« Lassés de devoir se plier aux consignes de leurs supérieurs, Nick, Dale et Kurt décident de monter leur entreprise pour ne plus avoir de patrons. Mais un investisseur habile les prive soudain de capital. Sans ressources, ni recours juridique, nos trois apprentis entrepreneurs mettent au point un plan foireux, consistant à kidnapper le fils – adulte – de l’investisseur et à exiger une rançon afin de pouvoir reprendre le contrôle de leur entreprise… «
« Le ridicule ne tue pas. Il faudrait parfois faire des exceptions pour ce dicton. »
Trop occupé sur l’adaptation cinématographique du jeu vidéo Uncharted : Drake’s Fortune, Seth Gordon, réalisateur du film « Comment tuer son Boss ?« , a laissé son siège de réalisateur vacant, n’arrangeant en rien les projets de la Warner. Ravi du succès mondial de la comédie « Comment tuer son Boss ? » avec pas moins de 110 millions de recettes rien qu’aux États-Unis pour un budget d’un peu plus de 30 millions de dollars, le studio Warner Bros ne comptait pas laisser sa poule aux œufs d’or au fin fond d’un tiroir, attendant que le public oublie totalement le premier épisode. Scénariste montant grâce à son travail sur les scénarios de comédies américaines récentes M. Popper et ses pingouins, Les Miller une famille en herbe ou encore dernièrement Dumb and Dumber De, c’est tout naturellement que les producteurs se tournèrent vers celui qui était déjà en charge d’écrire le scénario, de passer derrière la caméra pour mettre en boîte le film : Comment tuer son boss 2. Pour Sean Anders le travail est simple : on prend les mêmes et on recommence, mais au final la véritable question à se poser est : « qui voulait vraiment une suite au premier film, à part les producteurs ? ».
Trois ans après avoir tenté de réduire en poussière leurs patrons respectifs, les trois amis d’enfance Nick, Kurt et Dale reviennent avec une idée en tête, fonder leur propre entreprise afin de gagner leur vie sans avoir de comptes à rendre. Malgré leur bonne volonté affichée, il faut croire que leur cerveau respectif n’a pas gagné en maturité et croient vivre dans le monde des bisounours dans lequel un investisseur va accepter généreusement d’investir dans leur affaire. Comment tuer son boss premier du nom n’était pas un film reconnu pour son histoire bien élaborée, mais celle-ci avait comme point d’orgue de jouer sur l’un des fantasmes de l’homme, qui est d’envoyer balader son patron et lui faire comprendre qu’il n’aime pas être traité comme un moins que rien. Ce pastiche de départ est intéressant, car en partant de cela, le scénariste peut choisir différents axes afin de jouer sur différents styles de comique, tout en se servant de son casting cinq étoiles qui n’est pas là pour enjoliver son image, mais bien pour s’amuser et amuser les spectateurs. Même s’il s’avérait maladroit dans son écriture et pas toujours drôle, « Comment tuer son boss ? » n’était pas la catastrophe prévisible. Essayant de se servir à nouveau de l’histoire du premier film, afin d’ajouter une nouvelle couche, Comment tuer son boss 2 n’évite pas la redondance et s’enfonce petit à petit dans les méandres de la comédie américaine grand public à l’intérêt quelconque.
Ne possédant aucun intérêt scénaristique puisque jouant uniquement sur l’imbécilité de ses protagonistes, qui le sont uniquement lorsque le scénario le souhaite, contrairement à un certain Dumb and Dumber qui lui va au bout de ses idées et arrive à rendre ses protagonistes attachants et drôles, le long-métrage de Sean Anders trouve l’intérêt du spectateur au travers de son casting. Jennifer Aniston, Jason Bateman, Charlie Day, Kevin Spacey, Christoph Waltz, Jamie Foxx, Chris Pine, tous sont de la partie pour offrir aux spectateurs prêts de deux heures de rire. Tout ça pour ça. En effet, contrairement au premier film qui arrivait à offrir à chaque artiste son moment de gloire, le moment au travers duquel il pouvait s’exprimer et jouer sur son image, Comment tuer son boss 2 oublie ses personnages secondaires au profit du trio principal envers lequel, les spectateurs ne portent qu’un intérêt minime. On veut voir Jennifer Aniston qui se lâche à l’image de ce qui était fait dans le premier film. On veut voir Christoph Waltz se faire malmener, dans un rôle de patron schizophrène. On aimerait voir plein de choses. On aimerait voir beaucoup de choses, tout sauf ce que Sean Anders met en image, à savoir l’histoire d’un trio qui va rencontrer sur son chemin des personnages qui vont leur barrer la route ou leur permettre d’avancer jusqu’au final. Final par ailleurs, réussi contrairement au restant du film, grâce à un montage dynamique, calqué sur le tempo d’une musique pop et dont les quelques rebondissements et l’utilisation du personnage incarné par Jamie Foxx, permettent d’introduire quelques sourires, ce qui ne fait pas de mal.
Usant d’artifices techniques dans le but de rendre le film attrayant, mais avant tout faisant office de cache misère, Comment tuer son boss 2 a tout de la comédie américaine grand public à l’intérêt porté essentiellement par son casting et non par sa réalisation ou sa direction artistique, ici quelconque au possible. Malgré un scénario mal écrit, car ne mettant pas suffisamment en valeur quelques personnages secondaires et ne permettant pas au trio de tête de se rendre attachant et donc drôle même dans les moments les plus insignifiants, il reste trois acteurs et pas des moindres, qui permettent aux spectateurs de se rattacher à quelques courtes scènes du film. Présent tout au long du film au presque, Chris Pine décoche quelque sourire non pas grâce à son texte, mais sa gestuelle exacerbée et le côté burlesque utilisé dans le but de rendre son personnage schizophrénique. Il sauve quelques moments du film, à l’image de Kevin Spacey qui illumine quelques trop courtes minutes du film par son expressivité et sa folie débordante, ainsi que Jamie Foxx qui lui use de son image d’acteur décomplexé et décontracté pour embellir son personnage et le final du film. Trois acteurs d’exception envers lesquels Sean Anders peut dire merci.
Trop grand public pour aller au bout des choses qu’il entreprend, notamment dans la caractérisation des personnages, mais avant tout rarement drôle à cause d’une écriture médiocre qui ne laisse pas suffisamment la place aux personnages secondaires et n’arrive en aucun cas à rendre attachant le trio principal, Comment tuer son boss 2 est la suite inutile que l’on pouvait prévoir. Enfoncé par une mise en scène médiocre et quelques fioritures techniques servant de cache-misère afin de dynamiser une action inutile, ce film arrive seulement à convaincre dans son dernier quart grâce à trois très bons acteurs qui arrivent à tirer leur épingle du jeu. A la réponse comment bien finir l’année, on répond n’allez pas en salles voir ce joli navet.