Nous ne sommes plus qu’à quelques jours de la fin de l’année 2014, et voilà que tous les magazines et blogs s’empressent de publier un article hiérarchisant les films qu’ils ont apprécié ou détesté cette année. Dans ce billet, loin de nous l’idée de faire de même. Bien que l’originalité soit quelque peu de mise, avouons-le, il s’avère très difficile de classer des films aux genres et contenus très différents. Ainsi, les rédacteurs de CinéCinéphile ont décidé cette année de récompenser positivement ou négativement les films et acteurs de 2014 à travers plusieurs types de prix: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur actrice, révélation masculine, révélation féminine, pire film, pire réalisateur, et plus grosse déception. En espérant que ces remises de récompenses soient pour vous plus attractives que les NRJ Music Awards ou les César…
Paulcinestuff: Interstellar. Odyssée spatiale mêlant l’infiniment petit à l’immense force de l’Amour, tantôt bouleversante, tantôt épique. Oh Chris, you did it again.
Clemaul: La grande aventure Lego, car je retombe en enfance, Legos à la main m’inventant des histoires folles…
Manu_Calafiore: Mommy de Xavier Dolan. Le choix fut difficile mais devant ce sommet d’émotion, que faire ? Drôle, émouvant, tragique et en même temps tendre, le film vaut pour ses acteurs exceptionnels et surtout un choix assumé en terme de façon de filmer et d’accompagnement musical. Un bijou !
Kev44600: Gone Girl ou The Grand Budapest Hotel? Aucune comparaison possible, c’est donc un choix de cœur pour la maîtrise de David Fincher qui nous offre un thriller qui évite avec soin toute once de manichéisme par une écriture astucieuse et une mise en scène minutieuse.
TangToGetAway: Lorsqu’un film propose une idée unique par plan, redistribuant malicieusement ses cartes à chaque minute, le tout dans un maelström d’ambiances différentes les unes des autres, le tout avec autant de facilité et sans jamais nous perdre, on peut parler de très grand film. Gone Girl est comme ça. Immense.
Paulcinestuff: Impossible de les départager, chacun pour leur précision et leur maîtrise terrassante du cadre, mais dans deux genres bien différents, j’ai nommé David Fincher pour Gone Girl et Peter Jackson pour le Hobbit.
Clemaul: Encore une fois Christopher Nolan a su nous impressionner avec Interstellar, film envoûtant et magique.
Manu_Calafiore: Christopher Nolan pour Interstellar. Il prouve de nouveau qu’avec simplicité, on peut réaliser un grand film. Sa direction d’acteurs est toujours maîtrisée et ses choix scénaristiques et esthétiques sont payants.
Kev44600: Alors que ce sont les chorégraphies qui prônent, il ne faut oublier celui qui coordonne le tout et offre une visibilité exemplaire aux spectateurs. Gareth Evans, un maître d’orchestre épatant [dans The Raid 2, ndlr].
TangToGetAway: 2014, année de Philip Lord et Chris Miller. Le duo de choc nous a offert deux films d’exception cette année, car après le chef-d’oeuvre d’animation La Grande Aventure Lego, vint l’inarrêtable 22 Jump Street. Confirmation réussie pour les deux trublions inséparables!
Paulcinestuff: Matthew McConaughey, pour tout. Pour l’immense True Detective, le transformisme de Dallas Buyers Club et surtout l’arrachage de cœur de la séquence des messages d’Interstellar.
Manu_Calafiore: Ralph Fiennes dans The Grand Budapest Hotel. Il y est débonnaire, lunaire, non dénué de charme, tout en mettant en avant ses partenaires sans jamais se tirer la couverture à lui tout seul. Pour ce rôle, il se réinvente et montre une étendue de son jeu qu’on ne lui connaissait pas : « le lâcher prise » proposé par Wes Anderson. Chapeau!
Kev44600: Déjà récompensé par un Oscar en 2014, Matthew McConaughey permet à Interstellar d’ouvrir une nouvelle dimension, celle de l’émotion. Il donne des frissons et nous affecte au plus profond de nous.
TangToGetAway: Matthew McConaughey a définitivement bouffé à tous les râteliers cette année. Une fois sa transformation physique sidérante (sans mauvais jeu de mots) de Dallas Buyers Club (lui valant par ailleurs un Oscar) passée, l’acteur a brillamment récidivé en mystérieux détective détruit par la nature humaine dans True Detective et en père de famille émouvant dans Interstellar. Chapeau l’artiste!
