Par delà les frontières.
The Homesman constitue sans nul doute la plus émouvante conquête ayant récemment jamais foulée les terres arides du western américain. Binant le visage séculaire de cette relique du septième art que demeure, à nos yeux, le sage Tommy Lee Jones, la poésie dont ce petit bijou fait brillamment l’éventaire éclate également au sein de cette douce brise composée par l’inestimable Marco Beltrami. Bien que ce projet demeure, à nos yeux, de modeste envergure, le compositeur ne s’en est pas moins retroussé les manches pour renouveler, avec le panache qu’on lui connait, l’écriture musicale associé à l’ouest sauvage, allant pour cela jusqu’à ériger, à proximité de son studio, entre les plis des coteaux arides de Santa Monica, un wind piano, dont les vents, à décorner un diable, viennent se frotter sur les cinquante mètres de corde à piano zébrant le ciel de Santa Ana (l’occasion de partager ce petit article très informatif sur son édification). En partie enregistré en extérieur, à flanc de colline, au beau milieu du désert californien (je vous invite, par ailleurs, à en découvrir ici une courte mais instructive démonstration de la créativité mise à l’œuvre), ce score épouse donc tout entier, dans sa production comme dans son orchestration, la beauté démoniaque du paysage désolé de l’arrière pays yankee du XIXème siècle portraituré par le long métrage. Mélancolique (sublime Main Title), torturé, amenant parfois notre écoute à la lisière du fantastique (On The Plain, Newborn et Where’s Cuddy ?), la douloureuse complainte des cordes pincées et frottées et la solitude émanant du honky tonk, composant l’ossature de cette vielle carriole dans laquelle nous embarque Marco Beltrami, nous entraine ainsi, cahotant au grès des anfractuosités creusé dans le récit, sur le chemin d’un voyage à nul autre pareil. Difficile à capter, sans l’appui des images, cette étrange féérie, âpre et magnétique, sourdant de cette écriture intimiste, cette somptueuse partition s’apprécie heureusement davantage après lecture des différents tableaux dépeint par le réalisateur. Une pépite qui se doit de figurer sur les étagères de tous les amoureux du film et du compositeur. (5/5)
Sortie Album : 09/12/2014. Sortie Film (France) : 18/05/2014. Édition : Varese Sarabande. Format : CD. Compositeur : Marco Beltrami. Durée: 45:34.