Date de sortie 19 novembre 2014
Réalisé par Michael Sturminger
Avec John Malkovich, Veronica Ferres,
Mais aussi Florian Boesch, Miah Persson, Kate Lindsey, Anna Prohaska,
Barbara Hannigan , Kerstin Avemo, Topi Lehtipuu, Lola Naymark,
Victoria Guerra, Maria João Bastos, Christopher Purves, Tracy Ann Obermann
Et la participation spéciale de Fanny Ardant et Jonas Kaufmann
Genre Biopic, Drame, Musical
Production Portugaise, Française, Autrichienne, Allemande
Note du réalisateur, Michael Sturminger
"Viva la libertá !" C’est avec ce cri que Casanova/John Malkovich s’écroule sur scène au tout début du film. L’orchestre s’arrête de jouer, l’inquiétude règne, comédiens et techniciens prodiguent les premiers secours, un médecin sort du public pour proposer son aide, un gros plan de l’homme pris de convulsions est projeté en arrière-plan. Est-ce Casanova, le personnage, ou John Malkovich, l’interprète, qui a une attaque ? Mais une cantatrice déguisée en infirmière arrive et transforme la scène en Commedia dell’arte: le spectacle continue! On comprend que ce film prendra toutes les libertés dans le mélange des genres pour affirmer: tout est du Cinéma!
Le projet Casanova Variations m’occupe depuis plus de 3 ans. En version théâtre, (la pièce de théâtre musicale fût créée à Vienne en 2001) il visait déjà à dépasser les frontières du genre. La version film, Casanova Variations, que nous vous présentons est pour moi et mes partenaires artistiques l’aboutissement ultime de cette expérience hors du commun. Ce projet est un mélange de cinéma, musique, théâtre, littérature et histoire qui pille les plus grands chefs-d’oeuvre de l’opéra – à savoir Le nozze di Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte - ainsi que le trésor immense que Giacomo Casanova nous a légué avec son manuscrit autobiographique de 5000 pages.
Giacomo Casanova utilisa de nombreux pseudonymes, le plus fréquent étant le chevalier de Seingalt .
Mémoires de J. Casanova de Seingalt, écrits par lui-même ... Cliquez ICI
Le lien entre Casanova, Mozart et Lorenzo Da Ponte est évident dans la mesure où, non seulement ils se connaissaient, mais ils vivaient chacun en homme libre et artiste indépendant. Sans ressources stables, l’insécurité existentielle était leur quotidien, pourtant ils se sentaient à égalité avec l’aristocratie. En effet, bien qu’ils ne soient pas issus de la noblesse, ils revendiquaient leur totale liberté. Quand, vers le milieu du film, Giacomo s’insurge contre les aristocrates, menaçant d’ôter la vie à ceux qui lui manqueraient de respect, on saisit combien cet homme fut précurseur, annonçant la nouvelle ère.
Le scénario fait de la liberté un véritable leitmotiv.
En tant que réalisateur, j’ai voulu imprimer cette revendication à la liberté sur la structure du film. D’où mon désir de changer sans cesse de genre et de transposer des oeuvres canonisées dans un autre contexte, de les employer comme matériaux sous une nouvelle forme. Nous allons capter du Théâtre pour le Cinéma d’une manière presque documentaire, pour renforcer l’impression que tout se passe à l’instant, que rien n’est mis en scène, que c’est la vraie vie qui regarde la scène depuis les coulisses.
Pourtant, nous serons dans le jeu. Nous vivrons en un temps concentré des événements qui se sont étalés sur sept décennies, reconstitués à partir de souvenirs restitués ou inventés. Les chanteurs se mêleront aux acteurs, les décors du théâtre façonneront, les costumes transformeront, les voix enchanteront et, par-dessus tout, sonnera la musique la plus légère, la plus profonde, la plus intelligible qui soit. Et, sans transition perceptible, nous nous retrouverons complètement ailleurs, au XVIIIème siècle, dans un Château de Bohême, où nous assistons à la rencontre d’Elisa et de Giacomo.
Depuis sa création en Autriche, The Giacomo Variations fait le tour du monde en Australie, Allemagne, Canada, Finlande, Luxembourg, Russie et même en France au château de Versailles, enthousiasmant le public à chaque fois par son intelligence et sa séduction artistique. La fluidité des insertions musicales est la qualité première de cet "opéra de chambre" plein d’esprit et de lyrisme. La puissance visuelle du cinéma devrait amplifier l’impact émotionnel de la musique de Mozart dans l’écrin baroque de l’opéra de Lisbonne.