Paulcinestuff: Autant ne pas être original : Rosamund Pike [dans Gone Girl, ndlr]. Personnage ensorcelant avant de glacer le sang, Amy Dunne n’aurait pas été ce qu’elle est sans la présence magnétique et carrément flippante de Pike.
Clemaul: Jennifer Lawrence. Elle sait dans tout ses rôles représenter une femme forte, aussi bien dans X-Men, Hunger Games, American Bluff.
Manu_Calafiore: Emilie Dequenne dans Pas son genre. Pourquoi ? Parce qu’elle y affiche un naturel désarmant, parce que le seul plan où elle chante « I will survive » résume à lui seul le film. Elle y est drôle et touchante, et on verse sa petite larme.
Kev44600: Impeccable et jamais passive, Rosamund Pike se révèle avec un rôle qui oscille entre le bon et le mauvais sans jamais laisser le spectateur voir en son for intérieur. Épatante dans ce Gone Girl.
TangToGetAway: Détruire l’icône hollywoodienne en la faisant passer pour une névrosée droguée et désabusée, chez celui ce qu’on appelle « l’intello du cinéma » n’est pas vraiment une chose aisée, mais Julianne Moore aura réussi à vampiriser l’écran de David Cronenberg dans Maps To The Stars. Ça lui a même valu le prix d’interprétation à Cannes. Alors, ça mérite une place dans ces CinéCinéphile Awards.
Paulcinestuff: Antoine-Olivier Pilon, on fire, qui crève l’écran à chaque scène de Mommy.
Manu_Calafiore: Ils sont ex-aequo : Ghilerme Laubo et Fabio Audi dans Au premier regard. Ils arrivent à interpréter les émois amoureux de l’adolescence sans que cela ne sonne faux et forment un duo complémentaire tant Ghilerme est impressionnant dans sa composition de jeune aveugle et Fabio, indispensable en guide énamouré.
Kev44600: Touchant, mais avant tout attachant, David Gulpilil [dans Charlie’s Country, ndlr] porte sur ses épaules le lourd fardeau qui pèse sur son personnage, un personnage d’une humanité incroyable.
TangToGetAway: Doublement Shia LaBeouf. Les trous scénaristiques de Fury sont brillamment palliés par l’humanité qu’apporte l’acteur à son personnage errant entre l’enfer de la guerre et le refuge religieux qu’il s’est lui-même créé. Idem pour Nymphomaniac, où il est exceptionnel. Ça change des Transformers…
Paulcinestuff: Carrie Coon, avant tout pour The Leftovers, et ses heart-breaking scenes, et puis aussi beaucoup pour Gone Girl. Et puis mention spéciale à Mackenzie Foy dans Interstellar pour beaucoup de raisons.
Manu_Calafiore: Brie Larson dans States of Grace (de Destin Daniel Cretton). Si ce film a une raison d’être et d’exister, c’est pour Brie Larson. Solaire, rieuse, habitée et tiraillée, elle interprète avec brio une jeune chef de foyer pour adolescents en difficulté sans que jamais le film vire au pathos et larmoyant.
Kev44600: Aux côtés de la ravissante Lou de Laâge, Joséphine Japy se donne corps et âme dans le film de Mélanie Laurent [Respire, ndlr]pour conserver en son intérieur son ressenti et n’en ressortir qu’une larme.
TangToGetAway: Mackenzie Foy. De Twilight à Interstellar, la donne a changé. Et son impact également. Après avoir été insupportable en fille de Kristen Stewart, elle a su tirer son épingle du jeu chez Christopher Nolan avec son jeu d’actrice tout en nuances, aussi important dans la construction du personnage de McConaughey que Jessica Chastain. Définitivement à suivre!
Paulcinestuff: Pour ce que j’y ai vu, Night Call de Dan Gilroy. Et aussi parce que c’était super chiant.
Clemaul: Pas horrible non plus, The Amazing Spider Man 2, il ne casse pas trois pattes à un canard avec son scénario très bateau.
Manu_Calafiore: Black Storm de Steven Quale. Malgré des effets spéciaux de qualité, tout sonne faux dans ce film. Les acteurs jouent mal (Richard Armitage, pourquoi as-tu fait ça ?), les scénario est avilissant au possible et on n’est jamais passionné par les mésaventures de personnes qui auraient mieux fait de partir quand on leur avait dit de le faire pour éviter la tempête.
