C’est ce que nous proclame la presse, suite à la publication du bilan 2014 publié par le CNC. Certes les ventes de tickets sont en progression, et c’est génial. Mais à l’heure où la liberté d’expression artistique est frappée de façon barbare, le bilan que dressent les professionnels du septième art est tout autre…
Le cinéma français se porte bien semble t-il, mais à l’instar de bien des consœurs, confrères et producteurs, je ne partage pas vraiment la poussée d’optimisme de la presse. Il suffit d’analyser les chiffres du CNC, ou de bosser dans le secteur tout simplement, pour remarquer l’uniformisation des gros winners du box office, et la faiblesse de leur écriture. Ce ne serait pas bien gênant si la rentabilité de ces comédies poussives servait aussi à financer des films plus singuliers, à budgets modestes. Le cinéma anglo-saxon a prouvé depuis belle lurette que cinéma « d’auteur » et succès public ne sont pas incompatibles.
Lorsqu’on demande à de grands cinéastes étrangers quels sont leurs films français favoris, le moins que l’on puisse dire c’est que leur sélection date. Je ne pense pas que ces réalisateurs manquent de culture ou de curiosité artistique.
Dans les faits il existe de très bons films français, des films avec une vraie histoire, une vraie vision de cinéaste, mais ils sont peu et mal distribués. On argue souvent que trop de films sortent chaque année et que c’est cet embouteillage en salles qui nuit au destin de ces oeuvres. A l’heure où la VOD se développe il existe pourtant une piste évidente pour y remédier.
Ne va t’on plus classer, voire concevoir, nos films qu’en fonction de la chaine susceptible de les pré-acheter? Accepter qu’on nous dise quel sujet, oh pardon, quelle comédie on nous autorise à traiter et avec quels acteurs « bankables »? La pente est plus que glissante…
Chers consoeurs et confrères auteurs/cinéastes, cher(e)s ami(e)s producteurs et trices, être Charlie, selon moi, ne consiste pas à faire une marche silencieuse, parce que le silence tue autant que l’intégrisme, même si c’est beaucoup plus lent. Soyons VRAIMENT Charlie, écrivons les fictions que nous avons au fond du coeur et des tripes, des fictions avec de vrais personnages complexes, des sujets qui nous touchent, un regard sur le monde et notre société. Bottons le cul de notre ayatollah à nous: la redoutable ménagère. Si nos financiers ne recevaient QUE des projets innovants, ambitieux, subtils, touchants ils seraient bien obligés de faire avec, non?
Copyright©Nathalie Lenoir 2015