Veronica Ferres et John Malkovich
Synopsis
Giacomo Casanova (John Malkovich) a accepté la proposition du duc de Waldstein (Topi Lehtipuu) : il est bibliothécaire du château de Dux, en Bohême.
En fin de vie, il s’est mis à y écrire ses Mémoires.
C’est là qu’il reçoit la visite d’Elisa von der Recke (Veronica Ferres), qui s’intéresse de près à son manuscrit. Casanova ne reconnaît pas dans les traits de cette femme pleine de charme une jeune fille qu’il avait séduite jadis et qui avait voulu mourir pour lui.
Pour le fameux libertin, l’arrivée d’Elisa est à la fois stimulante, l’occasion de se lancer un nouveau défi (celui de la conquérir), et menaçante (il s’interroge sur la motivation de la voyageuse). Vient-elle pour se faire confier le texte et le publier ?
Est-elle poussée par la curiosité, inquiète de ce qu’il a pu livrer de leur liaison ? A-t-elle l’intention de lire le texte convoité afin de s’en inspirer pour écrire elle-même une biographie à charge,
comme elle le fit pour Cagliostro dans un ouvrage ayant rencontré un réel succès ? Elisa suscite à la fois chez son hôte un sursaut de vie insouciant et la lassitude lucide d’un corps fatigué qui craint la mort.
Hymne à la liberté et à toutes les facéties, le film use de plusieurs modes d’expression artistiques en abîmes pour évoquer le symbole de l’hédonisme : cinéma, théâtre, opéra, musique, littérature. Aux extraits d’opéras de Mozart ou des "Mémoires d’une vie" se mêlent la représentation d’un spectacle, ses jeux de scène en trompe l’oeil, ses coulisses et les discussions captées durant l’entracte, John Malkovich incarnant à la fois l’interprète de Casanova (cet acteur né, expert en mensonge) et l’orchestrateur d’une troupe de comédiens et chanteurs enjoués. Cette remontée endiablée du temps passé ressuscite la vierge Caterina (Anna Prohaska) qui se découvre enceinte des oeuvres de Casanova alors qu’elle se morfond au couvent, ou Leonilda (Kerstin Avemo) assumant de se donner à celui dont elle vient de découvrir qu’il était son père…..
Jonas Kaufmann dans le rôle de Branicki.
Jonas Kaufmann est l’un des chanteurs les plus brillants de sa génération. Considéré comme le "Roi des Ténors", comme certains aiment l’appeler, son talent lui a permis de se construire un répertoire qui s’étend du bel canto à Verdi, Puccini et Wagner.
Jonas Kaufmann est né à Munich. Il fait ses débuts au Royal Opera House de Londres en 2004 avec La Rondine. C’est en 2006 qu’il se produit sur la scène qui fait rêver tous les chanteurs d’opéra, celle du Metropolitan Opera de New York, où il est éblouissant dans son interprétation d’Alfredo dans La Traviata.
Il fait ensuite des apparitions fréquentes et acclamées des deux côtés de l’Atlantique, de l’Opéra National de Paris, à la Scala de Milan, au Vienna State Opéra, en passant par le Gran teatre del Liceu à Barcelone, à la Philharmonie de Berlin et à l’Opernhaus de Zurich. En 2010, il se produit au Festival de Bayreuth, l’un des plus importants au monde, dans Lohengrin, mis en scène par Hans Neuenfels.
John Malkovich et Jonas Kaufmann
Le dévouement dont Jonas Kaufmann fait preuve envers ses personnages, dans un rigoureux processus d’immersion, a renforcé l’admiration du public et des critiques, notamment à travers ses interprétations inoubliables de Siegmund dans Die Walküre et de Faust, toutes deux sur la scène du Metropolitan Opera House, et retransmises en direct à travers le monde. En 2011, Jonas Kaufmann gagne le très convoité "Opera News Award" à New York, qui récompense "son intensité et son élégance, la douceur de sa voix et son langage corporel" qui "combinés à sa musicalité, en font la véritable définition d’une star de l’opéra du 21ème siècle". Il est également le premier chanteur d’opéra, depuis Luciano Pavarotti en 1994, à donner un récital solo au Metropolitan Opera. Il a été fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le ministre français de la culture Frédéric Mitterrand.
