« 1989. Texas. Par une douce nuit, Richard Dane abat un homme qui vient de pénétrer dans sa maison. Alors qu’il est considéré comme un héros par les habitants de sa petite ville, il est malgré lui entraîné dans un monde de corruption et de violence. «
« Sombre, noir et implacable, Cold in July saura vous offrir les sensations que vous réclamez. »
John Carpenter, David Cronenberg, Walter Hill, Quentin Tarantino… font partie des réalisateurs qui ont été cités durant la phase promotionnelle du film Cold in July sur différents réseaux sociaux. Cela peut sembler grossier et trop flatteur de citer de tels noms afin de parfaire l’image du nouveau film réalisé par Jim Mickle, mais à en voir le film, il faut croire que ces comparaisons ne sont pas illégitimes et que certains cinéastes dont Nicolas Winding Refn, mériteraient également d’être cité afin de boucler la boucle et de bien faire comprendre qu’avec son Cold in July, le jeune réalisateur américain sert sur un plateau d’argent un vibrant hommage aux séries b d’une époque révolue, aux qualités artistiques et d’écritures indéniables. Pour sa nouvelle réalisation, le metteur en scène à qui l’on doit notamment les films d’épouvantes Mulberry Street et Street Trash change de registre, minimise les explosions d’hémoglobine et immerge les spectateurs au cœur du Texas des années 90.
Père de famille à la vie bien rangée, Richard Dane va voir sa petite vie basculée le jour où, pour protéger sa famille, n’écoutant que son courage et malgré ses craintes et peurs, il va maladroitement tuer d’une balle dans la tête un individu qui vient de pénétrer illégalement dans sa maison. Comment réagirait-on si un individu potentiellement armé entrait dans notre maison par une nuit noire ? Un postulat de départ soucieux de son réalisme et qui emmène le spectateur vers une logique d’identification envers son protagoniste, pour un film qui va petit à petit lorgner vers le thriller noir et violent, tout en piochant ici et là des éléments à d’autres registres que sont le « buddy movie », le « home invasion » et le « revenge movie », sans pour autant se vouloir en être de véritables. C’est cette volonté de mélanger les genres et les registres qui permet entre autres, au spectateur de rester sur le qui-vive, ne sachant pas à quoi s’attendre avec les futures séquences.
Retour dans le passé pour un film qui trouve sa source dans les séries b des années 80/90, dans lesquelles les personnages étaient mis à mal et que leurs états émotionnels ne cessaient d’évoluer en bien comme en mal, de la simple reconnaissance d’être vivant jusqu’à son extrême. Jamais stoïque et toujours porté par la volonté de faire évoluer ses personnages, le film reflète la descente aux enfers d’un homme qui dans un élan de curiosité humaine, va se retrouver « pourchassé » et « à la recherche de ». Thriller vibrant et violent, Cold in July repose sur une écriture minutieuse permettant à ses personnages de sortir de la simple caractérisation de base. Partant sur un postulat de départ on ne peut plus classique, les personnages apparaissent avec un état émotionnel qui va évoluer au son des rebondissements qui vont joncher la route vers la vérité. Du simple père de famille peureux et craintif, Richard Dane incarné par Michael C. Hall, va se transformer en prenant confiance en lui et en ayant plus peur d’aller au-devant de l’affrontement. Sur l’intégralité de son film, Jim Mickle joue sur les archétypes et les redéfinit à sa façon sur la durée. Le père de famille antihéros par excellence, le shérif Texan qui ne jure que par lui-même ou le bad guy qui n’a rien à perdre, tous font le film et se réinventent pour mieux surprendre le spectateur à la recherche d’originalité et de sensations.
Écrit à la manière d’une partition de musique au cœur de laquelle les notes les plus accentuées apparaissent comme des pics qui vont changer la perception et l’état émotionnel des personnages, Cold in July ne donne pas d’indications sur le futur proche des personnages et ne lâche à aucun moment le spectateur, lui demandant d’attendre sagement le dernier plan pour savoir qui va survivre à qui. Imprévisible dans son écriture, car toujours propice à un nouveau rebondissement, il l’est également dans sa direction artistique qui suit un fil conducteur graphique, tout en se permettant tout et son contraire au travers d’idées de mises en scène de haute volée. Au travers d’une utilisation harmonieuse de la réverbération des couleurs et des projections d’ombres permettant ou non la perception des visages, laissant les corps se mouvoir telles des ombres de la nuit, Jim Mickle offre son long métrage une identité visuelle qui lui est propre, à la fois sombre et flashante permettant de casser la dynamique mise en place par les états émotionnels des personnages.
Sombre, noir et implacable, Cold in July saura vous offrir les sensations que vous réclamez, ainsi que son lot d’émotion grâce à des prestations d’acteurs remarquables qui ajoutent à la diégèse créée par Joe R. Lansdale dans son roman éponyme, de véritables prestances riches en émotions. Dopé à la pop-culture et aux références qui vont avec, Jim Mickle réalise un long métrage saisissant, à la mise en scène précise et mise en valeur par une réalisation qui jonche le contemplatif tout en offrant un panel assez large de choix de mouvements, mais surtout à la direction artistique de très grande qualité incrémentée de surcroix d’une bande sonore qui synthétise parfaitement par ses rythmes pop toute l’ambiguïté de ces personnages perdus entre la peur et la colère. Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson, Jim Mickle et Joe R. Lansdale forment un quintet surprenant et enthousiasmant. Un thriller inattendu qui pourra vous permettre au choix, de finir 2014 ou de commencer 2015 sur une excellente note.