Des fois, on voit des films et on n’a pas le temps d’écrire dessus … ou pas trop l’envie parce qu’il n’y a pas non plus grand chose à dire. Voilà donc en vrac quelques rapides avis sur Invincible, Foxcatcher, l’Interview qui tue et Frank.
Pour son 2e film, Invincible, Angelina Jolie adapte à l’écran une histoire vraie, celle d’un athlète qui a été fait prisonnier des japonnais pendant la guerre. Un récit plutôt classique et avec assez peu d’originalité (oui, on a déjà vu ce genre d’histoire maintes fois, avec toutes les guerres) avec ce qu’il faut d’académisme et de linéarité pour ne pas s’embrouiller. Cependant, derrière cette façade, on sent chez la réalisatrice une véritable sincérité dans son projet et cela transparait dans cette histoire forte, qui ne fait pas dans la démonstration ni dans le trop plein de bons sentiments. Avec l’appui d’un Jack O’Connell qui n’en fini pas de se révéler après les Poings contre les Murs, elle nous offre un formidable récit de survie qui sera forcément émouvant mais sans trop en faire, avec beaucoup de justesse et de respect, à la fois pour son survivant et pour son sujet délicat. Sans être un chef d’oeuvre ou la révélation d’une grande réalisation, c’est tout de même un film fort et en même temps assez personnel à voir.
Dans Foxcatcher, le réalisateur de Truman Capote et Le Stratège s’attaque à un fait divers des années 80 qui révèle toute une face malsaine de l’Amérique fortunée. Il s’agit ici de l’histoire d’un lutteur embauché par un riche héritier qui souhaite l’envoyer aux JO afin de ramener une médaille à la nation. Dès lors, une relation étrange naît entre les 2 hommes qui va mettre notre lutteur mutique dans une position inconfortable. Le sujet est intéressant et les personnages également, que ce soit ce riche héritier patriotique désirant montrer qu’il peut faire quelque chose de sa vie (Steve Carell en contre-emploi total qui en fait peut-être un peu trop derrière le maquillage), ou ce lutteur désirant s’affranchir de son frère sans y arriver (Channing Tatum et Mark Ruffalo, très bons).
Cependant, le parti pris de mise en scène sera aussi déroutant et fascinant que rempli de longueurs. Le réalisateur a en effet l’audace de filmer les silences, la masse des corps immobiles ou luttant et cela donne parfois l’impression d’un ennui total (en particulier sur la première partie) avec une atmosphère pesante qu’il ne sera pas facile d’apprécier. Mais on peut aussi comprendre ce parti pris pour ce film audacieux et brumeux qui mérite bien sa place aux oscars (contrairement à d’autres films). En tout cas, il a de quoi nous faire réfléchir sur certains secrets du rêve américain détourné par des esprits malades.
Avec le piratage de Sony, l’Interview qui tue a bien fait parler de lui, soi disant pour son sujet polémique puisqu’il y est question de 2 journalistes bas de gamme partant interviewer le dictateur de la Corée du Nord Kim Jong Un avec pour mission de le tuer. Mais c’est oublié que le film a été écrit et réalisé par Seth Rogen et son pote Evan Goldberg. Il n’y aura donc finalement que très peu de polémique à prévoir et surtout une poignée de gags grossiers forcés et majoritairement portés en dessous de la ceinture. Le film porté par un James Franco qui en fait des caisses dans son rôle de journaliste débile qui se lie d’amitié avec le dictateur avant de se sentir trahi n’est donc qu’un vulgaire truc potache sans grand intérêt qui ne méritait pas autant d’attention.
Dans la série des petits films indépendants qui peuvent attirer un bon capital sympathie pour commencer l’année, il y a Frank. Le film reprend l’histoire vraie d’un leader d’un groupe de musique barrée qui vit en permanence sous une grosse tête en carton. Vu à travers les yeux d’un petit jeune qui voudrait faire ses armes dans le groupe, le film nous entraîne ainsi dans un petit délire créatif avec des personnages complexes et attachants qui n’ont pas tous la même vision de la musique mais se laissent diriger par leur mystérieux et charismatique leader (toujours impeccable Michael Fassbender) à travers l’Angleterre. A la fois drôlement absurde et dramatiquement touchant, le film navigue entre différents états d’esprits à l’instar de son personnage principal un peu sschizophrène Il en résulte un film atypique à l’univers indé et bobo attachant qui en embarquera certainement certains.