Culte du dimanche : Les Nerfs à Vif de Martin Scorsese

Par Fredp @FredMyscreens

Un petit Martin Scorsese pour commencer l’année. Avec les Nerfs à Vif, le réalisateur la joue Alfred Hitchcock avec pour un thriller bien troussé qui donne encore un bon rôle à Robert De Niro et révèle Juliette Lewis.

Après le triomphe des Affranchis, Martin Scorsese va s’essayer à un autre type de film, le thriller. Pour cela, il se penche sur le projet qui était entre les mains de Steven Spielberg, un remake du film les Nerfs à Vif (film noir des années 60 qui voyait s’affronter Robert Mitchum et Gregory Peck). Cela faisait longtemps que Spielberg tentait de convaincre Scorsese de réaliser ce film et l’appui de Robert de Niro a fini de le convaincre. Il s’attelle donc rapidement à la mise en scène du film qui reprend la trame de l’original.

Après 14 ans passé en prison pour viol sur mineure, le criminel Max Cady est libéré et va maintenant chercher à se venger de celui qui aurait pu lui éviter ces années de galère : son avocat qui se la coule douce avec sa famille. S’engage alors un jeu du chat et de la souris qui ne pourra virer qu’au drame !

Evidemment, Robert De Niro ayant convaincu le réalisateur, il peut s’octroyer le rôle de Max Cady pour en faire un véritable monstre, musclé, tatoué, l’air d’être véritablement sorti de prison, l’acteur se donne comme d’habitude à fond pour incarné cet esprit de la vengeance qui vient tourmenter son avocat pour le faire culpabiliser. A ses côtés, forcément, Nick Nolte et Jessica Lange font pâle figure mais celle qui incarne leur fillle, Juliette Lewis, brille particulièrement, faisant de son personnage d’ado un peu rebelle, une lolita à deux doigts de craquer pour leur meurtrier dans un jeu de séduction assez glauque. Une belle révélation pour celle qui explosera ensuite dans Tueurs Nés qui confirmera qu’au cinéma, elle aime tomber amoureuse des très mauvais garçons.

Avec les Nerfs à Vif, Martin Scorsese s’autorise donc un pur exercice de style. Car celui qui est plutôt spécialiste du film de mafia mais qui n’hésite pas à s’illustrer dans d’autres genres à l’occasion, n’avait pas encore fait de thriller pur souche. Ici l’occasion est trop belle pour ne pas rendre hommage au film noir dans son ensemble. Ainsi, il rendra d’abord hommage au film original en donnant aux intérprètes du film original (Robert Mitchum, Gregory Peck et Martin Balsam) des petits rôles dans le film. Mais il fera également pleinement référence au maître du genre, à savoir Alfred Hitchcock. Que ce soit à travers certains plans de caméra qui auraient eu toute leur place dans le cinéma du maître du suspense, l’utilisation d’une femme blonde (même si elle n’aura pas un grand rôle), l’intérêt pour une certaine perversité (entre Cady et la fille de l’avocat) et surtout l’emploi Bernard Herrmann pour composer une musique particulièrement présente et stressante, mettant tout de suite dans l’ambiance d’un thriller grandiloquent.

Toutefois Martin Scorsese ne va pas se contenter de rendre hommage au film noir mais il va y apporter, avec le concours de son acteur fétiche, toute sa patte, à savoir une certaine violence que les réalisateurs de l’époque ne pouvaient se permettre. Le Nerfs à Vif fait ainsi monter la tension petit à petit à travers un portrait de plus en plus horrible du meurtrier Max Cady qui va aller jusqu’à mordre la joue de l’une de ses victimes dans une scène particulièrement marquante. Le film montre alors clairement la violence jusqu’à un final se déroulant en pleine tempête qui fait pleuvoir autant les vérités que les coups.

Pour un exercice dans le thriller, Scorsese se débrouille donc particulièrement bien et le film sera d’ailleurs chaudement accueilli à sa sortie, devenant un classique du genre pour les années 90. Mêmes les professionnels salueront le film en nommant Robert De Niro et Juliette Lewis aux oscars ! Après cela, le réalisateur sera de retour à son genre de prédilection pour une 8e collaboration avec De Niro dans Casino qui marquera encore plus les esprits.