Jonas Kaufmann a été filmé en août dernier sur la scène du Théâtre National de Sao Carlos de Lisbonne. Il a enregistré quelques arias, notamment ceux de Così fan tutte avec Florian Boesch (basse), Topi Lehtipuu (ténor), Miah Persson (soprano) et Barbara Hannigan (soprano).
L’aisance naturelle et le talent dramatique de Jonas Kaufmann face à John Malkovich incarnant le célèbre Vénitien sont les atouts de ce choix artistique d’une grande évidence.
Casanova au Cinéma
Le rôle de Casanova est réservé aux séducteurs. On n’imagine pas le faire interpréter par un acteur qui laisse les femmes insensibles.
Le premier à s’être prêté au jeu fut Ivan Mosjoukine, tombeur à la ville, qui teinta sa prestation d’autodérision, intrépide et drôle, dans le Casanova d’Alexandre Volkoff, tourné en France en 1926. Muet, fidèle aux "Mémoires", osant insérer dans l’épopée en noir et blanc une séquence de carnaval colorée au pochoir et une licencieuse danse des épées en ombres chinoises bleutées, le film du cinéaste d’origine russe fait caracoler le charmeur aux robes de chambre brodées et costumes à dentelles d’alcôves en duels, de Venise à la cour de Catherine II où il s’était réfugié, se faisant passer pour un couturier français, pour échapper à un procès en sorcellerie.
Le tournage du film, entre août à décembre 1926, s'est déroulé aux studios de Billancourt, Boulogne et Epinay. En décors naturels, aussi, dans les villes de Strasbourg et Grenoble.
Grâce à Henri Langlois, une bobine du film (celle coloriée au pochoir de la séquence du Carnaval) et des morceaux de négatif originaux dormaient dans les réserves de la Cinémathèque française. La grande monteuse Renée Lichtig, appelée à la Cinémathèque par Jean Rouch pour y créer un service de restauration de films au début des années 1980, exhuma ces éléments. Passionnée par Mosjoukine et par l’aventure des Russes de Montreuil, elle entreprit de redonner vie à l’œuvre de Volkoff. Elle mena son enquête dans les autres cinémathèques, et put obtenir des éléments, tous incomplets, de Casanova à la Cinémathèque de Prague et à celle de Rome. Avec l’ensemble du matériel ainsi rassemblé, elle entreprit une reconstruction du film en s’inspirant d’un exemplaire de sa novellisation illustrée parue aux éditions Tallandier.
Les éléments négatifs, en morceau, conservés par la Cinémathèque étaient en fait les deux négatifs originaux, le négatif A, destiné à la version française, le négatif B, à l’exploitation internationale. Le négatif B était le plus complet, mais les intertitres montés sur le film étaient en anglais. Renée Lichtig, de son propre aveu, décida de restaurer la version française. Elle reconstitua donc les intertitres français, et fit composer et réaliser de nouveaux cartons. Les teintes d’origine furent réintroduites par le laboratoire et la copie positive coloriée au pochoir fut intégrée au montage.
Informations relévées sur cinematheque.fr
Les aventures de Casanova de Jean Boyer réalisé en 1947 est tourné en deux époques , Les Chevaliers de l’aventure et Les Mirages de l’enfer, sur le même tempo de cape et d’épée, avec un handicap : ensorcelé par une danseuse d’opéra, le héros a les traits du chanteur d’opérette Georges Guétary, célèbre pour sa Belle de Cadix.
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"J’ai essayé de mettre en scène un héros intelligent", disait Riccardo Freda à propos du héros du Chevalier Mystérieux réalisé en 1948, dont il se sentait proche : "La renommée de Casanova a été entachée par un donjuanisme frénétique. Il a toujours été victime de son tempérament sensuel et c’est peut-être ce qui me touche car j’ai vécu des mésaventures semblables". Le Casanova de Freda est moins intrigant et débauché qu’espion et justicier. En dépit de sa réputation d’individualiste, il traverse l’Europe pour sortir son frère de prison et lui éviter un châtiment terrible. Freda honore le voyageur européen, l’homme né sous le signe d’Eros et guetté par la mort. Son comédien ? Un complice, un débutant nommé Vittorio Gassman. Les deux hommes s’entendaient à merveille, mais leurs mémoires prirent des chemins divers. Freda garde le souvenir d’un "tournage de rêve", Gassman reniera cette prestation en écrivant que c’était le seul film qu’il regrettait de sa carrière. Le chevalier mystérieux reste l’un des films préférés de Freda, fier d’avoir mêlé "les genres, l’intrigue, l’humour libertin et désenchanté du Siècle des lumières, le drame…".