Kev44600: La concurrence est présente en grand nombre, mais Ninja Turtles a toutes les cartes pour gagner ce prix que tant souhaitent avoir. Potentiel pour divertir il avait, plan serré sur le fessier de Megan Fox il en reste.
TangToGetAway: Ce n’est pas parce qu’on ose qu’on réussit forcément. Le Juge, pseudo-film Eastwoodien kitsch et exécrablement académique, l’a bien compris. Tous les acteurs cabotinent dans le vide, noyés dans les poncifs du genre et les lignes narratives. Film à Oscar? Je n’espère pas.
Paulcinestuff: Ridley Scott, pour ses propos puants à propos de la polémique autour d’Exodus.
Manu_Calafiore: Lars Von Trier. En proposant un porno chic, stylisé, il pensait combler les salles. Mais Nymph()maniac est vide et creux, le casting se demande parfois ce qu’il fait là. Et si la 1ère partie est manipulatrice à souhaite et nous pousse à découvrir le second volet, celui-ci est fade et risible, à la limite du ridicule.
Kev44600: Doublé gagnant pour Ninja Turtles et son réalisateur Jonathan Liebesman. Des scènes d’actions illisibles accouplées avec un montage trop dynamique. N’est pas Michael Bay qui veut.
TangToGetAway: Il faut sanctionner Sin City 2. Ainsi, Frank Miller et Robert Rodriguez seront cités ici comme deux énormes fainéants qui tentent de recopier bêtement le comics original sans réfléchir, pensant que le succès escompté sera encore de mise. Mauvaise idée.
Paulcinestuff: Sachant que j’ai jamais cru à l’adaptation ciné de L’Epouvanteur [connu cinématographiquement sous le nom de Le Septième Fils, ndlr] et que j’ai vu du positif dans The Rover, disons Under the Skin, qui fut la pire expérience ciné de mon année (et peut-être de ma vie).
Clemaul: Pas énorme déception non plus, c’est Dragons 2. On m’en a dit tellement du bien, que je m’attendais à un second opus à la hauteur, il n’en n’est pour moi qu’une suite « acceptable ».
Manu_Calafiore: Godzilla de Gareth Edwards. J’attendais tellement du retour du lézard-dinosaure géant tant le film de 1998 était un ratage total. Ici, les effets spéciaux sont certes parfaits mais le scénario est fade, sans intérêt et le casting totalement sous-exploité : Juliette Binoche (10 minutes pathétiques), Bryan Cranston (40 minutes maximum de folie générale). Et surtout, l’ennui pointe tout le temps !
Kev44600: Après un excellent reboot qui réussissait à offrir à la saga un véritable point de départ, La Planète des Singes L’Affrontement débute de fort belle manière, mais rétrograde au fur et à mesure pour revenir au point zéro du scénario.
TangToGetAway: Légendes Vivantes, soit une redite poussive accumulant les blagues idiotes en tentant d’élargir la durée. Si le résultat aurait pu être hilarant, il est ici trop lourd ou trop semblable au premier volet. Comme on dit, les blagues les plus courtes sont les meilleures…
Paulcinestuff: Lego : The Movie. Fallait que je le case quelque part.
Manu_Calafiore: J’ai dû pour ces récompenses zapper Dragons 2, laisser de côté Her et le magnifique Joaquin Phoenix (et la voix de Scarlett), oublier de citer dans les ratages La Belle et la Bête, sauvée par l’inutile Black Storm. Et enfin laisser de côté Les Gardiens que j’ai aimé, Sils Maria qui m’a bluffé ou encore Les Boxtrolls qui m’ont ému.
Kev44600: Petite mention spéciale pour Ridley Scott qui a réussi avec Exodus, a prouver que le cinéma moderne ne sait plus faire de fresques cinématographiques disposant d’un scénario complet et complexe, ainsi que de batailles spectaculaires. Maintenant faut choisir l’un ou l’autre!
TangToGetAway: Parce qu’il fallait citer The Raid 2 quelque part, pour son montage parfait, sa bande originale explosive et ses combats toujours magistralement chorégraphiés, ce sera dans les mentions spéciales. Bon courage pour la suite, Gareth Evans!
Et c’est ainsi que s’achève nos récompenses pour cette année, ne prenant hélas pas en compte les films sortant le 31 décembre 2014 par manque de temps avant publication de cet article. Quoi qu’il en soit, avec les retours de sagas ou de grands réalisateurs, 2015 s’avèrea être une année aussi excitante que celle-ci! A l’année prochaine, pour de nouvelles aventures!