Tradition Scénario-Buzzesque oblige, voici le bilan de mon année cinéma. Je n’ai aucune prétention d’avoir un goût universel, ni de pouvoir graver dans la pierre quels sont les meilleurs ou les pires films de l’année, loin s’en faut. Mais puisqu’un blog sert avant toute chose à partager, je voudrais revenir sur mes gros coups de cœur, quelques jolies surprises… et grosses déceptions de 2014.
Lorsque je publie cette sélection chaque année certains lecteurs me demandent pourquoi n’y figurent que des films étrangers, ou presque. Que les choses soient claires, je ne méprise aucunement le cinéma hexagonal, bien au contraire, c’est lui qui me fait gagner ma croûte, hein. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il serait très mal venu de critiquer le travail de tel ou tel confrère, if you see what I mean… Lorsqu’on connait l’envers du décor de la création cinématographique made in France, que l’on sait quel parcours du combattant il faut traverser pour voir un projet de film finalement à l’écran et quel sort est réservé au scénario, on se dit que certains films, même imparfaits, ont le grand mérite d’exister.
Il m’est beaucoup plus facile de « juger » de l’aboutissement de tel ou tel film étranger, parce que d’une part j’ai beaucoup plus de recul et que d’autre part l’écriture du scénario y beaucoup mieux valorisée.
Bon, trêve de blabla, roulements de tambour et bilan de cette cuvée 2014 qui, en bien ou en mal, ne m’a vraiment pas laissée de marbre:
Mes gros coups de cœur:
La petite dernière du clan Coppola n’est pas la moins douée, loin s’en faut. Je suis le travail de Gia Coppola depuis des années, séduite par son travail photographique et les pubs qu’elle a signées, et son premier long-métrage, Palo Alto, m’a laissée sur le carreau. Il faut dire que j’avais adoré l’ouvrage éponyme de James Franco à l’origine du projet, je savais à peu près à quoi m’attendre donc, mais la mise en scène de cette jeune cinéaste, dépouillée des maniérismes que l’on peut reprocher à sa tante, capte la détresse des personnages avec une finesse poignante. L’histoire du film est émouvante en soi: Gia ne souhaitant pas profiter de son illustre famille et aucun autre producteur ne voulant du projet à moins que Franco le réalise lui-même, ce dernier, convaincu que Gia Coppola était LA personne la plus apte à le signer, a financé lui-même le film, interprétant l’un des personnages secondaires. La plupart des scènes ont été tournées chez la mère de Gia Coppola, qui interprète au passage la mère de l’héroïne, dans sa chambre d’adolescente. Même chose pour le personnage de Jack Kilmer: c’est sa propre chambre, ses vêtements, que l’on voit à l’écran, et son père Jack joue un petit rôle. Bref, je ne vais pas vous infliger un cours magistral sur ce film mais vraiment je vous le recommande. Je me suis ruée sur le DVD dès qu’il a été mis en vente, ce qui fait que j’ai vu le film plusieurs fois cette année.
Un peu dans le même registre, coeur avec les doigts pour le White Bird de Gregg Araki. Quand un de mes cinéastes favoris adapte ma romancière culte, Laura Kasischke, forcément il y a des chances que je sois séduite, mais j’ai bénéficié au passage d’une belle leçon d’adaptation littéraire. Tout en restant ultra fidèle au roman, Araki lui a insufflé une atmosphère de thriller très efficace et en changeant un détail de l’intrigue, que je ne vais pas spoiler, il offre une lecture encore plus saisissante de la thématique. L.O.V.E. !!!
Belle adaptation du Gone Girl de Gillian Flynn pour David Fincher, normal c’est l’auteure elle-même qui s’y est collée, lol. Là aussi les changements sont subtils et très cinématographiques et je me suis régalée, même si je préfère le bouquin qui offre une caractérisation tellement plus aboutie. Je suis aussi un peu surprise que ce film soit le plus grand succès public de Fincher quand son pur chef d’oeuvre reste à mes yeux Zodiac, que j’ai revu cette année itou.
Comme beaucoup de cinéphiles, j’attendais Interstellar avec impatience mais apréhension. J’adore Christopher Nolan mais j’avais peur qu’il nous resserve un gloubi-boulga indigeste à la sauce Inception (je hais ce film). Et bien je n’ai pas été déçue du voyage, j’ai sangloté pendant la moitié du film et plané pendant l’autre. ^^
Comme plein de monde, je me suis pris le Mommy de Xavier Dolan en plein coeur. Son Tom à la ferme est bluffant itou. J’aimerais que le succès critique et public de ce jeune cinéaste fasse un poil réfléchir les financiers du cinéma hexagonal car dans les faits, il n’aurait jamais pu tourner ses films sur notre sol, surtout à cet âge…
Sofia Coppola avait fictionnalisé l’érosion de leur mariage dans son magnifique Lost in translation, dix ans plus tard Spike Jonze semble lui répondre avec son émouvant Her. Sweet, sour & heartbreaking!
Les films que j’ai aimés mais un peu moins:
Quel choc que le 12 years a slave de Steve McQueen! Cela dit si le film participe à un incontestable devoir de mémoire, si son histoire est poignante, je n’ai pas été bluffée par sa mise en scène, comme ce fut le cas pour les opus précédents du cinéaste.
Même chose pour The Grand Budapest Hotel: un enchantement cinéphile sans pour autant m’avoir autant émue que les précédents films de mon adoré Wes Anderson.
Excellente surprise, en revanche avec le Maps to the stars d’un David Cronenberg (enfin) à nouveau en grande forme. Le scénario n’est pas complètement à la hauteur de mes attentes cela dit, notamment la caractérisation…
Gros kiff de voir Jim Jarmusch s’attaquer au film de vampires avec un Only Lovers Left Alive très sexy/dandy/rock, même s’il ne révolutionnera pas le genre.
Marvel m’a comme chaque année fait passer du bon temps en salle, avec un X Men days of future past pour le coup brillantissime et couillu en terme de scénario (et puis merde, Michael, rrrrr!!!!) et un Guardians of the Galaxy bien sympathique ma foi…
Les déceptions:
Bon il était honnête ce Godzilla de Gareth Edwards mais je m’attendais à vachement mieux, faut bien l’avouer. Bon moment passé en salle, film aussitôt oublié, ou presque…
Que j’étais contente que Zack Braff se remette à la réalisation, et quelle admiration était la mienne quand il a préféré opter pour le crowdfunding plutôt que de passer à la moulinette d’un grand studio! N’empêche que Wish I was here est un film attachant et drôle mais truffé de maladresses scénaristiques, quel dommage!
Et la palme d’or du Nanar…
… goes to Lucy de Luc Besson, peut-on vraiment le qualifier de film français? Ca me fait mal que ce soit celui-là qui porte haut et fort nos couleurs dans le monde en tout cas…
Voilà, la liste n’est pas exhaustive, j’ai vu PLEIN d’autres films, quand même, en 2014, notamment de très beaux films français, mais voici ceux qui m’ont marquée, en bien ou en mal.
Copyright©Nathalie Lenoir 2014