Casanova, un adolescent à Venise de Luigi Comencini réalisé en 1969 adapte les cinq premiers chapitres des "Mémoires", relatant les apprentissages du vénitien de 8 à 18 ans. Fils de comédiens pauvres, dorloté par sa grand-mère, éduqué par un prêtre intransigeant, le jeune Giacomo découvre un monde où tout est simulacre, passe de l’âge malin à l’âge malicieux.
L’une des qualités du film est de nous montrer moeurs, coutumes et rapports sociaux, la vie quotidienne dans la cité des Doges au XVIIIème siècle.
Dans la ville des amours masquées, tout est spectacle, illusion. Aristocrates, sorcières, acrobates, arracheurs de dents, prélats, médecins, charlatans, courtisanes ou filles de couvent : tous mettent en scène leurs entrées et sorties, jouent la comédie des apparences.
Le Casanova de Federico Fellini en 1976 est né d’un défi. Le cinéaste avait signé un contrat avec le producteur Dino de Laurentiis, en lançant un nom au hasard : Casanova, dont il n’avait jamais lu les "Mémoires". Lorsqu’il doit honorer son contrat, Federico Fellini se rend compte qu’il n’aime ni l’époque "siècle de merde !", ni le livre "un pensum, pire que l’annuaire du téléphone", qu’il trouve le personnage antipathique "le mâle italien dans sa version la plus triste, un lâche, un fasciste". Son Casanova sera le portrait d’un monstre, vaniteux, égoïste et décadent, un robot rompu à la mécanique du coït, mannequin blafard dans un univers mortifère. Donald Sutherland prête son visage à ce bouffon, avec un front monumental, des sourcils épilés, des faux nez et faux mentons.
C’est également un Casanova décati, malade de la goutte, presque gâteux, que peint Ettore Scola dans La nuit de Varennes qu'il réalisé en 1982, symbole égrotant d’une civilisation qui agonise, et que Marcello Mastroianni joue en aristo-clodo, ultra maquillé aux lèvres rouges, masque de clown déchu avec mouches, perruque vacillante sur crâne dégarni.
Il y a peu à dire de Treize femmes pour Casanova de Franz Antel en 1977, où un voleur échappé de prison se fait passer pour Casanova, et où se côtoient Tony Curtis, dans le rôle de l’imposteur, Marisa Berenson, Jean Lefebvre et Gérard Jugnot.
Inspiré d’un texte d’Arthur Schnitzler, Le Retour de Casanova d’Edouard Niermans réalisé en 1992 un Casanova vieillissant, Alain Delon, grisonnant quand il ôte sa perruque, fauché, se piquant de séduire une jeunette, rôle tenu par Elsa Lunghini.
"Au festival de Cannes 1991, les simagrées de M. Delon arpentant la Croisette en se prenant toujours pour une "star" (c'était écrit sur son badge, avec humour, paraît-il) firent du tort à son Casanova sur le retour. Sans atteindre au chef-d'oeuvre viscontien que le sujet laissait espérer, le film, un peu terne, est honorable. C'est qu'il y a toujours quelque chose de poignant à voir s'éteindre les feux de la jeunesse, de la séduction, donc de l'amour. De cet ancien projet pour Mastroianni, qui, dans La Nuit de Varennes, cernait infiniment mieux le personnage que ne le fait ici l'acteur principal, paralysé à l'idée de devoir jouer un homme vieillissant..." écrivait Michel Grisolia, le 15/12/1994 pour lexpress.fr
Cantonné à Venise, joliment troussé, le Casanova de Lasse Hallström en 2005 fait la part belle aux stratégies de séduction et déguisements, pour souligner combien le plus rusé des conquérants peut se faire prendre au piège de l’amour.
Mort à 28 ans trois ans plus tard, l’acteur australien Heath Ledger fait le job.
La même année, la Britannique Sheree Folkson tourne un Casanova interprété par David Tennant, aux côtés de Peter O’Toole et de David Tenant pour la télévision.
Albert Serra est un auteur radical qui décape les mythes. Après Don Quichotte et les Rois mages, il confronte Casanova à Dracula dans Histoire de ma mort réalisé en 2013, de Venise aux Carpathes. Casanova n’y poursuit pas tant sa satisfaction personnelle que sa propension à donner du plaisir aux femmes, lesquelles prennent un certain plaisir à se faire mordre par le vampire, qui lui, incarne la jouissance du mal.
