« Un animateur de talk show et son producteur se retrouvent impliqués dans un complot meurtrier à l’échelle internationale. «
Fin juin 2014, Kim Jong-Un le bien heureux déclarait que le film The Interview sonnait comme « un acte de guerre intolérable » provenant des États-Unis envers la Corée du Nord et que si ce dernier sortait en salles, les Américains devaient s’attendre à des représailles. À notre plus grande surprise, un peu moins de sept mois plus tard, Sony Paramount Pictures a été visé par un groupe de hackeur. Chaque jour pendant plus d’une semaine ces derniers ont diffusé sur internet des mails et autres dossiers bien cachés au fond des tiroirs du géant américain. Sans surprise, ce groupe de hackeur a très rapidement déclaré vouloir qu’une chose : l’annulation de la sortie internationale du film The Interview. La guerre entre le studio américain et ces terroristes invisibles a fait rage jusqu’à ce que Sony annule la sortie du film, avant de se raviser et de le publier le jour prévu dans les salles souhaitant le diffuser, ainsi que sur internet sur YouTube, Google Play et j’en passe pour ne citer qu’eux. Derrière cette histoire, on peut voir tout et son contraire, et nous ne sommes pas là pour savoir si oui ou non la Corée du Nord et son leader, qui par ailleurs ont déclaré durant ce conflit numérique que « Pyongyang était fier des hackeurs, mais n’était en aucun cas responsable de ce piratage », sont responsables de toute cette histoire. Nous sommes ici pour savoir si oui ou non The Interview et un film qui a mérité tout ce tapage médiatique qui a gonflé l’actualité médiatique du mois de décembre 2014.
Il y a six ans, le duo Seth Rogen/James Franco se formait en haut de l’affiche avec le culotté et délirant Pineapple Express. Depuis ce même duo, est descendu en qualité à cause du déconcertant et centralité sur un trop-plein de « private joke » excluant totalement le spectateur, This is the End. Pour leur retour, le duo irrévérencieux, amis à la ville comme à l’écran, a décidé de tout miser sur l’aspect satirique dont peut se servir la comédie, afin de viser et de se moquer délibérément de la Corée du Nord et plus principalement de son leader suprême, que dis-je, son dieu tout puissant : Kim Jong-Un. Sauvages, Seth Rogen et James Franco sont incontrôlables, mais ne dit-on pas que le cinéma fait partie de l’un de ces moyens par lesquels on peut parler de tout et rire de tout. Même les films les plus provocateurs ont le droit à leur moment de parole, mais ce qu’il faut bien savoir avec The Interview, c’est qu’il s’agit avant tout d’une comédie irrévérencieuse et satirique qu’il faut prendre au millième de degré, à l’image d’un nanar qui ose tout, ne serait-ce qu’ancrer une large dose de surréalisme au cœur d’environnements et autres éléments qui se veulent représentatifs d’une certaine réalité. Jouant exclusivement sur les images que l’on se fait via les médias et autres moyens de communication, ce long-métrage se moque et tourne en dérision les acteurs qui sont ici la représentation même de l’image que le spectateur se fait d’eux, ainsi que le dictateur nord-coréen, le faisant passé pour un enfant gâté de 8 ans fan inconditionnel de Katy Perry. Partageant quelques moments avec Dave Skylark, présentateur vedette qui est en pleine remise en question sur ses capacités de journaliste, qui lui-même est d’ôté d’un esprit d’enfant de 8 ans, les deux font des étincelles ensemble et offrent aux spectateurs les moments les plus drôles de cette comédie souvent trop longue et au rythme décousu.
Alors que le duo Seth Rogen/James Franco excelle durant la totalité du film, mis à part dans sa partie qui met en avant la bromance inconditionnelle et à laquelle on est obligé d’assister dans chacun des films du duo, c’est véritablement la rencontre entre James Franco et Randall Park qui procure la dose de rires aux spectateurs qui ne demandent que ça. Moins excluant que leur précédent film et davantage tourné vers l’action même, afin d’inclure le spectateur dans le film et au cœur même des blagues et autres jeux de mots souvent en rapport avec les situations cocasses dans lesquelles se trouvent les protagonistes, The Interview reste néanmoins un film de potes au travers duquel l’humour passe avant tout par la sympathie évidente qui lie les deux acteurs principaux. Au travers d’un récit à la structure pré-conçue et prévisible, ainsi que de critiques qui n’apportent peu envers les médias, on retiens avant tout une empathie immédiate pour ce duo d’idiots qui à l’inverse d’Harry et Lloyd (Dumbd and Dumber), méritent surtout une bonne paire de claques et non notre sympathie.
Finalement, hors contexte, The Interview aurait été une comédie lambda, une comédie parmi tant d’autres. Aussitôt vue, aussitôt oubliée. Fort heureusement pour elle et grâce à cette folle histoire de piratage, The Interview est devenu un véritable objet vidéoludique dont les qualités sont forcément amplifiées par tout ce qui l’entoure. Tout cet engouement autour du film n’est que bénéfique pour lui, puisqu’en le visionnant, le spectateur pense à cette guerre numérique qui a fait rage et se moque volontairement et avec délectation des personnages. On aime voir Kim Jong-Un se faire ridiculiser et on prend plaisir à ça, car il aurait voulu entacher notre liberté à nous autres français, européens, individus libres de droits et paroles. Malgré tout, le nouveau film co-réalisé par Seth Rogen et Evan Goldberg est loin d’être la comédie catastrophique comme on peut le lire ici et là. Grâce à son casting parfois improbable, mais qui excelle et surprend avec quelques guests en bonus, à son sens de la provocation et à son utilisation de la pop culture afin d’immerger au mieux le spectateur par ses références, The Interview remplie son contrat avec honneur et offre une bonne séance de rire à partager entre amis de préférence.