« Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort… »
« Anna Kendrick contre le reste du monde dans une comédie musicale amorphe. »
Comédie musicale que l’on doit à Stephen Sondheim et James Lapine, Into the Woods connaît un véritable triomphe depuis maintenant 28 ans à Broadway, mais également dans diverses villes et pays où la pièce fût reprise. Alors que le cinéma peine à se renouveler et que les films mis en avant par les plus grands distributeurs internationaux sont en grande partie des remakes, reboots ou autres adaptations, il fallait s’attendre à voir cette célèbre comédie musicale faire son apparition au cinéma. Grâce à Rob Marshall et à l’amour qu’il porte aux comédies musicales, c’est maintenant chose faite et Into the Woods est proposé dans le monde entier non plus sur les planches, mais sur grand écran avec une pléiade de stars. Deux ans après le succès retentissant de la comédie musicale Les Misérables lors de diverses cérémonies de récompenses dont les Oscars, Into the Woods, Promenons-nous dans les bois aimerait faire son petit bout de chemin vers une belle statuette. Mais au-delà de la course à la statuette, cette comédie musicale possède-t-elle un véritable sens et des qualités cinématographiques qui pourraient lui permettre d’acquérir une belle réputation pour qu’elle puisse concourir dans la cour des grands avec dignité ? Rien n’est moins sûr.
Into the Woods, Promenons-nous dans les bois, entrelace les intrigues de plusieurs contes de Grimm bien connus, notamment grâce à leurs reprises par Disney, autour d’un couple de boulanger dont le vœu le plus cher est d’avoir un enfant. Malheureusement pour avoir cet enfant, ils vont devoir conjurer le sort qui leur a été lancé par une méchante sorcière. Durant cette périlleuse quête, le chemin de ce couple va croiser plusieurs héroïnes telles que Cendrillon, le Petit Chaperon Rouge, Jack et le Haricot Magique, ainsi que Raiponce, mais également les personnages secondaires qui faisaient vivre leurs intrigues respectives. Débutants chacun de leur côté, les différents protagonistes vont petit à petit se réunir au cœur de cette forêt maléfique où tout peut arriver. De cette manière, Into the Woods, Promenons-nous dans les bois ressemble à un puzzle ayant pour thème Disney et ses héros ou plus spécifiquement à un jeu vidéo dans lequel il serait demandé au joueur d’aller à l’encontre de chaque personnage afin de récupérer un objet, lui permettant d’accéder au second niveau et donc à un autre personnage iconique. Incohérent à souhait et n’ayant comme seul point de rencontre une forêt, prétexte à tout, mais avant tout au n’importe quoi, le long-métrage repose sur un scénario infantile dont les points d’orgue sont des rencontres inopportunes et téléphonées.
Les situations et rencontres s’enchaînent avec comme simples raccords visuel, la forêt, ce qui est d’une facilité aberrante même pour un film se destinant aux plus jeunes. Au cœur de ce scénario, aucun personnage n’arrive correctement à s’extraire et à offrir davantage que l’image et les clichés du conte dont ils sortent respectivement. Cendrillon et le fameux bal, Raiponce dans sa tour accessible uniquement par le biais de sa longue chevelure, le Petit Chaperon Rouge et le grand méchant loup… tous ces personnages sont facilement identifiables, mais ne font pas office d’une relecture ou d’une ré-interprétation. Leurs images sont utilisées pour vendre un produit avec facilité. Néanmoins, quelques ajustements sont effectués dans chaque conte afin qu’ils puissent se rejoindre un à un, mais cet ajout n’est qu’un élément parmi tant d’autres, un simple élément dont le but et de faire en sorte que le film possède un rythme entraînant à l’image de ses musiques. Sur ce point, Into the Woods, Promenons-nous dans les bois est une comédie musicale réussie, car même si les mélodies sont assommantes et les paroles toujours à la limite du ridicule, le montage supervisé par Wyatt Smith permet au film d’avoir un rythme de croisière qui s’adapte au rythme respectif des chansons interprétées de manière intra-diégétique.
De ce fait, le premier acte du long-métrage repose sur un montage alterné, permettant au spectateur de voir évolué chaque personnage les uns après les autres, avant la scène finale de l’acte durant laquelle chaque arc narratif et donc chaque personnage vont se rejoindre dans un seul et même lieu. C’est pour le coup une idée astucieuse, car elle rythme le film et lui permet de ne pas devoir céder au film à sketchs, tel que ça aura pu l’être. À l’image de sa version de Broadway, le long-métrage est scindé en deux parties. Alors que la première partie repose sur une ré-utilisation conventionnelle des contes de Grimm, la seconde prend le parti de mettre leshéros de contes face aux malheurs qu’ils ont pu provoqué en cherchant à tout prix leur bonheur. Beaucoup plus sombre, ce deuxième acte s’avère moins prévisible dans ses rebondissements, car non inspiré d’un des contes. Restant néanmoins manichéen dans la caractérisation des personnages et archaïque dans le placement des différents rebondissements, cet acte a le mérite de tenter quelque chose de nouveau et de s’inscrire dans la lignée des films modernes qui se veulent toujours plus sombre à l’instar des adaptations de chez Disney qui étaient souvent utopiques, car dédiées à un public mineur. Un deuxième acte surprenant dans le bon sens du terme, car il ose chercher le renouvellement, même s’il reste limité émotionnellement parlant à cause d’un premier actebrouillon et trop riche dans son panel de personnages afin d’espérer permettre un attachement plus poussé envers un ou plusieurs protagonistes.
Conventionnel et sans surprise dans l’utilisation des différents contes de Grimm qui sont une fois de plus édulcorés afin de permettre au film d’avoir une visibilité toujours plus grande, Into the Woods, Promenons-nous dans les bois reste, pour les amateurs de comédies musicales, un film qui reprend à la ligne prêt le script de la comédie musicale dont il est l’adaptation. Enfantin et assommant dans sa première partie, le long-métrage se révèle au bout d’une heure avec un deuxième acte plus sombre et percutant, mais ne rehausse pas le niveau émotionnel global à cause d’un récit encombré par un trop-plein d’arcs narratifs et d’acteurs qui ne sont tout simplement pas chanteur pour une grande partie. Alors qu’Anna Kendrick à une belle voix et réussi à faire passer une once d’émotion au travers de quelques notes, les autres acteurs peines à s’ouvrir et à faire passer de l’émotion par le chant. Être acteur ne signifie pas être chanteur et l’inverse est également vrai. De ce fait et ce, malgré une seconde partie pleine de bonne volonté et une direction artistique qui permet au film de s’octroyer une identité visuelle, le spectateur reste spectateur et ce qui aurait pu être divertissant ou même touchant devient insignifiant.