Jean-Luc Douin pour http://www.unifrance.org.
Les Mémoires de Casanova
Né à Venise en 1725, fils de comédiens, étudiant en droit à Padoue, renvoyé du séminaire, voyageur, violoniste, érudit, charlatan, escroc, espion, bretteur, exorciste, poète, Giacomo Girolamo Casanova (qui s’attribua lui-même le titre de chevalier de Seingalt) commença à écrire le récit de ses aventures à la fin des années 1780. Rédigé en français, "Histoire de ma vie" fut légué après sa mort survenue en 1798 à son neveu (sans doute pour que le texte reste dans les archives de la famille). Ces 4000 pages furent vendues en 1820 à l’éditeur allemand Brockhaus, qui en publia en 1824 une version en allemand abrégée et expurgée, mise à l’index à Rome. Due à Jean Laforgue, la version française fut elle aussi altérée, l’éditeur privilégiant les exploits libertins de l’auteur. Musset et Stendhal comptèrent parmi les admirateurs du livre, l’auteur de "La Chartreuse de Parme" étant même soupçonné d’en être le véritable auteur. En 1960 parut une édition originale, mais il faut attendre 2013 pour lire une version complète, fidèle au manuscrit autographe original qui avait été acquis par la Bibliothèque Nationale de France en 2010.
Hymne à la liberté "J’ai aimé les femmes à la folie mais je leur ai toujours préféré ma liberté", document subversif, "Histoire de ma vie" constitue selon Philippe Sollers "un des plus beaux romans de tous les temps, racontant une performance alchimique dont chacun rêve mais que peu atteignent : faire de sa vie un roman". Historiens et universitaires y découvrirent un récit fidèle des événements qui surgirent dans l’Europe du XVIIIème siècle, une fresque d’un monde du divertissement généralisé, dominé par l’argent, une peinture de la vie quotidienne au temps des Lumières.
Pour l’écrivain Blaise Cendrars qui avait rêvé de publier lui-même le manuscrit intégral en 1919, ce livre constitue une "véritable Encyclopédie du siècle". Dans la préface de "La Fin du monde filmée par l’ange N.D", il vante les Mémoires de "ce grand vivant de Casanova qui connaissait tout le monde, les gens et les choses, et la façon de vivre de toutes les classes de la société dans les pays d’Europe, et la route et les hostelleries, les bordels, les tripots, les chambrières, les filles de banquiers, et l’impératrice de Russie pour qui il avait fait un calendrier, et la reine de France qu’il avait interviewée, et les comédiennes et les chanteuses d’opéra… " ; Casanova, "qui passait aux yeux de la police pour un escroc dangereux et dans les salons pour un beau joueur ou un sorcier, le brillant chevalier de Seingalt, chevalier d’industrie, qui fréquentait les ouvriers, les artisans, les brodeuses, les marchandes à la toilette, le petit peuple des rues, cochers et porteurs d’eau, avec qui il était à tu et à toi comme avec le prince de Ligne, comme avec le prince de Salmour qui se mourait d’impatience pour avoir la suite de ses Mémoires alors que ses Mémoires n’étaient pas encore publiées mais circulaient sous le manteau et par courriers rapides… ».
(Euvres complètes, tome 7, Denoël, 2003)
Mon opinion
Pari fou, osé, voire déraisonnable. À moitié réussi, alors que tout laissait envisager un grand et beau film. Dommage.
Le réalisateur nous entraîne entre théâtre, opéra et cinéma qui se mêlent ici dans une profusion de costumes et décors magnifiques. Il s'y perd. La photographie ne reflète pas toujours l'ambiance du décor choisi. La réalisation souffre d'un manque de précision que le scénario imposait.
Quelques éclats de la musique de Mozart avec Don Giovanni, Les Noces de Figaro ou encore Cosi Fan tutte raniment un semblant d'intérêt dans une débauche de scènes plus ou moins flamboyantes mais qui finissent par lasser.
Entre la pénombre des coulisses poussiéreuses, la scène et ses décors violemment éclairés devant une salle magnifique, une certaine magie opère.
Fanny Ardant, dans sa courte apparition feint le malaise avec grâce. Jonas Kaufmann, arrive à attirer l'attention, dans une participation tout aussi brève.
John Malkovich, enfin, s'amuse et en fait des tonnes. Beaucoup trop. Mais quel talent !
Sources :
http://www.unifrance.org
http://www.imdb.com