whiplash, tout le monde va vouloir travailler avec lui !
Quand vous rêviez de devenir un jour un acteur, étiez-vous comme votre personnage dans Whiplash, prêt à tout pour atteindre votre rêve, prêt à souffrir pour votre rêve ?
M.T. : Non. En fait, je n’ai pas eu à vivre cela. J’ai eu de la chance. Mais je sais que j’ai besoin de beaucoup travailler, de bien me préparer. Jouer la comédie, c’est vraiment un métier formidable, mais je suis conscient que c’est un métier où tout peut disparaître du jour au lendemain. Mais non, je n’ai jamais eu besoin de dire à mes parents d’aller se faire foutre ou de m’isoler complètement pour jouer. De toute façon, être un acteur, c’est déjà être souvent seul, dans votre hôtel, loin de vos proches etc… Il faut trouver l’équilibre.
Et à propos des 4 Fantastiques ?
M.T. : Donc, ils sont 4 ! (Rires) Ce que je peux vous dire, c’est que c’est un film… Ça fait plus de 50 ans que Les 4 Fantastiques existent. La difficulté a été de les adapter aux années 2000, à 2014, et de ce qu’ils seraient devenus maintenant. À quoi ils ressembleraient en tant que Super Héros d’aujourd’hui. Ce qu’ils sont ou ne sont pas. C’est la partie la plus excitante, de poser une empreinte sur un personnage.
Il va être donc très différent des anciens films ?
M.T. : Très différent. Déjà, Michael Chicklis n’est pas dans le film et il ne porte pas un énorme costume… (Rires)
Un petit mot à propos de Shailene Woodley qui devait venir à Deauville, justement…
M.T. : Oui, elle n’a pas pu.
On lui pardonne… ! (rires)
M.T. : Je lui dirai.
Vous avez joué ensemble dans The Spectacular Now, puis dans Divergente. Vous avez d’autres projets de films ensemble, quelque-chose de différent peut-être ?
M.T. : Oui. Elle n’a jamais fait de vraies comédies. Et pourtant, c’est une fille très drôle, diverse. On essaie de trouver un truc pour retravailler ensemble. On aimerait bien faire un film ensemble sur l’évolution d’un couple ou un musical ensemble, mais j’en prépare un solo avec Damien Chazelle donc elle va m’en vouloir
Vous avez vu White Bird ?
M.T. : Non, pas encore. Il faut que je le vois.
Retranscription par Regardez-moi ça.
Merci à Bossa Nova.